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Eli Kroupi : « Junior est plus tueur que moi »

Propos recueillis par Alexandre Plumey

Après avoir joué ses premières minutes en Ligue 1 en fin de saison dernière, Eli Kroupi Junior, 17 ans, commence à se faire un nom à Lorient, où son papa, Eli Kroupi, l'avait déjà bien popularisé de 1999 à 2004. L'ancien attaquant analyse les débuts de son fils et revient sur le rôle d'un père face à la passion et à la destinée de son héritier.

Eli Kroupi : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Junior est plus tueur que moi »

Quand Junior est né en juin 2006, vous étiez entre une saison à Nancy et le début d’une succession de contrats aux Émirats arabes unis, en Italie et en Grèce. Comment est-il arrivé au football ?

Très jeune. C’est à 2-3 ans qu’il a vraiment commencé à comprendre et à s’intéresser. À Dubaï, j’étais avec lui et sa maman, mais ensuite en Italie, je suis parti seul. À ce moment-là, j’avais des échos qu’il était à fond sur le foot avec des fruits, par exemple. (Rires.) Quand je suis revenu, j’ai pu réellement m’en rendre compte.

Quel père étiez-vous dans sa relation au football ?

C’est une fierté de voir mon fils s’intéresser au métier que je fais. Je l’ai juste accompagné, je ne l’ai pas mis sur mon chemin. Depuis tout petit, c’était sa passion. Quand j’ai arrêté de jouer, on a passé plus de temps ensemble et avec un ballon. Il absorbait tout très vite. J’ai vu qu’on pouvait faire quelque chose et je me suis consacré à sa formation.

À quel moment avez-vous commencé à comprendre que ça pouvait devenir sérieux ?

Junior a été surclassé chaque saison depuis ses 5 ans. Il ne pouvait pas intégrer le FC Lorient, car il n’avait pas 6 ans. Il voulait tellement faire du foot qu’on lui a pris une licence dans un petit club amateur (à Ploemeur). À 5 ans, Junior jouait avec des garçons de 9 ans. Tu sentais qu’il n’était pas en retard, même s’il était plus jeune. Il avait quelque chose, il fallait le travailler.

Junior était demandeur ou ça venait de vous ?

De lui. Je ne l’ai jamais forcé, il était très demandeur en dehors du foot en club. Ça va vous paraître fou, mais des fois, on tapait le ballon à des heures tardives, jusqu’à 21h. Il n’était pas au lit, et on travaillait.

Mais vous travailliez quoi ?

La technique. Le contrôle et la finition, surtout. C’est la base du football aujourd’hui.

Dès l’âge de 9 ans, il voulait battre tous les records du FC Lorient.

En tant qu’ancien joueur professionnel qui voit son fils bien débuter en Ligue 1, que pensez-vous des parents qui placent beaucoup d’espoirs dans leur enfant (parfois trop) et qui sont virulents envers les entraîneurs ?

Il y a deux choses à ne pas confondre : il faut laisser sa chance au temps, même s’il faut aussi prendre en compte le potentiel du gamin et le niveau du club dans lequel il joue. Par contre, intervenir dans les choix de l’entraîneur, je suis contre. Il faut toujours se mettre à sa place. Je n’étais pas et il ne faut pas être ce père qui met la pression au coach. C’est irrespectueux d’abord, et négatif pour l’enfant surtout.

Junior a battu des records de précocité au FC Lorient : plus jeune joueur à avoir signé pro au club, plus jeune joueur et plus jeune buteur en L1. Vous avez aussi commencé tôt en Ligue 1 avec Rennes (18 ans et 2 mois, contre Metz). Comment l’expliquer ?

Dès l’âge de 9 ans, il voulait battre tous les records du FC Lorient. C’étaient ses objectifs à court terme. Mais au-delà du football, c’est d’abord mon fils et mon seul garçon. C’est dans le foot qu’il performe, tant mieux, mais dans n’importe quoi j’aurais été aussi heureux. Ce qu’il fait sur un terrain, c’est lui qui le veut. Tout va vite pour lui, mais ça reste un gamin. Avec de l’ambition. On ne peut que l’accompagner et le conseiller. Mais la réponse, c’est lui qui l’a.

Vous débriefez ses matchs ?

On regarde les siens et ceux des adversaires pour échanger. Par rapport à mon vécu, je peux lui donner des conseils, mais c’est lui qui est sur le terrain, c’est lui qui sent le foot. La réalité sur le terrain n’est pas la même qu’en dehors. Donc, le corriger, c’est compliqué. C’est plutôt d’échanger pour qu’il utilise au mieux la palette qu’il a.

Et puis le football a changé depuis que vous jouiez…

Ça va plus vite. Il y a une réalité sur le terrain et il n’y a que lui qui peut juger à l’instant T.

Quand vous le voyez jouer, qu’est-ce qui vous fait dire : « Ah ça, c’est mon fils » ?

Quand je disais qu’on a beaucoup travaillé la technique, c’était beaucoup les prises de balle. Sur la première touche, j’ai l’impression de me voir quand j’étais plus jeune. Sauf qu’ensuite, il est plus tueur que moi. Et depuis quelque temps, il montre aussi qu’il a une bonne détente. Ça, je ne l’avais pas décelé avant.

Et les différences ?

On a deux profils différents. Moi, j’étais plus puissant. Junior est plus fin techniquement et il voit vite. J’aurais aimé avoir ses qualités. (Rires.)

Il paraît plus posé que vous aussi…

Nos personnalités sont opposées. Junior est calme et attachant. Il aime le monde.

C’est-à-dire ?

Je suis de la vieille école. (Rires.) Je viens de la rue, je suis issu d’une famille nombreuse, donc tu as cette responsabilité. C’est ce qui faisait que j’étais plus méfiant sur beaucoup de choses. Junior n’a pas ce souci. Il vit sa passion, il kiffe, et nous, on assure derrière, on prend les coups.

Junior restera le fils de. Il sera toujours comparé à moi. Mais aujourd’hui, Junior, c’est Junior. Il a prouvé par lui-même, sur le terrain, que rien n’est lié à l’histoire de son père.

Le fait d’avoir un chemin à suivre, c’est plus simple ?

Ça dépend des histoires et des tempéraments. Junior restera le fils de. Il sera toujours comparé à moi. Mais aujourd’hui, Junior, c’est Junior. Il a prouvé par lui-même, sur le terrain, que rien n’est lié à l’histoire de son père. Il écrit son histoire. Moi, je me sers de ma petite expérience de joueur, de mes erreurs, pour l’accompagner.

 

Vous lui parlez surtout de vos erreurs ? Évidemment. Je n’ai pas de regrets dans ma carrière, même si, avec le recul, je me dis que j’aurais pu faire plus. Mais bon, pour quelqu’un qui vient de la rue en Afrique, c’est déjà bien.

C’est plus simple de vivre un match en tant que joueur ou en tribunes ?

Aujourd’hui, ça va mieux, mais au début, c’était dur. Je me disais toujours : « Attention à la faute, attention au contact, attention à ce défenseur. » J’étais soulagé quand il réussissait sa première touche. Avec ce qu’il montre, c’est une manière de me dire : « Je suis capable de faire. T’inquiète pas. » Donc je m’inquiète moins.

Ces débuts express vous ont surpris ?

Au début de la saison dernière et encore plus en janvier 2023, il me disait : « Je suis prêt pour aller en pro. » Je lui répondais : « Ne te presse pas. Prends ton temps, tu as le temps. » Sur le terrain, il m’a rapidement donné sa réponse. (Rires.)

Il sait le faire, le salto, mais je lui ai interdit. Malheureusement, je me suis blessé en le faisant. Ça fait partie des erreurs que je ne veux pas qu’il reproduise.

Après trois buts et deux passes décisives en six matchs, il y a un petit creux dans ses statistiques depuis fin octobre (un but). Comment le gérez-vous avec lui ?

Très naturellement. Ça fait partie des passages à vide d’un footballeur, que ce soit un jeune ou un expérimenté. C’est l’apprentissage. C’est vrai qu’il marque moins, mais il se met plus au service du collectif. C’est un gamin qui débute, je regarde plus son contenu que les statistiques. Des buts, il va en remarquer. Je ne m’inquiète pas pour lui.

Est-ce qu’il maîtrise le salto aussi bien que vous ?

Il sait le faire, mais je lui ai interdit. Malheureusement, je me suis blessé en le faisant. Ça fait partie des erreurs que je ne veux pas qu’il reproduise. Moi, je n’écoutais pas mes coachs qui me disaient que c’était dangereux et que je devais faire attention pour ne pas me blesser. J’étais euphorique. On ne se rend pas compte du danger.

On ne le verra jamais célébrer ainsi, donc ?

Normalement, non. Après, on ne sait jamais. S’il marque un but incroyable… Mais normalement non. Je l’ai prévenu. (Rires.)

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Propos recueillis par Alexandre Plumey

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