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Dortmund, retour vers le futur ? (2/3)
Entre gloire et décadence, retour sur les 25 dernières années du seul club allemand qui fit trembler le colosse aux pieds cramponnés Bayern München en Bundesliga. Seconde partie d'une saga en trois actes.
La masse média !
Ainsi que le proclame le proverbe : la vie est dure sans confiture ! De ce point de vue la gelée dortmundienne va sacrément s’enrichir. Surfant sur la réunification politique allemande et le titre de Weltmeisterschaft de la bande à Matthaus en 1990, la Bundesliga voit exploser ses recettes médias avec la renégociation des droits télévisés. La D1 a obtenu Canal+, la BL aura le groupe Kirch : 140 millions de DM par an, révolution technologique, relookage des présentateurs, nouveaux formats, mise en scène dramatisée des matchs. A titre d’exemple, le parcours jusqu’en finale de la coupe UEFA en 1993 rapportera le trésor faramineux de 25 millions de DM au Borussia Dortmund, dernier représentant germanique. Place à l’Entertainment donc ! La mythique trentenaire émission Sportschau, suivie religieusement par toute l’Allemagne, diffusée sur la chaine publique ARD, se métamorphose le 14 août 1992 en Ran, le magazine du diffuseur privé Sat1. Le groupe Kirch comme une cerise dans l’eau de vie du BVB Dortmund.
« Rückohlektion » de la légion étrangère allemande du Calcio !
Dès 1992, de culture suisse-alémanique, Ottmar Hitzfeld appose sa marque en Bundesliga en recrutant l’attaquant Stéphane Chapuisat, futur coup de cœur du public et meilleure acquisition depuis des années. Cette saison-là, dans une dramaturgie si typique du championnat germanique, le BVB manque le titre à la différence de but contre un Stuttgart réduit à 10, suite à l’expulsion de…Matthias Sammer. Le VfB l’emporte grâce à un but à la 88ème minute et à l’écroulement de l’Eintracht Frankfurt, forcé de marquer pour être sacré, mais victime d’un contre durant les arrêts de jeu. Un Krimi, homicide de dernière minute, et pourtant la confirmation d’un amour régional et national décuplé dans un Westfalenstadion chaque année en exponentielle construction comme l’atteste le nombre croissant de supporters se rendant au stade.
Reuter en 1992, Sammer en 1993, Riedle et Möller en 1994, Kohler en 1995 sont les cinq légionnaires allemands en provenance du Calcio, alors la meilleure école de football à l’échelle mondiale. Les « Monstres » créés ne sont pas ceux que l’on croit. Ainsi que la surnomme la presse teutonne, c’est la Rückholektion, non pas celle de Laurent Voulzy mais le Rück comme le retour, la Kholektion comme collection et une allusion directe à Kohle, la région minière et au grisbi. C’est la phase de la recomposition. A ces éléments, s’ajouteront Paulo Souza et Julio César. En tout, 41 millions de DM sont versés au championnat italien, dont 8,5 pour le seul Sammer, le leader charismatique de sa génération. Jamais une telle somme n’a été dépensée pour l’achat d’un joueur dans l’histoire de la Bundesliga. La boite de Pandore s’ouvre, avec dès l’année suivante, le transfert de Riedle, au nez et à la barbe du Bayern, pour 9,5 millions ! L’expérience de ces Italiens cimente à long terme le nouveau Dortmund d’Ottmar Hitzfeld.
« Le venin du peuple »
Le départ du défenseur Helmer à Munich est un épiphénomène, c’est le BVB qui dicte sa loi sur les transferts en Bundesliga : Freund, Heinrich, Herrlich, Kree, Poschner, Reinhardt rejoignent le club de la Ruhr. A cela s’ajoute une politique de formation d’où sortira, par exemple, un certain Lars Ricken. Le Bayern München ne peut plus lutter. Et le BVB Dortmund change de statut et doit apprendre à interpréter un nouveau rôle : celui d’un club au train de vie de millionnaire et de favori. Fini l’étiquette d’aspirant au Meisterschale ! L’enfant terrible de la Bundesliga Michael Schultz résumera laconiquement cette période : « l’attente était énorme. Nous subissions le venin du peuple à chaque défaite » . Une nouvelle situation à gérer. S’ensuivent alors les titres en Bundesliga en 1995 et 1996 comme les emblèmes nécessaires de la politique menée par Niebaum jusqu’à l’apothéose, jusqu’à l’acmé de la victoire en Ligue des Champions en 1997. L’entrée en bourse s’annonce. Pour un « unhappy end » ? A suivre…
Polo
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