Bundesliga : Un monde fou, fou, fou
Dans le monde merveilleux de la Bundesliga, les surprises succèdent aux hold-ups, les incohérences remplacent la logique pure et la raison supplée la démence. Les vainqueurs d'aujourd'hui sont toujours les perdants de demain sauf lorsqu'ils s'appellent Hambourg, Leverkusen ou mieux, Francfort, les derniers invaincus. Pour combien de temps ?
Cette saison, le VFL Wolfsburg a décidé d’emprunter les montagnes russes. Pas de demi-mesure et mépris intégral pour les matchs nuls. Six journées : trois victoires, trois défaites et improbabilité à toute heure. Contre le CSKA Moscou (3/1) mardi, Grafite y était allé de son hat-trick ; vendredi soir, Edin Dzeko, son compère bosniaque, a rééquilibré les comptes en inscrivant les deux buts de la victoire à Gelsenkirchen (2/1). Contre Schalke 04, l’équipe de Félix Magath, leur ancien démiurge, les champions d’Allemagne ont compensé le déficit de leur balance intérieure (deux défaites en trois matchs à la maison contre zéro pour toute la saison dernière). L’escadrille d’Armin Veh (champion avec Stuttgart en 2007) n’a plus aucune limite et la plupart de ses apparitions provoque une avalanche de buts. Au reste, elle pourrait fort bien se qualifier pour les 1/8èmes de finale de la Champions alors qu’elle était placée dans le quatrième chapeau. Man’ United a eu le bon goût de s’imposer à Istanbul contre le Besiktas.
A propos d’Europe, de Bundesliga et de vases communicants, le VFB Stuttgart, troisième l’an passé, ne cesse de se surpasser pour faire chialer toute la Merco-Benz Arena. Rejoints dans le dernier quart d’heure (1/1) par les Rangers en Europe, les coéquipiers de Mathieu Delpierre se sont surpassés samedi après-midi en se déchirant à domicile contre la lanterne rouge, les ballots de Cologne (0/2). A l’inverse, Hoffenheim et le Bayern viennent d’obtenir leur troisième victoire de rang après des débuts tumultueux. Les champions d’hiver de l’an dernier ont arraché, aujourd’hui au Borussia-Park, une de ces victoires qui importent en fin de saison (4/2). Mené (0/2 au bout de 17 minutes) par un ‘Gladbach extatique, le TSG a fini par inscrire trois buts entre la 86ème et la 90ème minute !!!
Ribéry de son côté a appris qu’il ne faut pas trop fayoter avec les profs soupe-au-lait puisque le “french talisman” cira une fois de plus le banc. Après son but à Haïfa en semaine, van Buyten s’est de nouveau improvisé buteur implacable (83ème) dans le derby bavarois contre Nuremberg (2/1). Pour une fois, Thomas Müller, le tout nouveau parfum de l‘été, ne s’est pas montré décisif. Avant les matchs de ce dimanche, les Munichois et les gars du land de Bade-Wurtemberg (là-même où Stuttgart est devenue la banlieue d’Hoffenheim) émargent à la troisième place en compagnie de Mayence, le promu enragé.
Cette année, les Berlinois ont eu le nez creux en débutant la saison avec les championnats du monde d’athlétisme. Le Hertha a débuté par une victoire le premier jour, début août, et puis black-out. Quatre défaites à la suite. Comme si Usain Bolt avait éteint la lumière du stade olympique. Candidat au suicide, le Hertha (4ème l’an passé) marche déjà sur du verre. Jeudi, la “Vieille dame ” a concédé le nul contre l’épouvantail letton du FK Ventpils (1/1) en Europa cup ; trois jours plus tard, il joue à la roulette… russe contre Fribourg ; la lanterne rouge contre l’avant-dernier.
A l’autre bout du pays, les trois derniers invaincus du championnat ferrailleront pour conserver leur rang. Leverkusen et Hambourg possèdent le même cursus : un nul à l’entame puis cinq victoires consécutives. Les deux équipes avaient beaucoup à se faire pardonner. Longtemps en lice pour un triplé historique, le club hanséatique s’est bêtement fait entourlouper la dernière finale de la Coupe de l’UEFA par le Werder après s’être écroulé en championnat. Il a changé d’entraîneur (Labbadia, celui du Bayer à la place de Martin Jol), des cadres sont partis (dont Olic au Bayern), d’autres sont arrivés (Zé Roberto, Rozenhal) et une flopée de gamins (Berg, Elia) en provenance de championnats d’Europe du nord laisse augurer des lendemains qui jerkent. Les dirigeants de Leverkusen ont troqué Bruno Labbadia pour Jupp Heynckes et s’engagent dans une politique de jeunes, tournée vers l’Europe centrale. Bayer, le groupe chimique et pharmaceutique, avait cassé sa tirelire pour s’offrir un stade ultra moderne, la Bay Arena. Pour fêter ça, le club termine dans le ventre mou du classement mais s’offre une finale de coupe. Pour mieux la perdre. Et c’est le Werder qui poinçonne le dernier coupon pour la scène continentale.
Ces deux-là ont débuté l’année le mors aux dents en allant gagner chez le champion sortant Wolfsburg. Histoire de plomber le passé. Ironie du calendrier, le Bayer retrouvera à la BayArena son tourmenteur de la finale de la coupe, le Werder, septième au matin de cette 6ème journée. Une formation de Brême surprise lors de la 1ère journée par la plus grande incongruité de ce championnat dingo, l’Eintracht Francfort (2/3). Une armée de fantassins inconnus transfigurée par Michael Skibbe, un jeune coach… licencié cinq mois auparavant (de Galatasaray) et qui entraînait le… Bayer Leverkusen, entre 2005 et 2008. Au Commertzbank de Francfort cet après-midi, les fans rêvent de voir tomber le Hambourg SV, que la meilleure défense de la ligue (l’Eintracht avec Hoffenheim) triomphe de la meilleure attaque (3 buts/match pour le HSV). Deux heures plus tard, le Bayer et son buteur semi-automatique, Stefan Kiessling, tenteront de préserver leur invincibilité et d’enquiller une cinquième victoire de suite aux dépens du Werder, invaincu lui depuis la 1ère journée.
6ème journée :
FC Schalke 04 (3)-VFL Wolfsburg (11) 1/2
Hanovre 96 (12)-Borussia Dortmund (14) 1/1
Bayern Munich (5)-Nuremberg (13) 2/1
VFL Bochum 1848 (15)-FSV Mayence 05 (8) 2/3
VFB Stutttgart (12)-FC Cologne (18) 0/2
Borussia Mönchengladbach (9)-TSG Hoffenheim 1899 (7) 2/4
Dimanche :
Eintracht Francfort (4)-Hambourg SV (1) (15h30)
Bayer 04 Leverkusen (2)-SV Werder Brême (6) (17h30)
Hertha BSC Berlin (17)-SC Fribourg (16) (17h30)
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