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Barkley, l’espoir s’élève

Par Maxime Brigand
Barkley, l’espoir s’élève

Symbole de la nouvelle génération du football britannique, Ross Barkley est à un tournant. Le gamin de Liverpool, génie longtemps préservé, porte depuis le début de saison l'équilibre de son Everton et semble enfin en passe de faire taire les comparaisons. Car il n'y a qu'un seul Paul Gascoigne, un seul Wayne Rooney, et que tout le monde doit se souvenir de Ross Barkley. L'histoire n'attend pas.

Ross Barkley est une représentation. Celle de la passion d’un peuple, de l’amour des observateurs pour un jeu, mais aussi, et surtout, de la pénurie de talents d’une nation. Il est devenu aujourd’hui le symbole des extrêmes, capable de devenir en quelques heures le héros en accord avec son talent ou d’être la cible des critiques les plus nourries d’une presse britannique sévère avec ses génies. Car lui aussi, comme d’autres par le passé, vit avec une étiquette par-dessus son nom sur le maillot. Son sélectionneur, Roy Hodgson, l’a comparé dès ses débuts à Paul Gascoigne. D’autres voix, elles, lui voient des allures de Wayne Rooney. Le tout à seulement 21 ans. Il y a peut-être une raison.

« Pour moi, le football était un jeu d’enfants »

L’image a marqué l’époque. À la fin de l’année 2002, on y voit Wayne Rooney, 16 ans, s’asseoir à côté de son entraîneur de l’époque, David Moyes, en conférence de presse. Everton vient d’enfanter son nouveau prodige et le génie doit se livrer, pour la première fois. Le gamin a déjà la gueule de ses trente ans, la confiance en moins. À peine installé, il saisit une bouteille d’eau pour se rassurer, se cacher derrière une gorgée. Moyes lui glisse, faussement discret, une formule restée dans le temps, et décrite dans l’autobiographie de Shrek : « Eh gamin, utilise ton verre. Là, tu es chez les grands. » Il faut apprendre. Près de dix ans après, Ross Barkley connaît la chanson. Il a observé, scruté ses aînés pour ne pas commettre une faute de style face aux plumes carnassières. Car lui aussi va connaître « les grands » , très tôt. Sur le banc au départ et sur le pré rapidement. À 17 ans, en toute simplicité, de retour d’enfer. Lui rêvait de commencer à 16 ans en première comme son premier modèle, Rooney déjà. Reste qu’à cet âge-là, le jeune Ross est vissé sur le canapé et se remet d’une jambe brisée en trois quelques mois plus tôt lors d’un choc avec son coéquipier Andre Wisdom, joueur de Liverpool, en sélection des moins de 19 ans face à la Belgique.

Premier derby, et premier choc. David Moyes viendra le rassurer le lendemain de la blessure, chez sa mère, et lui promet de l’emmener jusqu’à l’équipe première. Un médecin belge, lui, voit pour Barkley une fin de carrière précoce. Trop facile. De cette épisode, Ross Barkley a tiré sa force de caractère. Un génie ne meurt jamais, même la gueule à terre. Il sera lancé à la fin de l’année 2012, sera élu homme du match pour sa première à Goodison Park, et ne s’arrêtera plus. Un voyage à Leeds, à Sheffield Wednesday et un nouveau statut. À son retour, David Moyes a foncé dans le mur à Manchester, Roberto Martínez est arrivé. Tout va alors s’enchaîner. Barkley explose dès sa première saison complète, inscrit six buts en 34 matchs de championnat et impressionne ses partenaires. Les comparaisons arrivent et Tim Cahill lâche même « n’avoir jamais joué avec quelqu’un d’aussi fort que lui » . L’Angleterre le sait. L’élu est enfin là, elle l’a attendu et ne le laissera pas passer. Il est convoqué en septembre 2013, à 19 ans et comprend que l’enfant qu’il était à Liverpool n’est plus : « Jusqu’ici, pour moi, le football n’était qu’un jeu d’enfants. En Premier League, en sélection, j’ai compris que ce n’était plus le cas. Ici, je suis chez les hommes. »

L’homme sans poste

Reste que l’autre débat, découlant de ses performances en club la saison dernière, se situe autour de son positionnement sur l’échiquier. Lui a débuté défenseur central à la Broadgreen International School de Liverpool avec pour modèle d’enfance Rio Ferdinand. Une décision prise par Neil Dewnip, l’homme qui enseigna le foot à Steven Gerrard. Son observation du jeu est très vite un atout, comme sa faculté à percer les lignes avec une technique rapidement inégalée. Tant de qualités qui le feront rapidement monter d’un cran sur le terrain au point de devenir le plus souvent meneur de jeu, derrière Romelu Lukaku. Barkley avance souvent vouloir jouer très haut, voir « buteur » . Roberto Martínez souhaite, lui, l’installer comme son comparatif, Paul Gascoigne, en milieu distributeur et clairvoyant. « Selon moi, le faire jouer dix est une erreur et il évolue là actuellement par défaut. C’est une position castratrice pour Ross. Lui fait partie des génies, son poste est un 8 à l’ancienne, box-to-box » , commenta il y a quelques semaines l’entraîneur espagnol d’Everton.

Alors pour s’installer progressivement, à terme, dans ce rôle, Ross Barkley a bossé tout l’été son physique. Son club a refusé de le libérer pour aller jouer le championnat d’Europe espoirs en République tchèque en juin afin de lui laisser une préparation complète. L’homme se muscle et son jeu s’en ressent depuis le début de saison. Déjà double buteur en quatre journées de championnat, Barkley semble franchir enfin le palier attendu et Roy Hodgson l’a appelé dans ce sens. Reste une problématique constante en sélection : où faire jouer le talent brut dans un 4-3-3 sans meneur ? Jusqu’ici, le jeune homme est toujours entré pour évoluer sur un côté, sans réel succès. L’équation est à résoudre, et Roy Hodgson a un nouveau chantier devant lui. Pour ne pas laisser échapper un nouvel espoir. Pas cette fois.

Par Maxime Brigand

Propos de Ross Barkley issus du Daily Mail, Roberto Martínez de conférences de presse.

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