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Bleus : et au-delà du job ?
Après un nul embarrassant face à l'Ukraine (1-1) et une victoire à l'expérience au Kazakhstan (0-2), les Bleus sont mercredi soir à Sarajevo pour boucler une parenthèse internationale qui n'aura pas rassuré grand monde.
« Le job. » Ça, et pas grand-chose d’autre. Deux buts, un seul tir cadré concédé, trois points. Juste de quoi s’éviter une gueule de bois, mais pas de quoi faire décoller le palpitant. Au fond, l’important n’était pas là, on l’a définitivement compris après coup, lorsque Didier Deschamps, invité à évoquer le niveau de jeu affiché depuis quelque temps par sa brigade de champions du monde, s’est élancé ainsi : « Chacun est libre d’attendre ce qu’il veut. L’équipe de France est performante et continue de l’être. On fait beaucoup de bonnes choses. Ce n’est facile pour personne. Il y a un adversaire, l’enchaînement de matchs, plus tout ce qu’il y a avant… Ce ne sont pas des excuses, mais j’ai dit aux joueurs lors de la causerie de faire le job : de gagner. C’était ric rac, mais ils l’ont fait. » Quatre jours après un nul inquiétant face à l’Ukraine (1-1), les Bleus ont donc ramené dimanche une victoire inégale du Kazakhstan (0-2) et sont attendus, mercredi soir, à Sarajevo, pour encore « faire le job ». Qu’attendre de plus au bout d’un stage où l’équipe de France a joué tous les trois jours, passé la moitié de son temps dans les airs et où son sélectionneur n’aura même pas eu le loisir de diriger la moindre séance collective ? Pas grand-chose dans un monde normal, sauf que celui dans lequel on vit ne l’est pas totalement. Un match à huis clos, où tout est feutré, austère et froid, oblige à se focaliser sur le jeu, les hommes et, à un peu plus de deux mois de l’Euro, tout le monde n’a évidemment que ça en tête, surtout lorsque l’équipe de France s’amuse à sortir une seconde période triste comme un bonnet de nuit contre l’Ukraine et qu’elle peine à vraiment mettre du feu sur 90 minutes. À Noursoultan, elle s’est même contentée de quelques étincelles au milieu de grandes accalmies, seulement bousculées par un bon mouvement qui a offert un premier but international à Ousmane Dembélé depuis près de trois ans et par quelques billes sauvées par le vieux Aleksandr Mokin, dont un penalty de Mbappé dans le dernier quart d’heure. Et alors ? « Personne n’était inquiet, donc on n’est pas rassuré, a également soufflé Didier Deschamps après la rencontre. On a pris un point mercredi, là on en prend trois… L’objectif sera de poursuivre avec une victoire à l’extérieur. Je fais en sorte de relativiser. » Et le train avance, cherchant à éviter la surchauffe et les nœuds au cerveau.
Amener les gens devant leur télé
Bien sûr, tout n’est pas rose, loin de là, d’abord car le 4-4-2 asymétrique aligné au Kazakhstan n’a offert que quelques petits grains de folie et n’a certainement pas totalement rassuré Didier Deschamps dans la recherche de solutions en attaque placée. Au rayon des bons points, on retiendra le match de Thomas Lemar, dont le rôle a été clé pour offrir du liant entre les lignes adverses (là où il n’y en avait quasiment eu aucun contre l’Ukraine), les quelques passes audacieuses du duo Pogba-Ndombele, deux joueurs moins neutres qu’Adrien Rabiot dans leur expression, ou celles de Lenglet, et la bonne copie rendue par Lucas Digne, qui n’a pas hésité à se projeter et a aidé les Bleus à maintenir une certaine hauteur de bloc (6 ballons récupérés dans le camp adverse). L’objectif du moment de Deschamps est d’entretenir une dynamique, de voir une équipe équilibrée (ce qu’il n’a pas vu contre l’Ukraine) et d’assurer une continuité dans les résultats. Pour le reste, il avouait en début de stage qu’il aurait le temps d’y penser lors de la phase de préparation à l’Euro. Dans ce cadre, voilà la Bosnie, qui a été arracher un nul en Finlande (2-2) lors de la première journée, mais qui n’a surtout plus remporté le moindre match à domicile depuis octobre 2019. « On s’attend à ce que la Bosnie réalise un grand match, a tenu à prévenir Hugo Lloris mardi après-midi, lui qui s’apprête à souffler sa 123e bougie internationale, ce qui permet au gardien français d’égaler Thierry Henry au deuxième rang des tricolores les plus capés de l’histoire. Notre réponse devra être collective. Il faut avoir l’ambition d’aller chercher l’adversaire. Ensuite, il va falloir, avec le ballon, mettre du rythme et de l’intensité, créer des largeurs, bien gérer les temps faibles, appuyer sur nos temps forts… » Du plus vite, du plus fort, du plus varié, du moins monocorde, du plus malin pour ouvrir des espaces face à des adversaires qui n’en offrent aucun : on connaît la musique. Puis, mardi après-midi, avant de filer, Didier Deschamps a été interrogé sur la baisse des audiences, qui reste un indicateur, surtout lorsque l’équipe de France joue un dimanche après-midi. Réponse claire : « Si je dois en plus me préoccuper des audiences… Le dimanche, à 15h, les gens ont peut-être autre chose à faire que regarder Kazakhstan-France. » Mais comment les ramener sur le canapé ? L’enjeu est peut-être aussi là.
Par Maxime Brigand