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« Despelote, c'est le football de quartier, à l'opposé de FIFA »

Propos recueillis par Quentin Ballue

Julián Cordero a passé son enfance avec un ballon au pied, à arpenter Quito. Cet Équatorien a développé un jeu directement inspiré de ses souvenirs, Despelote, qui sortira sur PC, Xbox et PlayStation en 2024. Un jeu où l'on peut tirer un peu partout, quitte à ce que le ballon casse des bouteilles ou soit crevé par un chien.

Despelote, le jeu vidéo qui «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>utilise le ballon comme un moyen d’explorer le monde<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Comment et quand ce projet est-il né ?

Ça a commencé il y a presque cinq ans. Le foot, c’était une grande partie de ma vie en grandissant en Équateur. Quand je me suis installé à New York, en 2019, j’avais le mal du pays. La culture foot était incomparable. Je ne jouais plus autant, je ne regardais plus autant. Cette distance m’a fait réfléchir à ce que le foot représentait pour moi, et je me suis dit que je pouvais explorer ça au travers d’un jeu.

C’est davantage un jeu sur le foot qu’un jeu de foot ?

Exactement. Ce n’est pas comme si tu jouais un match, l’idée est plus d’utiliser le ballon comme un moyen d’explorer ce monde. C’est un jeu sur la culture du football en Équateur, à Quito, où j’ai grandi. Mon enfance, c’était courir dans un parc avec un ballon, explorer, faire preuve d’espièglerie, créer des liens. Le jeu est centré sur cette expérience.

Quand on est enfant, ce n’est pas le football que l’on voit à la télé. On joue avec des sacs ou entre deux arbres, c’est plus excitant qu’un terrain ! Tout ce qui peut servir de ballon devient un ballon, même une bouteille !

Tu souhaitais en faire un jeu unique par rapport aux autres jeux où le foot est mis en avant ?

Oui, en commençant par le côté artistique. On n’a jamais imaginé quelque chose de réaliste, on voulait quelque chose de plus expressif avec ces personnages qui sont dessinés. L’environnement est assez bruyant, ça nous parle aussi beaucoup, ça donne une atmosphère vraiment particulière. Le but n’est pas de rivaliser avec les jeux de foot, d’offrir une bonne simulation du jeu. C’est plutôt une interprétation et le souvenir d’une partie de ma vie.

Tu voulais vraiment un jeu à l’opposé de FIFA ?

C’est un peu ça. (Rires.) Ces jeux-là essayent de te donner l’impression que tu es Cristiano Ronaldo. Despelote, c’est le football de quartier, le football avec lequel j’ai grandi. Ce n’est pas une simulation parfaite, l’enjeu est plus d’essayer de capturer cette ambiance spécifique. C’est aussi pour ça qu’il n’y a pas de doublage. Il y a des sous-titres, mais les conversations restent en espagnol pour que ce soit plus authentique.

 

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Le choix de la première personne s’est imposé naturellement ?

La perspective de la première personne marche bien avec le concept. J’ai fait d’autres jeux à la première personne avant et ça m’a toujours semblé très naturel. J’étais très intéressé par cette relation physique avec le ballon. Tu as la sensation qu’il est juste là, devant toi, c’est plus « intense ». À la troisième personne, tu vois quelqu’un d’autre interagir avec le ballon. C’était important pour donner le ton du jeu.

Ce n’est pas un hasard si le personnage s’appelle Julián, comme toi ?

Le jeu est semi-autobiographique. En travaillant dessus, comme ça se base sur ma propre expérience, c’était compliqué d’imaginer un personnage qui n’était pas moi. On a commencé à enregistrer des conversations avec mes amis et ma famille, des conversations improvisées que l’on entend autour de soi dans le jeu. Je leur disais d’imaginer que j’étais le personnage, que j’étais ce garçon, et ils m’appelaient Julián, donc le personnage s’est appelé Julián. Les parents sont aussi joués par mes propres parents. C’est un peu mon monde !

Puisque Despelote est en partie autobiographique, ça veut dire que tu jouais au foot en mangeant des céréales ou que tu jouais avec des bouteilles ?

Bien sûr ! Quand on est enfant, ce n’est pas le football que l’on voit à la télé. On joue avec des sacs ou entre deux arbres, c’est plus excitant qu’un terrain ! Tout ce qui peut servir de ballon devient un ballon, même une bouteille ! Tu traînes et tu joues, c’était vraiment important pour nous de retranscrire ça. Je ne me souviens pas de la scène des céréales spécifiquement, je crois que c’est plus une interprétation, l’atmosphère dont je me souviens, qu’un souvenir exact. En tant qu’enfant, tu joues beaucoup pour comprendre quelles sont les limites du monde, comprendre ce que tu peux faire ou pas. J’étais un peu malicieux, je rendais les adultes furieux. (Rires.)

 

Dans le jeu, un homme demande si la vie ne se résume qu’au foot. C’était ta vision quand tu étais enfant ?

C’est drôle, car ce n’est pas moi qui ai écrit les dialogues. Les gens improvisaient, et j’ai bien aimé cette conversation, car il y avait cet homme en colère qui dit : « Il n’y a pas que le foot dans la vie ! Il y a tellement plus important ! » Ce qui est vrai, mais quand j’étais enfant, pour moi, le foot, c’était tout, je voulais devenir pro. Ça m’a aussi permis de me faire des amis.

Ce que l’on doit retenir de Despelote, c’est que le foot est une manière de connecter les gens ?

Oui, dès le départ, on a pensé au ballon comme un langage universel. Quand j’ai recommencé à jouer, à New York, c’est devenu clair qu’avec le foot, tu rencontres des gens, tu tapes le ballon puis tu as des conversations, que tu parles ou pas la même langue. Cette connexion universelle est l’un des piliers du jeu.

Pour beaucoup de pays, jouer la Coupe du monde, c’est normal, mais pour l’Équateur, c’était énorme. Le pays connaissait aussi une grosse crise économique, donc les gens se sont accrochés à ça. C’est un exemple de la façon dont le foot peut s’intégrer dans la société et avoir un impact sur les gens.

Le jeu se déroule en 2001. C’était un moment particulier en Équateur ?

Oui, c’était la première fois que l’Équateur se qualifiait pour la Coupe du monde. L’Équateur est un tout petit pays. En grandissant, on n’a jamais pensé que la scène internationale était pour nous. Il n’y a rien qui nous rende célèbres. Quand c’est arrivé, les gens étaient vraiment enthousiastes. On faisait enfin attention à nous. Dans tout le pays, que tu aimes le foot ou pas, c’était impossible de ne pas ressentir quelque chose. Pour beaucoup de pays, jouer la Coupe du monde, c’est normal, mais pour l’Équateur, c’était énorme. Le pays connaissait aussi une grosse crise économique, donc les gens se sont accrochés à ça. C’est un exemple de la façon dont le foot peut s’intégrer dans la société et avoir un impact sur les gens. J’ai grandi avec ce souvenir, avec cette preuve que l’on pouvait y arriver, qui a donné beaucoup d’optimisme à ma génération.

Est-ce qu’il y a une fin ?

Tu joues très librement, tu peux aller partout, explorer et interagir avec les gens, mais automatiquement, la nuit finit par arriver et il faut rentrer. C’est une structure naturelle, il n’y a pas de niveau supérieur. C’est plutôt comme une journée normale.

On peut en savoir plus sur la date de sortie ?

Je ne peux rien dire, hormis que ce sera en 2024. On est une petite équipe, on travaille dur pour tout finir. Il faut s’assurer que tout fonctionne bien. Dans un jeu ouvert, il faut vérifier que l’expérience est bonne quelle que soit l’action du joueur.

Combien de personnes bossent avec toi ?

Au début, il n’y avait que moi et l’artiste, Sebastian, qui s’est occupé de toutes les animations et de la musique. Maintenant, nous avons un producteur, un sound designer et un autre programmeur.

Ça ne paraît pas énorme pour créer un jeu vidéo.

Je ne sais pas… Les outils à notre disposition font que c’est plus accessible de concevoir un jeu de ce type aujourd’hui qu’il y a dix ans. C’est possible d’y arriver avec une petite équipe. Comme l’Équateur en 2001.

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Propos recueillis par Quentin Ballue

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