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Barça, plus qu’une crise

Par Maxime Brigand
Barça, plus qu’une crise

Nouveau week-end de secousses au Barça entre la démission de six dirigeants et certaines suspicions de corruption. Mais comment en est-on arrivé là ?

Le sociologue anglais Herbert George Wells, plus connu sous la signature H. G. Wells, en était convaincu : « La crise d’hier est la blague de demain. » Il est possible que dans quelques années, certains sourires apparaîtront sur certains visages à l’heure d’évoquer les drôles de secousses que traverse actuellement le FC Barcelone. Il est aussi possible que la crise en cours au Barça, un club qui ressemble aujourd’hui à un mille-feuille où les problèmes s’empilent, soit un repère historique dans l’histoire moderne d’une institution qui n’a jamais vraiment aimé le calme. Avancée du week-end : le président barcelonais, Josep Maria Bartomeu, a vu six collaborateurs démissionner, et le quotidien catalan Sport dégainer les premiers éléments de l’audit mené par PricewaterhouseCoopers visant à faire la lumière sur l’affaire dite du « Barçagate » . Quésaco ? Petit rafraîchissement de mémoire et retour au mois de février, date à laquelle l’émission de radio Quà t’hi jugus ( « À quoi jouez-vous ? » en V.F.), diffusée par la Cadena Ser, a allumé la mèche suivante : selon plusieurs sources, la direction du Barça aurait engagé une société de communication uruguayenne – I3 Ventures – afin d’améliorer l’image du club et de s’en prendre sur les réseaux sociaux à plusieurs personnalités liées au FC Barcelone (Messi, Piqué, Puyol, Xavi, Guardiola…).

Dans quel but ? Préparer doucement l’élection présidentielle prévue en juin 2021, pour laquelle Bartomeu ne pourra pas se présenter (il est interdit de briguer un troisième mandat), mais où le chef souhaiterait placer l’un de ses hommes. Placé sous les regards assassins, le Barça avait alors reconnu l’existence de comptes non officiels destinés à préserver la réputation de Josep Maria Bartomeu et du club, mais avait dégagé au loin l’idée d’avoir voulu nuire à certaines légendes bruyantes. « Le club se défendra avec tous les moyens qui sont à sa disposition face à tous ceux qui l’accuse de ce type de pratiques », avait alors plastronné le président, tout en indiquant dans la foulée avoir demandé la résiliation du contrat avec I3 Ventures. Une question : si le Barça n’avait rien à se reprocher, pourquoi avoir résilié ce contrat ?

Réponse avec les éléments publiés par la presse catalane ce week-end. Selon la Cadena Ser, l’opération menée par I3 Ventures aurait coûté près d’un millions d’euros (980 000 euros). Un chiffre qui a alors fait bondir Emili Rousaud, ancien vice-président du Barça poussé à la démission par Bartomeu en fin de semaine dernière (alors qu’il se murmurait qu’il devait être le candidat à la succession du président du Barça), lors d’un entretien donné à la radio Rac1 : « Si le club a payé un million d’euros, cela signifie que que quelqu’un a pioché dans la caisse… » En effet, la facture semble très élevée, et Sport indiquait samedi que sur le marché espagnol, une telle opération aurait dû coûter entre 120 000 et 150 000 euros. Autre point qui fait tiquer : le fait que le Barça ait fait appel à une société uruguayenne, donc issue d’un pays où l’opacité bancaire règne. Selon les informations de Sport, le FC Barcelone se serait alors débrouillé pour verser la somme en cinq fois – cinq virements de 198 000 euros – tout en s’arrangeant pour dribbler les commissions de contrôle (qui vérifient chaque versement supérieur ou égal à 200 000 euros). Face à ces nouvelles accusations, la direction catalane a de nouveau « nié catégoriquement toute action qui pourrait être qualifiée de corruption, et se réserve le droit d’engager les actions judiciaires appropriées ». Seule certitude pour le moment : si Bartomeu entendait déminer les bombes et soigner l’image du Barça, il a surtout, par ses choix et ses actions, allumé le feu. Et on connaît la conséquence : la flamme grandit les yeux.

Soap opera et grand ménage

Ce que l’on sait, c’est aussi que le FC Barcelone ne cesse de marcher sur des morceaux de verre depuis le mois de septembre et la publication dans le Mundo Deportivo d’un article déplorant la toute-puissance des stars du vestiaire barcelonais. Gerard Piqué avait alors expliqué savoir « quels médias sont liés au club et à certains articles », confirmant l’idée d’une direction qui imposerait des contenus à certains médias locaux et sifflant la fin de la bonne entente entre les joueurs et leurs patrons. Depuis, tout s’est enchaîné : Ernesto Valverde a été viré ; sa succession a été un joyeux bordel – Xavi a refusé le poste en évoquant des personnes « toxiques » autour du club, Koeman a également refusé, Pochettino aussi, puis Quique Setién a été choisi en urgence – ; Éric Abidal, secrétaire technique du Barça, a allumé des joueurs « qui ne travaillaient pas » et a provoqué la colère de Lionel Messi, demandant aux responsables du club « d’assumer leurs responsabilités et les décisions qu’ils prennent » ; l’histoire des réseaux sociaux a éclaté ; puis, il y a quelques jours, il y a eu l’imbroglio autour de la baisse de salaire des joueurs, où Messi s’est de nouveau élevé face à ses dirigeants. C’est tout ? Non, car tout ça a eu des conséquences directes, notamment une : Josep Maria Bartomeu veut faire le ménage et souhaite désormais que le conseil d’administration soit uniquement composé de personnes qui pensent au présent et non au futur. La Junta – la direction – a alors été retournée, et les têtes tombent au fur et à mesure, du trésorier du club (Enrique Tombas), à Silvio Elias (porte-parole et dirigeant de l’équipe réserve) et Josep Pont (responsable du secteur commercial), en passant par Emili Rousaud et donc plus récemment par Maria Teixidor (responsable de la section féminine) et Jordi Calsamiglia (président de la commission de discipline).

Dans une lettre envoyée à Bartomeu, ces derniers ne se planquent pas : « Nous sommes arrivés à cette décision après avoir échoué à inverser les critères et les modes de gestion du club face aux enjeux importants de l’avenir et surtout du nouveau scénario postpandémique. Comme dernier service à notre club, nous recommandons que dès que les circonstances le permettent, de nouvelles élections soient déclenchées.(…)Nous avons également demandé à ce qu’une fois les résultats de l’audit connus, soient dévoilées les responsabilités, mais aussi d’éventuelles compensations patrimoniales. » En parallèle, Emili Rousaud a affirmé qu’aucun membre de la direction n’a, selon lui, « pioché dans la caisse ». Mais alors qui ? Certains regards se tournent vers l’ancien directeur de la communication de Bartomeu, Jaum Masferrer, limogé en février après l’histoire des comptes diffamatoires. Pour le moment, c’est surtout un climat de suspicion permanente qui entoure le Barça et des mensonges qui ne cessent de s’entrecroiser… Pour rappel, Josep Maria Bartomeu était venu expliquer le jour de la présentation de Setién que le nouvel entraîneur discutait avec les dirigeants depuis longtemps. Ce qui est faux, car Quique Setién a raconté n’avoir été informé de l’intérêt du Barça que « la veille ». Qui croire ? Que croire ? L’affaire de la réduction de salaire n’a rien arrangé et a même fait sortir de son silence Luis Suárez cette semaine : « De nombreuses choses qui n’étaient pas vraies ont été dites. » De cette période, les joueurs, qui ont accepté une réduction de salaire de 70% et le versement de 2% supplémentaires pour payer les différents employés du club, sortent grandis, alors que Bartomeu patauge. C’est surtout un nouveau coup porté à un président qui avait nommé Emili Rousaud il y a seulement un mois. La blague attendra, un soap opera est en cours.

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