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« En 2010, les Français jouaient par devoir, il n’y avait pas d’étincelle »

Par Thomas Goubin
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Il y a dix ans, la défaite de la France face au Mexique lors du deuxième match de poule de la Coupe du monde assombrissait l’avenir des Bleus dans la compétition. Outre l’échec sportif, la sélection aztèque était aux premières loges pour assister au naufrage humain et collectif de la bande à Raymond. Table ronde.

Le casting

Ricardo Osorio, V.f.B Stuttgart, arrière droit Nestor de la Torre, directeur des sélections nationales Mario Carrillo, adjoint de Javier Aguirre en charge de la tactique
On l’a abordé comme un match qui pourrait nous ouvrir les portes des 8es de finale, et qui pourrait aussi représenter un tournant psychologique, car on n’avait jamais battu une sélection championne du monde en compétition officielle.

Étiez-vous au courant des conflits au sein des Bleus ?Nestor de la Torre : Il y avait beaucoup de bruits à propos de ces conflits. On savait que c’était une équipe où ne régnait pas l’harmonie, où les décisions du sélectionneur étaient contestées. Dans la presse, on disait aussi que Domenech se basait sur les astres pour faire ses équipes. Quoi qu’il en soit, dans notre préparation, on s’est concentré sur ce que nous avions à faire, car c’était un match capital pour nous. On l’a abordé comme un match qui pourrait nous ouvrir les portes des 8es de finale, et qui pourrait aussi représenter un tournant psychologique, car on n’avait jamais battu une sélection championne du monde en compétition officielle. En préparation, on avait tout de même battu l’Italie (2-1), cela nous avait donné confiance en notre capacité à faire un grand match face aux Bleus.

Je connaissais bien Ribéry, car je disputais beaucoup de un-contre-un face à lui en Bundesliga. C’était le joueur que je préférais affronter. Mais là, ce n’était pas le Ribéry que je connaissais.

Quel était votre plan ?Mario Carrillo : Notre plan était clair. Derrière, notre pièce maîtresse était Rafa Márquez, qui était milieu défensif sur le papier, mais qui transformait notre ligne défensive de quatre en ligne de cinq quand Ribéry ou Anelka prenaient la profondeur. Avec Rafa en libéro avancé, la charnière composée de Maza Rodríguez et Héctor Moreno était mieux protégée, car la vitesse n’est pas leur qualité principale. D’ailleurs on a été surpris et presque soulagés de constater que Henry ne jouait pas. Je pense que cela nous a aidés et que ça nous a aussi donné davantage d’espoir. Sur les côtés, Osorio devait annuler Malouda et Salcido se chargeait de Govou.Ricardo Osorio : Sur le papier, c’était pourtant une bonne équipe. Henry-Ribéry-Anelka, ce n’est pas n’importe quoi, même si le premier n’a pas joué. Je connaissais d’ailleurs bien Ribéry, car je disputais beaucoup de un-contre-un face à lui en Bundesliga. C’était le joueur que je préférais affronter, car il était hyperactif et toujours capable de coups de génie. C’était un défi, c’était motivant, mais ce jour-là, il ne nous a pas vraiment posé de problèmes. Ce n’était pas le Ribéry que je connaissais.

Je me rappelle d’abord avoir été étonné de voir que Thierry Henry n’était pas aligné. En première mi-temps, la France a légèrement dominé, mais elle n’était pas dangereuse, et cela nous a donné confiance.

Et le match alors ?Nestor de la Torre : Je l’ai vu depuis les tribunes. Je me rappelle d’abord avoir été étonné de voir que Thierry Henry n’était pas aligné. En première mi-temps, la France a légèrement dominé, mais elle n’était pas dangereuse, et cela nous a donné confiance. D’ailleurs, les changements de Javier ont été offensifs et payants, puisque les deux entrants, Chicharito et Cuauhtémoc, ont marqué.Mario Carrillo : Nos joueurs devaient jouer dans le dos des milieux, attirer la défense centrale pour qu’elle sorte haut, car Gallas et Abidal n’étaient pas à l’aise dans ce registre. Ce n’est pas l’essence du jeu mexicain, où on multiplie souvent les échanges pour progresser sur le terrain, mais c’était notre plan. On voulait user la défense et le milieu français, avant de réaliser nos changements en deuxième mi-temps : on a fait entrer Chicharito à la place d’Efraín Juarez, toujours en 4-3-3. Il devait profiter de sa vitesse face à des défenseurs usés, ce qui a mené au premier but. Puis Cuauhtémoc Blanco a remplacé Guillermo Franco. En première mi-temps déjà, Carlos Vela s’était blessé, et Pablo Barrera avait pris sa place : c’est lui qui prendra de vitesse Abidal pour obtenir le penalty transformé par Blanco. On avait planifié cela depuis le match amical face à l’Italie : entrée de Cuauhtémoc pour attirer Gallas et Abidal, et Chicharito qui prendrait la profondeur.

La France manquait clairement de détermination. Il y a des équipes avec des problèmes de discipline, mais là on a senti un mal-être total chez nos adversaires.

Qu’est-ce qui a fait la différence ? Ricardo Osorio : Ces matchs-là, ça se joue sur la concentration, et la France a commis deux erreurs, sur le hors-jeu mal joué quand Chicharito part en profondeur et sur le penalty. Anelka ? Je n’ai pas de souvenir particulier. Je me souviens simplement que Gignac l’a remplacé, car il est venu jouer au Mexique par la suite.Nestor de la Torre : La France manquait clairement de détermination. Il y a des équipes avec des problèmes de discipline, mais là on a senti un mal-être total chez nos adversaires. Nous, on a profité de l’opportunité, comme il faut savoir le faire dans ce genre de tournois.Ricardo Osorio : On avait rencontré la France avant le mondial 2006 (0-1 au Stade de France). C’était la France de Zidane : c’était le leader sur le terrain et toute l’équipe était impliquée. Mais quatre ans plus tard, ce n’était plus la même France : on savait qu’il y avait des conflits, et sur le terrain, c’était une équipe divisée. Ils jouaient par devoir, il n’y avait pas d’étincelle, de plaisir.

Avec le recul, le contexte français rend moins méritoire notre victoire, alors que sur le moment, c’était une grande performance, puisqu’on battait un grand d’Europe.

Qu’est-ce que vous a apporté cette victoire ?Mario Carrillo : Cette victoire a été très importante pour nous, car on luttait contre nos fantômes, contre cette incapacité à gagner face à des ténors mondiaux. Pour cela, il fallait être meilleur en matière de stratégie et être très généreux, car en talent individuel, on ne peut rivaliser avec la France. Notre plan a fonctionné, mais on a affronté une équipe sans idée directrice. La France de Platini avait une idée directrice, celle de Zidane aussi, là on ne saisissait pas à quoi elle jouait. Ricardo Osorio: Quand on a appris la grève, on était scié, car des conflits il y en a dans toutes les équipes, mais pas à ce point. Finalement, ça ressemble à la victoire du Mexique sur l’Allemagne en 2018 (1-0). Si l’équipe que tu bas ne passe pas le premier tour, ça ne peut que minorer ta performance. D’ailleurs, avec le recul, le contexte français rend moins méritoire notre victoire, alors que sur le moment, c’était une grande performance, puisqu’on battait un grand d’Europe. Moi, j’aurais préféré jouer contre la grande France. Comme en 2006.

Dans cet article :
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Par Thomas Goubin

Retrouvez un grand format du témoignage des adversaires des Bleus dans le SoFoot #177 du mois de juin.

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