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Départ d’Enzo Pérez, S03E01

Par William Pereira
4 minutes
Départ d’Enzo Pérez, S03E01

C'est reparti pour un tour. Comme à chaque mercato, Benfica vit dans la crainte de perdre Enzo Pérez. Car voilà un an que Valence essaye d'enrôler le milieu de terrain argentin. Et il se pourrait bien que ce troisième assaut à 25 millions d'euros soit fatal aux Lisboètes...

Nemanja Matić est inquiet. Toujours attentif à l’actualité benfiquista un an après avoir quitté la Luz, le Serbe sait son ancien coéquipier Enzo Pérez proche de la sortie : « Ce serait une grosse perte. Enzo est très important pour Benfica, et sans lui, il sera plus dur de gagner le championnat. » Comme l’année dernière et cet été, c’est le Valence de Peter Lim, Jorge Mendes et Nuno Espirito Santo qui désire à tout prix l’arracher des bras du public benfiquista.

Le quotidien sportif O Jogo donne même pour acquis le transfert de l’Argentin chez les chauves-souris, tandis que les autres journaux nationaux sont plutôt pessimistes quant au fait de le voir porter les couleurs « encarnadas » en 2015. D’autant que le milieu de terrain vient d’entamer une parade nuptiale à distance. Rentré en Argentine pour les fêtes, l’international albiceleste fait le tour des grands médias nationaux pour transmettre un seul et même message : « Valence est un club important, évidemment que j’aimerais y jouer. Mais je suis encore sous contrat avec Benfica. jusqu’en 2018. » Sauf formidable coup de génie de la part du président Luis Filipe Vieira, les Aigles devraient donc voir leur meilleur joueur s’envoler en janvier. À la Matić, quoi.

De 25 à 30 millions dans les caisses de Benfica

Si voir Enzo terminer la saison à la Luz serait une surprise, c’est que tout indique le contraire. En début de saison, il avait mis la pression sur la direction en déclarant que si Benfica ne se qualifiait pas pour les huitièmes de finale de la C1, il irait voir ailleurs. Aujourd’hui, le leader est en lice dans autant de compétitions européennes que Valence. L’Argentin doit donc choisir entre rester dans un club très prestigieux et poser ses valises dans une nouvelle demeure qui lui offrira contrat juteux, grandes joutes et stades pleins. Sans oublier que Benfica prendrait un risque en le retenant six mois de plus. Premièrement parce que cela fait déjà un an qu’Enzo désire partir. Le fait de rester avait affecté son moral en début de saison, et on le voyait souvent choisir ses matchs.

Sa valeur n’est plus à prouver, et il est compréhensible de vouloir le garder, mais Jorge Jesus risquerait de retrouver un joueur démotivé à son retour des vacances. De plus, vendre un joueur de presque 29 ans pour 25 millions d’euros + éventuels bonus n’est pas donné à tout le monde, et rien ne dit qu’il partira pour ce prix à l’été. Au vu de la conjoncture économique défavorable, une telle somme serait même une aubaine pour la direction benfiquista, qui se dédouanerait par ailleurs d’un gros salaire et rattraperait ainsi une partie des pertes engendrées par le parcours européen catastrophique de cette saison.

Irremplaçable

Le problème, c’est que le club a un peu le cul entre deux chaises. La première est celle de la stabilité financière et la deuxième celle de l’exigence des socios. Éliminé en Ligue des champions et en Coupe du Portugal, Benfica a pour ambition de réaliser le doublé championnat-Coupe de la Ligue et, au pire, de se contenter du sacre en Liga Sagres histoire de ne pas foirer l’exercice 2014-2015. Avec six points d’avance sur Porto, les apôtres de Jesus ont une belle marge, mais sans Enzo Pérez, la donne pourrait être différente. Car l’Argentin n’est pas seulement un excellent joueur. C’est aussi un guerrier au sommet de son art. Il arrive à un moment de sa carrière où les courbes de valeur intrinsèque et d’expérience se croisent. Il est à la fois étonnant de roublardise, mais aussi rapide, endurant et intelligent tactiquement. En perdant Enzo, Benfica perdrait un joueur doté d’un flair lui permettant d’être toujours au bon endroit au bon moment, que ce soit en attaque ou en défense. Il est à Benfica ce que Verratti est au PSG, (sauf que lui ne sort pas à la 61e), une sorte de pont entre la défense et l’attaque, capable de pourfendre les lignes balle au pied ou grâce à sa qualité de passe. C’est le métronome, il est irremplaçable. Et il l’est doublement, car sur le banc, personne ne s’approche de son niveau.

Cristante est certes plein de promesses, mais il est bien trop vert pour compenser le départ d’Enzo Pérez. Sans parler de Rúben Amorim ou Fejsa, toujours indisponibles (le premier en a encore pour un certain temps à l’infirmerie) et d’André Almeida, cantonné au rôle d’arrière-gauche en attendant le retour de blessure d’Eliseu. En bricolant un peu, Jesus pourrait faire jouer Pizzi en 8 pour patienter. Le coach portugais pourra toujours demander un renfort afin de remplacer son milieu argentin, mais sur les éventuels 25 millions d’euros, seuls 4 ou 5 millions devraient être consacrés au recrutement. À ce prix-là, difficile de trouver autre chose qu’un homme capable de limiter les dégâts liés au départ d’Enzo Pérez (la presse portugaise parle du jeune Allemand Hany Mukhtar). Limiter la casse et résister, c’est bien ce que devra faire Benfica si son meilleur atout venait à quitter le navire. Les socios n’ont plus qu’à prier pendant un long mois en espérant que Luis Filipe Vieira et Peter Lim ne tombent pas d’accord…

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Par William Pereira

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