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EDF : Hatem, Karim, Samir et les autres…

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EDF : Hatem, Karim, Samir et les autres…

Il y a des moments comme ça où les événements se télescopent : tests ADN, inauguration du Musée de l'Immigration à Paris (indignement snobée par le gouvernement de la République), le KO du brave Franco-Camerounais Serge Betsen lors du match épique contre les Néo-Zed'...Et puis il y a eu hier la convocation expresse d'Hatem Ben Arfa chez les Bleus, en remplacement de Louis Saha. « Les temps changent », comme disaient Dylan et Solaar...

Hatem Ben Arfa qui débarque à Clairefontaine…Avec Karim Benzéma (convoqué lui aussi) et Samir Nasri (absent pour méningite virale), ils accentuent l’émergence des joueurs “français nés de parents maghrébins” en équipe de France, inaugurée par leurs aînés Zidane et Lamouchi. En associant à cette génération montante les “cousins” qui jouent en Espoirs (Younes Kaboul, Habib Bellaïd et Yassin Moutaouakil), on se referait presque le casting à succès du film Indigènes (avec Jamel, Roshdi Zem, Sami Naceri et Sami Bouajila)…

Attention. Il n’est nullement question ici de dresser une compatibilité de type communautariste et d’établir des quotas ethniques sur les Bleus en y distinguant les Gaulois, les Antillais, les Africains, les Arabes, et les “autres”. Non. Juste souligner, à travers le sport, l’affirmation positive de la communauté maghrébine de France.

Du fait des guerres coloniales puis du racisme, il n’a longtemps pas été évident pour les jeunes footballeurs maghrébins talentueux et vivant ici de choisir de jouer “pour la France”. Jusqu’à aujourd’hui encore des Nadir Belhadj (OL) ou Karim Ziani (OM), tous deux nés sur le sol français, ont opté pour l’équipe d’Algérie. Autrefois, les autres immigrés issus d’Europe (Pologne, Espagne, Portugal, Italie) s’étaient fondus plus facilement chez les Bleus. Idem pour les Africains avec le “Malien” Tigana ou l’“l’Ivoirien” Basile Boli. Pour les Maghrébins, il faudra attendre le milieu des années 90 avec Sabri Lamouchi et surtout, Zinédine Zidane. L’arrivée de Zidane chez les Bleus provoquera d’ailleurs des commentaires erronés à propos de sa soi-disant origine “harkie” (du nom des supplétifs algériens de l’armée française). Car à l’époque, l’interprétation de ce choix était basique : un jeune “Algérien” qui joue pour la France se devait d’être forcément un fils de harki…Ce qui n’était pas du tout le cas du père de Zizou. Ce dernier joua alternativement avec Sabri Lamouchi chez les Bleus d’Aimé Jacquet. Ali Benarbia fut lui aussi à deux doigts de rejoindre le Team France.

Le 12 juillet 98, il y eut le geste fort, lourd de sens, ô combien symbolique, de Zinédine, juste après son deuxième but contre le Brésil, en finale de Coupe du Monde : les baisers répétés sur le coq gaulois, brodé sur la tunique bleue. Le baiser de la “réconciliation” entre deux communautés, entre deux peuples. Malgré les mirages de la France black-blanc-beur (France 98, puis Le Pen 2002 !), Zidane a grandement inspiré les Maghrébins de France, jeunes ou vieux, à se décomplexer vis-à-vis de la société française, à s’assumer en tant que citoyens français et à réaliser en partie, enfin, ce que De Gaulle nommait la communauté de destins. Hatem, Samir, Karim et tous les autres doivent énormément à Zidane, “pionnier” de l’intégration par le sport réussie. Sans renier leurs origines, Ben Arfa, Benzéma et Nasri sont totalement “Bleus”, fiers de porter la tunique.

Evoquer aujourd’hui Ben & Ben (Benzéma & Ben Arfa) n’est pas neutre. Tous deux sont “Lyonnais”. Comme Khaled Kelkal, délinquant puis terroriste islamiste, abattu à 24 ans le 29 septembre 1995 près de Lyon par les gendarmes de l’EPIGN. Natif de Mostaganem et famille établie à Vaulx-en-Velin, Kelkal, jeune homme égaré, désespéré par le “no future” réservé aux fils de l’immigration, avait alors choisi de combattre la France. Avec le succès d’Hatem et Karim en équipe de France, on mesure mieux le chemin (en partie) parcouru, depuis la traque tragique de Khaled…

Encore un mot. A l’heure où l’équipe de France aligne une formation métissée, multiculturelle, “issue de diversité”, l’Allemagne peine encore à convaincre ses jeunes footballeurs turcs nés sur le sol allemand de jouer pour la Mannshaft. L’importante communauté turque allemande a produit des excellents joueurs comme Sahin, Bastürk, Umit Davalha, Ilhan Mansiz et les frères Altintop, tous nés en Allemagne. Mais tous ont décliné la convocation en sélection allemande. Les choses évoluent, notamment chez les Espoirs (Baris Özbeh, Masut Özil, Serkan Calik) et en A (Serdar Tosçi juste convoqué), mais l’intégration des jeunes Turco-Germains dans la Mannshaft (une des conditions essentielles du renouveau du foot allemand, selon les instances du foot d’Outre-Rhin) attendra encore un peu…

Chérif Ghemmour

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