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Petit Victor est devenu grand

Par Tom Binet

En pleine confiance depuis plusieurs semaines, Vitinha s’est peu à peu imposé comme le patron du milieu de terrain parisien. Replacé en sentinelle en février, le Portugais de 24 ans sera une nouvelle fois l’une des clés pour Luis Enrique à Dortmund, ce mercredi soir.

Petit Victor est devenu grand

Buteur à l’aller comme au retour face à Barcelone en quarts de finale de Ligue des champions, Vitinha a porté son total à neuf buts toutes compétitions confondues cette saison, un total jamais atteint par un milieu de terrain parisien sous l’ère QSI. La seule exception se nomme peut-être Javier Pastore, buteur à seize reprises lors de sa première saison dans la capitale, une époque où il était régulièrement aligné au sein du trio offensif. Depuis, Thiago Motta, Adrien Rabiot, Giovani Lo Celso ou Carlos Soler se sont tous arrêtés à six unités, quand Blaise Matuidi en avait inscrit huit en 2012-2013. Une illustration parmi d’autres de l’importance prise par le milieu de terrain portugais sous la houlette de Luis Enrique, après une saison en dents de scie dans l’ombre de Marco Verratti, Neymar ou Lionel Messi. D’un rôle de milieu offensif gauche pour compenser les déplacements de Kylian Mbappé à un passage sur le banc contre Newcastle ou Marseille quand son tacticien tentait une attaque à quatre éléments à l’automne avant de rayonner en sentinelle depuis février, « Petit Victor » a pris un poids considérable au sein du collectif rouge et bleu. Au point d’en être l’un des hommes les plus attendus, ce mercredi soir sur la pelouse du Borussia Dortmund.

Le maître à jouer

À l’été dernier et comme à chaque entame de saison depuis de trop nombreuses années, l’entrejeu présenté par le PSG était encore et toujours placé au centre de l’attention. La principale critique : un supposé manque de créativité global dû à l’absence de joueurs capables de prendre le jeu à leur compte et de créer pour les copains. Un débat éteint par Vitinha depuis le début de l’hiver ? Quoi qu’il en soit, le Portugais a donné de sérieux arguments. « C’est un joueur parfait pour un entraîneur de mon style, se félicitait Luis Enrique fin mars lors de la victoire en infériorité numérique dans le Classique, après avoir vu son protégé ouvrir le score. Il est capable de se mettre entre les lignes, de fixer, de se détacher, de marquer… Je dois le féliciter et le pousser à rester à ce niveau et même à hausser ce niveau. » Une confiance de son coach accumulée semaine après semaine par l’ancien du FC Porto depuis le mois d’août, afin de la lui rendre au centuple sur le pré. « Ce qu’il me pousse à faire, c’est incroyable pour moi personnellement, parce que je fais des choses que je ne me savais pas capable de faire, et que je peux faire très bien », lâchait-il mardi dans un entretien au site du club.

Auparavant, il était un peu plus un passe-plat qu’autre chose. Là, il met les plats au four.

Vincent Guérin

Après une première saison mitigée, entre espoirs réels et déceptions, Vitinha débarque dans la Ruhr dans la peau du maître à jouer des siens. Celui qui récupère les ballons, les ressort proprement, donne le rythme, se projette, trouve les intervalles pour mettre ses coéquipiers dans les meilleures dispositions et n’oublie pas d’envoyer une praline au fond de temps en temps. « Il est à la fois très élégant, très sûr pour ressortir le ballon et très efficace devant le but. J’ai envie de dire très bonne pioche, valide Édouard Cissé, ancien milieu de terrain du club de la capitale, séduit par le cap passé par l’intéressé. Quand on le positionne en début de saison, c’est pour jouer le pompier de service derrière Kylian Mbappé. Là, on sent que c’est un colonel ou un général, il est vraiment au cœur du jeu pour donner le tempo. Comme il n’est pas gaillard, tu ne t’attends pas à ce qu’il récupère 40 ballons et fasse des tacles de fou, ou qu’il récupère les ballons de la tête. Ce n’est pas Seko Fofana ou Casemiro. Mais il a réussi à mettre en valeur ses qualités. » « Auparavant, il était un peu plus un passe-plat qu’autre chose. Là, il met les plats au four, image pour sa part Vincent Guérin, lui aussi passé par le cœur du jeu rouge et bleu. C’est ce qu’on aime voir de la part des joueurs dans ces positionnements-là, qu’ils créent des décalages. C’était un manque évident dans le jeu parisien. »

Got Your Six

Une évolution progressive depuis l’été dernier, mais dont le tournant tient en une date : le 14 février dernier. Pendant 45 minutes, les Rouge et Bleu galèrent à bousculer une Real Sociedad bien organisée et déçoivent leur public au Parc des Princes. La pause arrive alors à point nommé, moment choisi par Luis Enrique pour intervertir les positions avec Fabián Ruiz, plaçant Vitinha en pointe basse de son triangle du milieu. « Il est passé en sentinelle pour fluidifier le jeu. Ça a permis de le mettre en lumière et d’apporter sa technicité, pointe du doigt Vincent Guérin, pas forcément convaincu que cette révolution soit une histoire de positionnement. Je ne pense pas que ce soit dans son profil au niveau défensif, son meilleur poste dépend de l’adversaire et de la mainmise de l’équipe sur le jeu. Je le vois plus comme un joueur polyvalent, relayeur, capable d’avoir un volume de jeu assez important et de faire le lien entre la défense et l’attaque. »

Loin de se contenter d’un rôle de sentinelle classique – ce que Luis Enrique reproche notamment à Manuel Ugarte, plus en difficulté au moment d’orienter le jeu vers l’avant –, Vitinha n’hésite en effet jamais à se projeter, comme l’illustrent ses nombreux gestes décisifs depuis ce fameux second acte face aux Txuri Urdin. « On a longtemps parlé du remplaçant de Thiago Motta, qu’il fallait une sentinelle costaude, forte. Mais à Paris, on a toujours eu besoin de quelqu’un de plus footballeur que physique, analysait Didier Domi pour So Foot dans la foulée de la qualification à Barcelone. Avec son intelligence, son agressivité, sa vista, Vitinha est une super sentinelle. La première chose que je regarde chez un milieu, c’est de savoir s’il veut toujours le ballon. C’est son cas. Ensuite, c’est s’il cherche à jouer vers l’avant. Est-ce qu’il regarde loin ? Oui, lui, c’est exactement ça. » Une aura nouvelle qui tient également à la reconfiguration de l’effectif et aux nombreux départs en fin de saison dernière.

Marco Verratti 2.0 ?

Le départ attendu de Lionel Messi et ceux, plus tardifs et moins anticipés, de Neymar et surtout Marco Verratti ont redéfini les rôles. Après une année à marcher dans l’ombre des trois hommes, Vitinha a enfin pu déployer ses ailes. « Ce qui lui a peut-être donné confiance, c’est la façon dont ils ont sorti Marco Verratti. Il a dû se dire : “Ils me font confiance, donc j’ai une carte à jouer.” Ça donne raison à tous ceux qui ont décidé de se séparer de Marco et c’est à mettre au crédit de Vitinha d’avoir assumé ce rôle, assure Vincent Guérin. Il est certain qu’on se pose moins de questions après ces départs. Ce sont des joueurs qui ont moins de facultés à défendre, on sait qu’on a un rôle qui est davantage dans la sécurité et le jeu défensif. » Ajoutez à cela d’importantes évolutions tactiques globales au vu des nouveaux profils, et vous obtenez une révolution : « Quand des mecs qui prennent la profondeur comme Dembélé, Barcola ou Kolo Muani arrivent, ce qu’il faut, c’est ressortir les ballons, souligne Cissé. Avec Neymar et Messi, c’était un autre type de jeu. Je pense que ça permet à Vitinha d’être le seul dépositaire du jeu. »

Au niveau visuel, Marco avait une technique de ouf. Mais à Paris, tu veux des joueurs beaux, mais tu veux aussi qu’ils soient efficaces.

Édouard Cissé

Le choix de se séparer de Marco Verratti est forcément celui qui a le plus marqué les amoureux du club, après onze ans à se délecter chaque week-end des exploits de leur chouchou. Une comparaison à laquelle n’échappe pas Vitinha depuis son arrivée dans la capitale. Au-delà du gabarit, le Portugais présente certaines similitudes dans le jeu avec le gamin de Pescara, mais aussi de nombreuses différences. « Dans le petit jeu, Verratti était quand même un joueur très doué. Vitinha a moins cette fluidité et cette motricité au niveau des appuis », appuie encore Guérin. Mais là où le natif de Santo Tirso se distingue, c’est dans les statistiques, lui qui a déjà inscrit autant de buts au pied de la tour Eiffel que l’Italien (11 chacun, en respectivement 90 et 416 rencontres). « Au niveau visuel, Marco avait une technique de ouf, il était plaisant, reconnaît Cissé. Mais quand tu es dans une équipe comme Paris, tu veux des joueurs beaux, mais tu veux aussi qu’ils soient efficaces, et c’est le cas de Vitinha. » À peine parti et déjà remplacé, le petit hibou ?

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Par Tom Binet

Tous propos recueillis par TB, sauf mentions.

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