S’abonner au mag

Doctor Colony et Mister Capital

Par
4 minutes
Doctor Colony et Mister Capital

A sa manière, c'est-à-dire avec maladresse, Canal Plus, actionnaire majoritaire du PSG, a célébré le quinzième anniversaire de la mort de Serge Gainsbourg (décédé le 2 mars 1991). Je suis venu te dire que je m’en vais. Voilà en substance ce que la filiale du groupe Vivendi a annoncé officiellement mardi 11 avril 2006 au football français en procédant à la vente du club de la capitale.

Dans la vitrine des entrepreneurs fous, prêts à tout pour sacrifier aux caprices d’une danseuse, Robert-Louis Dreyfus fait désormais figure de dernier des Mohicans. Canal Plus ne quitte pas le football puisque la chaîne cryptée reste le soutien financier de la Ligue 1 en sa qualité de diffuseur exclusif des matchs de Ligue 1, et à ce titre continuera de soutenir son ancienne possession à travers le versement des droits audiovisuels.

Mais à l’heure du retour sur investissement, de la rentabilité immédiate, de l’indispensable enceinte sportive, à la fois stade et galerie commerciale, le groupe Canal Plus et Robert-Louis Dreyfus faisaient figure de pithécanthropes. Il est aujourd’hui considéré comme une faute de gestion que d’avoir une folle passion, et couvrir les pertes colossales que génèrent les enfants turbulents que sont le PSG et l’OM, clubs immatures en crise d’adolescence perpétuelle. Hormis l’époque, bien souvent présentée comme idyllique, où le club parisien était présidé par Michel Denisot, il restera comme souvenir du PSG celui d’un club sous tente à oxygène de marque Canal Plus, souvenir également d’une période marquée par une valse endiablée ponctuée par des changements d’entraîneurs, de présidents et de joueurs.
Le PSG version canal aura été au football ce que Guy Ligier était à la formule un. Une permanente saison de transition censée préparer un avenir radieux. Et nécessairement, un jour plus personne ne rêve. Le PSG aura été à lui seul une sorte de trou de la sécu dans les comptes de Canal Plus. L’actionnaire ne souhaitant visiblement plus sauver ce modèle économique si particulier.

Les joueurs auront toujours été de grands malades, météores du Parc des Princes, étoiles du football qui brillent encore mais dont on sait que seul l’éclat trompe les spectateurs, mais aussi des footballeurs gardiens ancestraux de la tradition du « une deux » avec l’homme invisible. Sans le savoir, c’est peut-être un poison d’avril que s’apprête à connaître la Ligue 1. A moins que le PSG n’accomplisse sa révolution copernicienne qui en ferait une entité stable et rationnelle, il y a tout à craindre que nous assistions à la naissance du premier laboratoire français d’un fonds d’investissement appliqué au football professionnel.

A l’heure où nous écrivons, les détails de l’opération ne sont pas tous révélés. Nous savons qu’un trio d’investisseurs (Colony Capital, Butler, Morgan Stanley) a procédé au rachat du PSG, et l’on suppose que son investissement sera couvert dès la saison prochaine par les droits audiovisuels. Sans entrer dans un combat idéologique qui célébrerait un « Pas de ça chez nous ! » , il faut garder à l’esprit deux données fondamentales.

D’une part, un fonds d’investissement n’a jamais vocation à inscrire son action dans la durée. Il faut, à brève ou moyenne échéance (trois ans), rentabiliser son investissement dans de fortes proportions.
D’autre part, tout le mécanisme repose sur l’idée que la petite clocharde qui vient d’être tirée du ruisseau doit devenir cette fille resplendissante susceptible de nous montrer le secret de Victoria, future princesse que s’arracheront d’autres puissants. Et, pour que la citrouille devienne trésor, les moyens sont toujours drastiques en économie de marché. Plusieurs zones d’ombre demeurent néanmoins dans ce montage. La plus importante étant celle du projet. Rappelons que Colony Capital a investi dans la chaîne de restaurants Buffalo Grill et que le but de l’opération n’a jamais été de redonner à la viande bovine ses lettres de noblesse mais de mettre la main sur un ensemble immobilier très important.En sera-t-il de même avec le PSG ? Les mois qui viennent donneront une réponse. Sachant que le PSG ne gagne plus de titres majeurs depuis très longtemps, que Canal Plus devait solder chaque année le déficit du club, que l’équipe offre à ses salariés des salaires élevés. On comprend difficilement ce qui motive l’investissement financier dans un club en crise. Une chose certaine demeure pourtant. Entre prétendus ennuis judiciaires à venir, définition d’une politique sportive ambitieuse à formaliser, marche forcée vers l’eldorado de la rentabilité, le PSG n’a certainement pas fini de faire couler de l’encre. Ah ! Si le PSG n’existait pas, Canal Plus l’aurait inventé.

Jean-François BORNE

Par

Articles en tendances
03
Revivez Salzbourg-PSG (0-3)
  • C1
  • J6
  • Salzbourg-PSG
Revivez Salzbourg-PSG (0-3)

Revivez Salzbourg-PSG (0-3)

Revivez Salzbourg-PSG (0-3)
11
Revivez Marseille-Lille (1-1)
  • Ligue 1
  • J15
  • Marseille-Lille
Revivez Marseille-Lille (1-1)

Revivez Marseille-Lille (1-1)

Revivez Marseille-Lille (1-1)
10
Revivez Brest-PSV (1-0)
  • C1
  • J6
  • Brest-PSV
Revivez Brest-PSV (1-0)

Revivez Brest-PSV (1-0)

Revivez Brest-PSV (1-0)
32
Revivez Lille-Sturm Graz (3-2)
  • C1
  • J6
  • Lille-Sturm Graz
Revivez Lille-Sturm Graz (3-2)

Revivez Lille-Sturm Graz (3-2)

Revivez Lille-Sturm Graz (3-2)

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

12
Revivez Manchester City - Manchester United (1-2)
Revivez Manchester City - Manchester United (1-2)

Revivez Manchester City - Manchester United (1-2)

Revivez Manchester City - Manchester United (1-2)

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine