CDF – Carquefou saigne l’OM
Tout a une fin. A un moment, l'épopée doit stopper net. Les amateurs remballent leur maillot «Pitch» dans le même carton que celui qui contient leurs souvenirs et leurs regrets. Hier, Carquefou a décidé de repousser la date du déménagement. Invitée à donner un dernier coup de main, l'OM reste finalement coincée dans l'ascenseur, et Pape Diouf n'a visiblement jamais travaillé chez Otis.
Carquefou (CFA 2) – Marseille (L1) : 1-0
Thomas Letapissier, Baptiste Lafleuriel, Yohan Mourin…Non, ces sportifs qui font l’actualité ne sont pas des hockeyeurs de la NHL. Outre leurs blases à consonance québécoise, les footballeurs de Carquefou ont largement mérité le droit d’aller flamber au night-club ligérien le plus en vogue.
Minutieux dans leurs précieuses sorties offensives, les “Ligériens bretons” ont réussi à gagner sans être spécialement aidés par les cieux. Hier, CFA 2 a rimé avec cohérence, Alban Joinel avec Andreas Köpke, et N’Doye avec ballon d’or. Le Sénégalais a en effet profité d’un placement approximatif de la ligne défensive pour partir seul au but (Doudou Faty n’aurait pas d’alibi). Entre-temps, il a croisé Carrasso qui pique-niquait en solo à une vingtaine de mètres de son taudis. Un plat du pied plus tard, Carque-ouf sait ce qu’il lui reste à faire : tenir le choc en misant sur les doutes phocéens et la crête de Djibril.
Après un début d’année 2008 faste qui avait confirmé les bienfaits du travail de Gerets et la prise de conscience des principaux joueurs accusés, l’OM est copieusement retombé dans ses travers, sur la lancée de sa désillusion russe et de sa mi-temps cauchemardesque affichée à Bollaert. Ainsi, Nasri a endossé un costume de sous-Meghni callipyge dans lequel il semble bien plus à l’aise que celui qui l’avait propulsé précipitamment international indispensable ; Cissé est redevenu une menace pour les siens ; quant à Karim Ziani, il est resté Karim Ziani.
Si les Marseillais pouvaient arracher un semblant de satisfaction au milieu de cette violente sortie de route, elle s’appellerait probablement Charles Kaboré, seul maillot orange à avoir attaché sa ceinture avant le crash, du moins jusqu’à une demi-heure de l’accident fatal. L’ancien milieu de terrain libournais évoluait il y a encore quelques mois sur Terre et loin des paillettes, d’où une application technique louable comparée à ses confrères de misère.
Les déclarations du coach belge donnent presque envie d’arrêter de tirer sur l’ambulance : « Le but arrive tôt, puis la peur. Je ne sais pas pourquoi. Probablement que cette élimination nous fera plus de mal que celle en Coupe de l’UEFA. Ils ont mérité la victoire » .
Il n’a pas plu hier sur la Beaujoire, mais les yeux carquefoliens et les sous-vêtements marseillais ont fini humides.
Bordeaux (L1) – Lille (L1) : 2-0 (a.p.)
Façon Ligue 1, Lille a réussi à arracher un joli point en terre girondine. Problème : un nul en coupe se transforme en une demi-heure de rab pas forcément bienvenue avant d’aborder la dernière ligne droite en championnat.
Orphelins de leurs deux hommes en forme (Wendel et Cabaye), les deux équipes ont attendu que Laurent Blanc effectue un coaching gagnant pour désigner l’heureux élu. Lolo a prouvé qu’il savait disputer une cup sans la balancer (remember Anderlecht). Fernando (96′) et Bellion (115′ gros coup de tronche), rentrés en cours de match, ont planté un but chacun. 66% des remplaçants utilisés par Blanc ont donc scoré, une statistique qui aurait pu être étoffée si “la magie de la Coupe” avait offert à Jurietti l’opportunité de faire trembler le grillage de Tony Sylva.
Lorient (L1) – Metz (L1) : 0-1
Habituellement, les supporters sont attachés à la plus vieille compétition hexagonale et les entraîneurs ont parfois la fâcheuse manie de snober cette coupe en pratiquant le turnover.
A Lorient, Christian Gourcuff a encaissé le coup de sifflet de M.Coué comme un gros coup de massue, d’autant que les titulaires opérationnels étaient tous alignés. Les maigres 5700 spectateurs venus remplir (façon de parler) le Moustoir semblent suffisamment explicites pour définir l’effervescence populaire que véhiculait le parcours des Merlus.
En face, Yvon Pouliquen continue d’avancer sur le chemin de la dignité. Après avoir taxé Strasbourg (0-3) au tour précédent, les Grenats ont éliminé un nouvel ancien club dirigé par leur actuel coach. Le buteur providentiel Vincent Bessat sort de nulle part pour y retourner dès ce week-end.
Amiens (L2) – Arles (N) : 1-1 (4-2 au tab)
Les Arlésiens peuvent remercier Titi Buengo ! En effet, si l’Angolais n’avait pas égalisé au fin fond des arrêts de jeu, l’exploit des Buccorhodaniens auraient été éclipsé par la perf’ de Carquefou.
La Licorne a longtemps grondé hier soir, mais au moment où Fafa Fiorèse a converti le premier tir au but de la série, tout est devenu plus clair…
Ce matin, Arles se trouve dans les Bouches-du-Rhône, Marseille en enfer…
Matthieu Pécot
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