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Brandao ébranle l’OM
Dassier se serait bien passé de la solidarité maladroite des “potes” de Brandao à Rennes alors que Deschamps n'y a vu qu'un bon signe sur l'état de son groupe. Petit retour sur ce qu'on appelle “l'affaire Brandao”.
Les faits, d’abord. Dans la nuit du 1er au 2 mars, Brandao part se ressourcer à Aix-en-Provence, dans la boîte VIP du coin, le Mistral. Le Brésilien guinche, s’en met dans le cornet et fait une belle rencontre, Rachel, fille d’un élu aixois et sœur d’un agent proche de l’OM. Brandao sort le grand jeu et propose son Porsche Cayenne en guise de taxi pour raccompagner son flirt. C’est lorsqu’il s’arrête sur une aire d’autoroute, que la romance dérape… Quelques heures plus tard, Brandao se retrouve comme une fleur à la Commanderie pour l’entraînement. Seulement, le 4 mars, Rachel porte plainte pour viol contre Brandao. Maître Daoud, ancien avocat d’Eunice Barber et Tom Boonen, explique le déroulé classique : « La plaignante subit un examen médico-légal, un examen médico-gynécologique qui trouvera des traces d’une relation sexuelle très récente. Il suffira que sa parole soit crédible et/ou qu’elle soit complètement bouleversée pour qu’on vienne pour vous demander des explications. Et on n’ira pas vous chercher forcément avec un carton d’invitation et des fleurs » . Le 8 mars, la cavalerie perquisitionne le domicile de l’attaquant phocéen et place le joueur en garde à vue. Le 10 mars, on monte encore d’un cran, avec la mise en examen, notifiée par la juge d’instruction Laëtitia Ugolini, pour viol. Le Brésilien est depuis rentré au pays, pour enfiler son costume d’agriculteur dans son “ranch” précise Le Parisien.
La suite de la procédure
La juge Ugolini, doit désormais monter un dossier d’instruction à présenter au Procureur de la République qui aura trois mois pour émettre son avis. Trois options possibles pour madame la juge : non-lieu si le dossier est trop maigre, la Cour d’assises pour motif de viol, ou le Tribunal correctionnel si le viol est requalifié en agression sexuelle. En Assises, Brandao serait soumis au jugement de jurés, et risquerait au maximum quinze ans. En Correctionnel, il serait face à des magistrats professionnels, et “concourrait” pour une peine de sept ans maximum. Pour information, voici la définition d’un viol en termes juridiques, dictée par Maître Daoud : « Même si une fille qui vous a charmé, vous a séduit, vous semble consentante voire ardemment consentante, si à un moment donné, elle vous dit non et que vous poursuivez, là, dans la loi, c’est considéré comme un viol. Il y a viol dès lors qu’il y a pénétration sexuelle sous la contrainte, la violence ou la surprise » .
Les réactions marseillaises
Dans un premier temps, les joueurs de l’OM ont plutôt fait profil bas, surtout que les noms de membres de l’effectif ont surgi dans la presse comme étant d’anciennes conquêtes de la victime présumée. D’où la venue de la Brigade des moeurs à la Commanderie pour interroger le staff et joueurs phocéens le mercredi 9 mars. Le 11, sur le terrain de Rennes, l’OM réagit bien et l’emporte 2-0. Stéphane M’Bia, toujours à côté de la plaque lorsqu’il s’agit de communiquer, part lui fêter la victoire en fin de rencontre, maillot de Brandao dans les mains, face au kop marseillais, qui répond par une bronca. Bien vu Stéphane. Alors que Deschamps y voit « un clin d’oeil » , un message de solidarité envers un joueur « apprécié du groupe » , Dassier enrage dans les colonnes de L’Equipe : « C’est une maladresse, je regrette de ne pas avoir été prévenu (Deschamps l’était, ndlr). Sinon, je serais intervenu pour trouver une solution. Il y avait d’autres moyens, moins spectaculaires, de témoigner leur amitié à leur camarade. Ce n’est pas aux joueurs de trancher dans cette affaire, mais à la justice » .
Côté OM, on ne peut en effet trancher que sur les circonstances de l’affaire. Dassier toujours, après la notification de la mise en examen de son poulain brésilien : « A 5-6 heures du matin, le matin d’un entraînement, et à quatre jours d’un match ô combien important contre Lille, il n’était pas dans un état tout à fait normal, après forte imprégnation d’alcool, selon tous les témoignages. Cela, ce n’est pas acceptable » . Quoi qu’il en soit, le président olympien devra trancher dans le lard au retour du Brésilien en France d’ici une grosse semaine, avec le souci de contenter Margarita Louis-Dreyfus, désireuse de privilégier avant toute chose l’image du club champion de France.
Quelles sanctions pour Brandao ?
Il faut clairement avoir à l’esprit que, tant que l’instruction est en cours, l’OM ne pourra sanctionner Brandao que sur le motif de l’alcoolisation tardive et manquement à un comportement professionnel. Un licenciement ne peut pour l’instant être étudié. Maître Daoud explique : « Le Droit du Travail n’autoriserait pas, ipso-facto, le licenciement de Brandao, mais si j’étais consulté, et que le joueur était condamné de façon définitive pour infraction pénale de cette nature, je dirais à son employeur qu’il peut le licencier. Parce qu’on trouvera toujours le moyen de rattacher ça à la mauvaise image de marque du club, à sa réputation, sans compter qu’une charte sur le comportement a pu être signée en interne » .
Enfin, si des rumeurs annonçant un départ de l’ancien joueur du Shakthar vers la Russie et les pays du Golfe fleurissent dans les médias, elles tiennent cependant peu la route…pour le moment. Qui voudrait d’un joueur mis en examen pour viol ? Qui voudrait de cette patate chaude ? Pourquoi acheter un joueur qui, quelques mois plus tard, pourrait très bien se retrouver derrière les barreaux ? Pour terminer, rappelons tout de même que Brandao est présumé innocent.
Ronan Boscher
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