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  • Le jour où Thierry Henry a joué dans H

« Dites-moi pas que c’est pas vrai »

Par Swann Borsellino et Christophe Gleizes
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« Ils ont changé de costume, les réparateurs de chez Darty. » Face à Jamel Debbouze, Thierry Henry a la voix douce et le sourire sincère. Invité exceptionnel d'un épisode de H diffusé pour la première fois le 13 mars 1999, l'ancien attaquant d'Arsenal a peut-être réalisé ce jour-là un plus gros coup que le 12 juillet 1998. Ça valait bien un petit retour en arrière.

« Je me souviens, quand il est arrivé par le fond avec ses béquilles et ses pieds bandés, les gens dans la salle l’ont reconnu petit à petit. Il a eu droit à une ovation de star pour la première prise. » Réalisateur du 19e épisode de la première saison de H, Une histoire de lapin, Charles Nemes ne parle pas de Pierre Palmade, invité à glisser quelques répliques dans cet opus de la sitcom française de la fin du millénaire. Plus Platini que Laroque dans le Michel, c’est dans un maillot de l’équipe de France que la vraie star du jour débarque, clopin-clopant, au bureau de Jamel Debbouze, standardiste de ce qui se veut être l’hôpital Robert Debré. Le calendrier indique la date du 13 mars 1999, le figurant de luxe s’appelle Thierry Henry, et ce dialogue appartient à l’histoire, celle avec un grand H, celle qui reste dans les mémoires. En pleine commande d’un menu Giant chez Quick, Ramzy Bédia, aka Sabri Saïd, brancardier-barman, se souvient volontiers de ce grand moment : « C’était un tel honneur de le recevoir… Thierry Henry qui vient nous voir dans notre série, c’était vraiment incroyable, surtout qu’à l’époque, il venait tout juste d’être sacré champion du monde. Avec le recul, ça reste l’un des grands moments de ma carrière. » Entre inquiétudes et éclats de rire, déjeuner à la cantine et foot improvisés, la légende d’Arsenal, qui a passé deux jours avec Béa, Clara, Strauss et tous les autres pourrait certainement en dire autant.

« Mieux que Barack Obama »

Rarement prophète en son pays, Thierry Henry a beau recevoir un accueil chaleureux des spectateurs présents dans les studios de la Plaine Saint-Denis, il se rend vite compte que dans ce coin du 93, il n’est pas le seul patron. « H, c’était une série grand public inspirée des sitcoms américaines. L’interprétation des garçons avait un grand rôle vis-à-vis du public, ils étaient les porteurs de ce type d’humour. Le public venait pour eux, il y avait vraiment un rapport de rockstars avec leurs fans » sabre d’entrée de jeu Charles Nemes. Un avis partagé par Éric Judor : « On tournait en public. C’est une chose d’interpréter son propre rôle comme Thierry Henry l’a fait, mais ça en est une autre de venir dans notre fief où on était les chouchous du public. » L’attaquant international qui vient défier l’équipe de France du rire sur son terrain, c’est un coup de Jamel Debbouze. « Jamel l’avait rencontré, il avait dit à la production, aux auteurs et à moi qu’il fallait le faire venir, on s’est dit que c’était une bonne idée et que ça serait bien de trouver un moyen de l’utiliser. On a écrit un petit thème sur lequel Jamel a brodé » , poursuit Nemes. Et si Jamel, Éric et Ramzy sont maîtres dans l’art d’improviser, Henry, pas du genre à laisser les choses dans les mains du hasard, se fait du mouron. « Il n’était pas préparé et ne jouait pas sur son terrain, donc il était très inquiet. Il est arrivé au dernier moment, en se prenant la tête, en disant qu’il n’était pas acteur. On lui a dit de répondre spontanément et que Jamel s’occuperait d’emporter le truc. Pour tout dire, il avait peur de mal faire. C’est vraiment quelque chose qu’ont les bons sportifs, ils savent que l’on n’a rien sans rien, que rien ne sort de nulle part » , poursuit le réalisateur. Une angoisse qui n’était évidemment pas partagée par Ramzy : « Honnêtement, on était à mille lieues de se concentrer sur son jeu d’acteur. Il pouvait jouer comme un pied, on s’en foutait. Quand il a ouvert la bouche, le public est devenu dingue! C’est comme si aujourd’hui, on invitait Barack Obama dans un show à la télé… Je vais te dire même, inviter Thierry Henry, à l’époque, c’était encore mieux que d’avoir Barack Obama (Rires.) » Même son de cloche chez Éric : « Il représentait Thierry Henry, et pour le coup, c’était interprété à la perfection. Il était censé être amusé face à un standardiste qui ne le connaît pas… La scène marche toute seule. Pour le coup, c’est un très bon acteur dans cette séquence, il était super crédible en tant que Thierry Henry. » Crédible dans son rôle de footballeur reconnu. Surprenant par son côté humain, celui que la plupart de l’équipe ignorait.

Demi-dieu, cantine, caviar et Kassav

« Quand il est venu, on s’est rendu compte de la star que c’était. Nous, on était des petites vedettes, on faisait notre truc, mais quand il est apparu, c’est devenu la folie » , rigole Ramzy, toujours en attendant ses frites. Une superstar qui, le temps d’un tournage, a tordu le cou aux clichés : non, à tout juste 21 piges, Thierry Henry n’était pas l’arrogant personnage que la presse aime tant décrire. « Nous, on était des apprentis blagueurs, lui, il était tout juste auréolé d’une Coupe du monde » , rigole Éric Judor, avant de poursuivre : « Je me souviens que pour ce qu’il représentait et dégageait, il était super simple. Pendant les trois jours de tournage, il est venu manger à la cantine avec nous. Nous, on pensait qu’il mangeait de l’or et du caviar sur des chaises de velours, mais pas du tout. Il a sympathisé avec les techniciens, il s’est mis au niveau de l’équipe. On était surpris, forcément, on pensait que les demi-dieux ne pouvaient pas être potes avec des humains. » Le son de cloche est le même chez Ramzy aka Saïd, qui servait plus rapidement dans son troquet ringard que la caissière du Quick : « Dans les coulisses, il a joué au foot avec tous les enfants et ma petite sœur qui avait 12 ans. Il donnait du rêve aux gamins, il passait du temps avec eux pour le plaisir. Il était vraiment classe, j’avais pris une leçon. » Caution sérieuse dans « une atmosphère de chahut complet, limite ambiance cours de maternelle » , Charles Nemes se souvient lui « de quelqu’un d’extrêmement gentil et attentif » . Un homme inquiet, mais content d’être là, en somme. « Thierry Henry devait regarder H. Il y avait une envie partagée » , affirme Éric. « Tout ce que je peux dire, c’est qu’il est aussi cool qu’un cousin Judor. J’étais très content de passer ce moment avec lui. Après le tournage, j’ai été amené à le croiser, on est allés ensemble à Bercy pour les 20 ans de Kassav. Qu’on le veuille ou non, la solidarité antillaise existe, merde ! » C’est sûr que ça aurait eu moins de gueule d’y aller avec Pierre Palmade.

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