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Bruce Arena, made in America

Par Romuald Gadegbeku, à New York
Bruce Arena, made in America

« Rendons le soccer aux Américains ! », c’est en substance ce qu’a réclamé Bruce Arena à cor et à cri de 2011 à 2016. L’ancien gardien de but a développé une critique acerbe contre Jürgen Klinsmann, reposant moins sur les choix tactiques ou techniques de l'Allemand, que sur le lieu de naissance des joueurs sélectionnés. Le retour d’Arena à la tête de l’US Soccer, comme son premier passage, de 1998 à 2006, indique que le New-Yorkais n'est pas à une contradiction près. Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais.

« Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance » , disait le candidat Hollande. À sa façon, le candidat Bruce Arena avait trouvé son adversaire avant de retourner sa veste. Un opposant qu’il dégomme façon Quake III Arena à coups de critiques répétées. Ce rival, c’est Jürgen Klinsmann et sa politique, celle d’incorporer dans son équipe des joueurs nés loin des frontières américaines. Arena était déjà depuis longtemps candidat à un poste qu’il a connu de 1998 à 2006, une aventure qui s’est terminée par le goût inachevé d’un contrat non renouvelé après une Coupe du monde ratée. En 2013, le New-Yorkais, visionnaire, déclarait alors à ESPN magazine : « Les joueurs de l’équipe nationale devraient être – c’est mon sentiment – américains. S’ils naissent tous à l’étranger, nous ne ferons aucun progrès. » Seulement un an plus tard, les Ricains effectuaient une Coupe du monde honnête (élimination en huitième de finale après prolongation face à la Belgique), avec leurs six binationaux, dont la plupart nés en Allemagne, et qui comme Fabian Johnson ou Jermaine Jones ont été les fers de lance de l’équipe lors du Mondial brésilien.

Foreign-born ban

Aux États-Unis, où sport et patriotisme sont particulièrement liés, où on sue pour sa nation et son drapeau, où chaque match de NBA, de NFL, de NHL, de MLS est précédé de The Star-Spangled Banner (l’hymne national), Arena n’a pas tardé à se trouver des soutiens de poids pour lui emboîter le pas, avec deux légendes du soccer. Son ancien poulain, Landon Donovan, et surtout Abby Wambach. La meilleure buteuse de l’histoire du football de la sélection (184 buts) appelait tranquillement la Fédération américaine à virer Jürgen Klinsmann fin 2015. « Il ne prend pas soin de développer la formation. Et la manière dont il a amené ces gars de l’étranger n’est pas quelque chose à quoi j’adhère » , affirmait-elle. Pas finaude. Bruce Arena, alors du côté des LA Galaxy, observe la sélection du coin de l’œil, au sortir d’une Gold Cup 2015 décevante (élimination par la Jamaïque en demi-finale), et avant la Copa América Centenario à laquelle les States sont conviés, mais surtout il n’oublie pas de critiquer, l’amour de la patrie chevillée au corps. Moins virulent que la buteuse peroxydée, il affirme au micro d’Alexi Lalas, ancien international américain, pour Fox Sports : « En tant que joueur, tu dois représenter ton pays avec fierté, c’est une caractéristique importante pour moi. Être concerné par ton pays, par ton équipe, la manière dont tu la représentes sur le terrain, ça doit être le plus important. Si tu ne peux pas faire ça, c’est un problème pour moi que tu sois né à Kansas City ou à Berlin. » Bruce y est presque. En novembre dernier, après deux défaites lors des deux premiers matchs de qualification pour la Coupe du monde 2018 du onze US, l’Allemand est démis de ses fonctions.

Bruce tout-puissant

Le pouvoir est un excitant. Sa large mâchoire desserrée, les yeux remplis d’extase, Bruce rit. La conférence de presse marquant le come-back d’Arena se déroule sous le signe du rassemblement. « J’accueillerai tous les joueurs qui sont éligibles, déclarait le recordman de victoires à la tête de la sélection (74) avant de préciser : je veux juste m’assurer que quand les joueurs évoluent avec le maillot des États-Unis, ils jouent pour l’emblème qui est dessus, c’est important pour moi. » Depuis le retour d’Arena en novembre dernier, les USA sont invaincus sans pour autant être transcendants, et les binationaux tant critiqués n’ont pas disparu, loin de là. John Brooks (VfL Wolfsburg) et Fabian Johnson (Borussia Mönchengladbach), titulaires lors de la victoire contre Trinité-et-Tobago vendredi (2-0), demeurent deux rouages essentiels de l’équipe malgré leur lieu de naissance. Fragiliser Klinsmann par le biais de critiques répétées, sincères ou pas, telle était l’idée d’Arena. Avant de penser que le maillot américain sied mieux aux joueurs nés aux USA, Arena pense d’abord qu’ « un Américain doit être le coach de l’équipe nationale » , comme il l’expliquait au New York Times en 2014. Par « Américain » , il se désignait sans doute lui-même, qui sait ? Ce qui est certain, c’est que Bruce Arena sait le pragmatisme qu’imposent l’exercice du pouvoir et la nécessité de la victoire. En 2002, c’est bien lui qui a amené les États-Unis en quarts de finale de la Coupe du monde au Japon et en Corée avec… un, deux, trois, quatre, cinq – oui, cinq – binationaux dans son effectif.

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