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Cris : « Je suis persuadé que Sylvinho réussira »
Le début de saison mi-figue mi-raisin de l'OL, le déplacement imminent à Marseille, le calvaire de son compatriote Sylvinho, l'arrivée de Rudi Garcia, sa nouvelle vie d'entraîneur à Chasselay... Cris, l'ancien défenseur de Lyon, passe à table.
Dimanche, c’est Olympico. Qu’est-ce que t’évoque cette affiche ?Un match différent des autres, avec une grosse rivalité, l’envie de gagner et de bien jouer. Surtout dans ce contexte où l’OL peut continuer une série de victoires et rebondir pour de bon. Il n’y aura pas besoin de motivation supplémentaire, elle est déjà présente.
Si tu devais ne garder qu’un seul souvenir de tes 14 matchs contre l’OM sous le maillot lyonnais, ce serait lequel ?Clairement, c’est le 3-2 à Gerland en 2011, où je marque le troisième but. Après, les gens me parlent beaucoup plus facilement du fameux 5-5 de 2009. Mais pour moi, ce n’était pas un match intéressant parce qu’une défense n’a pas le droit d’en prendre cinq.
Dans quel état d’esprit les Lyonnais vont-ils arriver cette fois au Vélodrome ?Après une victoire en Coupe d’Europe contre Benfica, le piège serait de se relâcher et se dire que ça se fera tout seul. Mais on ne peut jamais aller à Marseille en pensant qu’on peut y gagner facilement. Aujourd’hui, ces deux équipes sont un peu dans la même situation : deux clubs en transition, avec un changement de coach récent, des nouveaux joueurs, des automatismes à trouver.
Comment juges-tu les débuts de Rudi Garcia ?Selon moi, c’est un très bon coach. J’apprécie beaucoup son management, sa manière de communiquer avec la presse et les joueurs. J’ai eu le plaisir de parler de foot avec lui, et aujourd’hui il commence à appliquer sa méthode au club. Il faut encore du temps, mais on voit des changements de caractère chez certains joueurs, des attitudes plus positives. Contre le Benfica, on a vu un autre visage de l’Olympique lyonnais. Et le coach est en partie responsable de ça.
Pendant la période de crise, tu pointais du doigt l’attitude des joueurs. Tu trouves qu’on les dédouane trop facilement ?À Lyon, tout le monde connaît la philosophie du club qui est de faire grandir des jeunes joueurs de qualité. On sait qu’ils ont le talent nécessaire pour que l’équipe termine sur le podium chaque année. Mais pour gagner le championnat un jour, il faudra faire preuve d’un mental plus solide, que chacun donne plus de sa personne sur le terrain. Rudi Garcia a compris tout ça. Je n’ai pas à citer de noms parce que ce constat concerne presque l’ensemble du groupe.
C’est ce qui a coûté sa place à Sylvinho ?Malheureusement, Sylvinho n’a pas eu le temps nécessaire pour travailler. C’est un jeune coach qui a des méthodes, une philosophie. Il a essayé de mettre ça en place au club, mais les résultats ne lui ont pas permis de gagner la confiance. Dans ces cas-là, le premier à payer ces échecs est toujours le coach. Je trouve ça dommage parce que, selon moi, un entraîneur a besoin de temps pour connaître son effectif, intégrer la philosophie d’un club et s’adapter. En trois ou quatre mois, c’est impossible. Après, on ne sait pas trop ce qu’il s’est passé en interne, mais je pense qu’on ne lui a pas donné l’opportunité de montrer ce qu’il vaut vraiment.
Penses-tu qu’il pourra le montrer plus tard, dans un autre contexte ?Je suis persuadé qu’il réussira. C’est quelqu’un d’ambitieux, qui a envie d’aller plus loin, comme lorsqu’il était joueur. Je le connais bien, pour venir du même centre de formation que lui (celui des Corinthians, N.D.L.R.), et je sais qu’il ne baissera pas les bras. Lyon était une étape d’apprentissage pour lui, et cette expérience, même négative, lui servira forcément à l’avenir.
Il y a une autre personne tu connais bien, qui lui aussi découvre un autre monde, c’est Juninho. Comment vit-il cette situation ?Ce n’est pas facile, c’est vrai. Il doit prendre des décisions, sans savoir vraiment si c’est la bonne ou la mauvaise. Mais aujourd’hui, il essaye de reprendre en main la communication, de régler les choses en dehors du terrain. Mais s’il pouvait entrer pour faire la différence comme il faisait à son époque de joueur, il le ferait !
Comme lui, tu as connu la période de gloire en tant que joueur de l’OL avant de passer dans le staff. Est-ce compliqué de passer du statut de légende du club à celle d’encadrant ?Il y a une transition à faire, c’est sûr. Par exemple, Juninho est parti pendant dix ans, période durant laquelle le club a grandi. Lui n’a connu que Gerland et aujourd’hui, il arrive à Décines, ce qui n’a rien à voir. Mais ça fait partie de la vie : on ne peut pas rester joueur de foot pendant des décennies. Il faut apprendre un autre métier. Pour certains, cette reconversion est facile, mais il faut toujours prendre un risque, oser se remettre en danger. Moi, comme entraîneur, c’est la même chose. On essaye d’apporter notre vécu aux nouvelles générations. Mais le mot important, c’est « oser » . Il ne faut pas avoir peur.
Tu as passé quatre ans à la formation de l’Olympique lyonnais, où tu as connu Maxence Caqueret et Amine Gouiri. Ont-ils les moyens de percer au club ?J’ai eu le plaisir d’accompagner cette belle génération 2000. Ils sont encore dans une période charnière, et le club a tendance à aller chercher d’autre joueurs à l’extérieur. Il faut croire en ces jeunes et leur laisser le temps de s’épanouir.
Quand tu parles de joueurs recrutés, il y a notamment les Brésiliens Thiago Mendes et Jean Lucas, qui mettent du temps à s’intégrer.Jean Lucas est encore très jeune, il est technique, a beaucoup de qualités. Mais il doit encore s’adapter au pays et à de nouvelles méthodes. Mendes est déjà plus rodé et va apporter beaucoup à l’équipe. Son match contre Benfica était très intéressant, mais il peut faire encore mieux.
Il y a un autre de tes compatriotes, défenseur lui aussi, qui a quelques petits soucis avec les supporters : Marcelo. Comment se sortir de cette situation ?(Il souffle.) Marcelo a pu faire une erreur, mais il n’a jamais manqué de respect aux supporters ou au club. On est des humains, avec nos hauts et nos bas. Mais il ne va pas faire exprès de rater un ballon ou un tacle… Ce sont des choses qui arrivent. Les supporters sont des passionnés, je les connais aussi, ils donnent tout pour le club, mais il ne faut pas se manquer de respect entre les deux parties. L’agression n’est pas la bonne solution. Mais qu’il se fasse siffler au stade, ça ne me dérange pas. Ils ont payé pour avoir le droit de s’exprimer, avec un minimum de respect.
Cet été où tu es devenu l’entraîneur du MDA Foot, club de National 2 de la région lyonnaise. Pourquoi ce changement de direction ?J’ai adoré faire de la formation, mais j’avais envie de passer un cap. Je voulais travailler avec des adultes, finir ma formation d’entraîneur et progresser personnellement. Lyon m’a aidé au début de mon parcours, j’ai fait les U15, les U17, les U19 et la réserve. C’était très enrichissant, mais je n’avais à m’occuper que du terrain, puisque toutes les choses autour étaient prises en charge. À MDA, c’est une autre organisation : je travaille directement avec le président (Jocelyn Fontanel, Dominique Giuly, le papa de Ludo, étant vice-président, N.D.L.R.) et Anthony Réveillère (nouveau directeur sportif, N.D.L.R.), mais je peux prendre les choses en main, que ça soit la gestion de mon équipe, le recrutement, la réserve, le vestiaire…
Aussi, tu découvres quelque chose nouveau pour toi, celui du monde amateur.Je l’ai connu un petit peu au Brésil, mais pas en France, c’est vrai. Ici, à Chasselay, c’est bien structuré, bien organisé. Il y a plein de choses à apprendre. C’est exactement ce que je cherche pour progresser.
Peux-tu déjà faire un petit bilan de cette expérience ? Comment tu te sens dans ce rôle ?C’est un club en transition. Il y a eu seize départs à l’intersaison, donc il fallait recruter très rapidement à chaque poste. On a pu constituer un groupe intéressant, et ensuite réussir à créer une cohésion, faire en sorte que la mayonnaise prenne rapidement. Ce n’était pas évident. Notre début de saison est assez bon, on a joué contre plusieurs candidats à la montée et on se retrouve aujourd’hui dans le premier tiers du classement, à six points du premier.
Pour le moment, vous n’avez toujours pas gagné à domicile, au stade Ludovic-Giuly. Comment ça se fait ?Pour l’instant, on fait le boulot à l’extérieur. Et c’est vrai que, sans faire de mauvais matchs à domicile, on n’arrive pas à s’imposer. Mais au bout de onze journées, je suis plutôt satisfait. Mes joueurs commencent à comprendre la philosophie et les systèmes de jeu que je veux mettre en place.
Justement, quelle est la méthode Cris ?Il n’y a rien de révolutionnaire, mais je travaille beaucoup sur la communication entre les joueurs. J’essaye d’avoir une équipe équilibrée entre le plaisir d’attaquer et la responsabilité sans le ballon. J’ai eu la chance de jouer à l’Olympique lyonnais dans une belle époque, on jouait en 4-3-3 ou 4-1-4-1. Ce sont des choses qui me sont restées, mais ça dépend des joueurs que tu as à ta disposition. Le but est surtout de tirer le meilleur de chacun d’entre eux.
Quelle relation entretiens-tu aujourd’hui avec l’Olympique lyonnais ?J’ai toujours des amis au club. On peut se retrouver au match de temps en temps ou pour manger en dehors.
En général, tu donnes rendez-vous à quel restaurant ?Je vais souvent avec ma femme à Fourvière chez Christian Têtedoie. Il est très connu. L’été, j’aime bien aller à La Maison, du côté de Gerland, parce que c’est très convivial. Mais il y a vraiment un choix très large à Lyon.
Tu as passé 13 ans de ta vie dans la région lyonnaise, qu’est-ce qui t’y retient ?Déjà, mes filles sont nées ici et sont scolarisées à Lyon. Moi, je me suis intégré très rapidement à cette ville, j’en suis tombé amoureux très vite. Après, on n’est pas très loin de la mer, à côté de la montagne, on est rapidement à Paris avec le TGV… On y mange bien également, il y a plein de choses !
Est-ce qu’on aura l’occasion de voir Cris sur le banc de l’Olympique lyonnais dans un futur plus ou moins proche ?Ah ce n’est pas pour le moment… (Rires.) Il me reste un an de formation, je n’ai pas encore la licence UEFA Pro qui va me permettre d’entraîner en Ligue 1 ou Ligue 2. Je travaille tranquillement, j’apprends et on verra plus tard.
Le Brésil s’arrache pour retourner le Chili, l’Argentine accrochée au VenezuelaPropos recueillis par Mathieu Rollinger