Chelsea, le match d’après
Drôle d'atmosphère pour ce premier match des Blues de l'après-Mourinho. Comme un symbole, Chelsea se rend aujourd'hui chez Manchester United, qui l'a dégommé du trône d'Angleterre la saison passée. Pourtant entre Blues et Diables Rouges, l'ambiance s'annonce des plus morose.
C’est étrange. Dimanche, à l’heure du thé, le casting sera encore doré à Old Trafford pour le clash de la Premiership entre Manchester United et Chelsea. Cristiano Ronaldo, Giggs, Scholes, Ferdinand, Nani d’un côté, Terry, Cole, Chevtchenko et Cie de l’autre, avouez que ça fait frétiller la nouille. Ça devrait…Et pourtant, l’attention devrait être concentrée sur un absent. Mais quel absent ! Il va falloir s’y faire, Jose Mourinho n’ambiancera plus le banc de touche des Blues.
Lourdée juste après le triste nul (1-1) concédé à domicile contre Rosenborg en Ligue des champions, la superstar des entraîneurs regardera donc désormais son équipe s’ébrouer sans lui. De quoi plonger Sir Alex Ferguson lui-même dans une mini-déprime. « Je ne sais pas ce que je vais faire avec mon vin maintenant » . Les deux hommes avaient en effet pris l’habitude de s’envoyer quelques ballons de rouge après chaque match qui les opposait. Comme d’autres partagent une bonne boîte de cigares, entre grands de ce monde.
Le mentor rubicond des Red Devils va donc devoir se trouver un nouveau partenaire de zinc. Et on doute qu’Arsène veuille s’y coller. On ne serait donc pas étonné que Fergie se pochtronne seul avec ses Château-Machin-Chose. Triste. À moins que les joueurs de Chelsea ne viennent lever le coude dans les salons privés d’Old Trafford avec le patron des lieux, en guise d’hommage à leur ancien guide. Car ce n’est rien de dire que la stupeur frise l’état de choc chez les Blues. « Nous sommes tous tristes et choqués, lâche même le très fidèle Ricardo Carvalho. Tous les joueurs ont été surpris par son départ » . Avant que le défenseur central portugais ne se laisse même aller à un petit tacle (bien appuyé quand même) à l’attention de ses patrons. « Pour moi, il n’y a aucun doute, José est le meilleur entraîneur du monde et je ne comprends pas que le club l’ait laissé partir » . On souhaite bien du courage à Avram Grant.
Qui ? Ben, heu…le gars qui a pris la suite de Mourinho, quoi. Avram Grant, Israélien, 52 ans, taureau. Côté foot, Grant a cornaqué les deux Maccabi (Tel-Aviv puis Haifa), la sélection israélienne (invaincue dans le groupe de qualif’ de la France pour le Mondial 2006) avant de filer à l’anglaise vers la direction technique de Portsmouth. Ami personnel (on ne sait jamais trop bien ce que ça veut dire ça) de Roman Abramovitch, Grant, arrivé à Chelsea cet été, n’imaginait peut-être pas pareille promotion au bout de deux petits mois. Ça ficherait presque les jetons un truc pareil. L’avait trop rien demandé Grant. L’était là, regardait juste ce qui se passait, prenait des notes à l’occasions et bing ! À lui le banc ! « Allez, du haut de tes quelques piges israéliennes, vas-donc dire à John Terry ce qu’il doit faire » . Bon, on le rassure, ça ne durera pas. Le temps pour Abramovitch de se retourner et de dénicher autre chose qu’un “nobody”.
À moins que l’ami Grant, secondé par Steve Clarke, le bras droit de Mourinho, ne réserve une divine surprise à tout le monde. En gagnant des matches par exemple. Car avec tout ça, on finirait presque par l’oublier, il y a un très gros match à jouer pour Chelsea. Les trois derniers titres de champion d’Angleterre contempleront l’assistance. Tout simplement. Cependant, les deux équipes affichent des formes plutôt moyennes depuis le début de la saison. Chelsea reste même sur une vilaine série de trois matches sans victoire après son revers chez Aston Villa (0-2) et les deux nuls concédés à Stamford Bridge (0-0 contre Blackburn et 1-1 donc contre Rosenborg). Privés de Drogba et de Lampard, les Blues jouent à l’envers et coincent devant le premier venu (parce que Rosenborg et Blackburn, soyons sérieux…).
Pour sa part, Manchester ne ressemble que d’assez loin à l’équipe flamboyante de l’an passé. Mais les hommes de Ferguson se sont remis dans le sens de la marche avec quatre succès, série en cours, façon minimaliste : 1-0 à chaque fois. À la Chelsea serait-on tenté de dire. Et si, en le dépouillant de son titre, MU lui avait piqué en même temps son modus operandi ? Défense serrée, milieu blindé et attaque raisonnée, la nouvelle hype du “Théâtre des rêves” ? Non, bien entendu. Ferguson ne sait pas faire et quand Rooney sera de retour, il lâchera de nouveau la meute. Mais contre Chelsea, Man Utd devrait conserver son pragmatisme du moment. Surtout que les Blues veulent reprendre leur bien ainsi que leur savoir-faire. « Le match à Manchester United dimanche sera un très gros test pour nous. Notre mission sera de ne pas perdre » .
Manchester gagne-petit, Chelsea ne veut pas perdre. Autant le dire franchement : on ne devrait pas beaucoup se marrer. À ce rythme, on va être quelques-uns à vouloir aller s’en siffler un petit avec Fergie.
Dave APPADOO
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