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Cisco, la légende de Caen

Par Mathieu Faure
Cisco, la légende de Caen

Entre Francis Llacer et le PSG, il y a eu beaucoup d'amour, mais pas que. Un soir d'octobre 1994, le joueur formé dans la capitale va inscrire l'un des plus beaux buts de l'histoire du club à Caen. Au final, on préfère ne garder que cette image en tête quand on pense à Francis, tant Cisco aimait le club. La réciproque n'a pourtant pas été toujours évidente.

Pour certains, « Cisco » est un chanteur black aux cheveux dorés, falzar en cuir rouge et R&B immonde avec la chanson Thong song. Pour les puristes, c’est une légende du Paris Saint-Germain. Quand on parle de Francis Llacer à un supporter du PSG, il n’a qu’un seul mot à la bouche : Caen. Et pour cause, c’est sur la pelouse caennaise de Michel-d’Ornano que Francis va à jamais laisser son empreinte. Nous sommes le 1er octobre 1994 et les hommes de Luis Fernandez sont en Normandie pour y défier la bande à Kennet Andersson. On joue la 55e minute et le score est toujours nul et vierge. La suite va hanter l’émission Téléfoot et son mythique « Top but » pendant dix mois. Daniel Bravo adresse une petite balle piquée sur la droite à Francis Llacer, placé à trente mètres des buts de Dutruel, dans le prolongement de l’angle de la surface. Sans vraiment savoir pourquoi, le joueur arme une reprise du droit que personne n’aurait tenté. La balle va finir dans les ficelles, coin opposé, après une trajectoire parfaite. « À l’entraînement, je n’en avais jamais réussi un comme ça » , lâche même Llacer, à la fin du match. La légende Cisco est en marche. Celle d’un garçon tombé amoureux du club de la capitale à sa naissance.

Les Llacer habitent à Chalifert, un village de 700 habitants en Seine-et-Marne. Francis découvre le bitume du Parc des Princes à l’âge de 8 ans. À 13 ans, il entre au centre de formation de la capitale. Le début de son rêve. Car au fond de lui, Francis n’aime que le Parc et le PSG. Un Alexy Bosetti avant l’heure. Jeune, il fréquente assez régulièrement les marches du KOB. C’est son domaine, son péché mignon, sa soupape de décompression. Dès lors, difficile pour lui d’imaginer percer ailleurs que dans la capitale. Jeune, il fait ses classes au Camp des Loges avec Vasseur, Reynaud, Dutruel, Kokkinis ou encore Nouma. Très vite, il s’invite chez les professionnels. Au milieu de Weah et Ginola, le bronzage « eskimo » de Cisco détonne. Défenseur, milieu, latéral, Llacer joue où il veut. Où il peut, en fait. Mine de rien, le lascar tape l’incruste avec les Espoirs français où il porte même le brassard. « Quand il faut tirer une machine, il est toujours là » dit-on de lui chez les jeunes. Pourtant, le garçon ne va jamais vraiment confirmer et il va s’entêter dans le club de la capitale. Là où son cœur bat.

120 secondes pour un jaune

« Je n’ai pas de poste de prédilection. Qu’on me mette sur une barre transversale, du moment que je porte le maillot du PSG ! » Voilà comment Cisco voyait son avenir au PSG en 1994, quand Artur Jorge ne savait pas vraiment où le faire jouer. C’est con car Francis comprend mieux le club que quiconque : « À Paris, on doit gagner parce que la victoire est normale » , avance-t-il dans la presse à la même époque. À Paname, il va finalement s’épanouir avec Luis Fernandez qui, comme lui, avait le PSG dans les veines. Entre les deux hommes, la filiation est évidente. Trop même. À tel point que le garçon devient une mascotte. Un épouvantail anti-marseillais. Une caution. Comme lors de ce Paris-OM de 2002 où il entre à la 84e. 120 secondes plus tard, il prend un jaune sans avoir touché le ballon. Assurément pas le joueur le plus talentueux de l’histoire du club, Cisco a réussi à rester dans le cœur des suiveurs du club par sa « communication » parisienne. Alors qu’il est prêté à Saint-Étienne, il vient saluer le parcage parisien en montrant le maillot parisien qu’il planquait sous sa liquette verte. Il est comme ça, Cisco.

Justice et palmarès

Si Llacer a souvent divisé dans les rangs des suiveurs du club, l’amour que portait l’homme au PSG n’était pas divisible car entier. Irréfléchi. Rien d’anormal de voir les deux parties se séparer dans la douleur d’une décision de justice. Francis ne pouvait pas partir simplement. C’est aussi le début de sa descente aux enfers. En 2003, il est donc licencié du club. Criblé de dettes, Cisco produit de faux documents pour obtenir des avances sur salaire de la part du club. Bien entendu, il se fait prendre… Entre Laurent Perpère, alors président parisien, et le joueur, le match se termine sur le plan juridique. C’est la fin de sa carrière de joueur. Au lendemain de son licenciement, le PSG affronte l’AJ Auxerre au Parc des Princes. Ce match-là, Llacer va le passer au milieu du KOB. Avec les siens. Bien loin de ses titres acquis avec le PSG (un titre de champion, une Coupe de la Ligue, une Coupe des coupes et deux Coupes de France). Alors qu’il aurait aimé continuer son aventure parisienne autrement (staff, entraîneur de la réserve), il est obligé de couper les ponts. Son licenciement est une cicatrice encore ouverte même si, depuis, la cour d’appel de Paris a condamné le club à lui verser 400 000 euros de dommages et intérêts.

Hôtel et canassons

Il ne s’en est jamais vraiment remis, d’ailleurs. Depuis, il survit. L’an dernier, il devient le nouveau propriétaire d’un complexe équestre appelé « Horseland » , dans la région d’Armentières. Et placé depuis en redressement judiciaire. Plus récemment, il a placé des billes dans un hôtel deux étoiles de Ronchin, toujours dans le Nord. Une reprise là encore compliquée puisqu’on a parlé de retard de salaires pour l’ensemble du personnel. Une chose est certaine : l’homme est difficilement joignable à son hôtel. Jusqu’au bout, Cisco est resté un garçon à part. Autant de raison pour faire de son caramel normand un OVNI sur son CV. Après tout, on se souvient encore des chants du KOB en son honneur « Come on, Cisco. Come on, Cisco » . C’était autre chose que le tube Thong song.

Par Mathieu Faure

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