- CAN 2012
- Burkina Faso
Bancé: « Ma teinture, je la tiens de Djibril Cissé »
1,92m, 90 kilos, et une teinture blonde. Aristide Bancé est le genre de beau bébé que l’on ne rate pas sur le terrain. Le puissant attaquant du Burkina Faso est peut-être ce qui se rapproche le plus d’un Étalon. Ce n’est pas parce qu’il joue à Samsunspor qu’il est pour autant la tête de Turc de son pays. Néanmoins, tout le monde au Pays des Hommes Intègres espère que l’homme au numéro 13 portera chance aux siens.
Que représente pour vous la CAN ?
Ça représente beaucoup de choses, surtout que pour moi, c’est la première fois. C’est une fierté de jouer pour le pays. J’ai joué les qualifications, j’ai été buteur contre la Namibie (victoire 4-1 des Étalons à Windhoek, ndlr), donc forcément, ça fait plaisir de se retrouver là.
Avant de rejoindre votre équipe en préparation, vous êtes passé par le pays ou pas ?
Oui, j’ai passé trois jours là-bas. L’ambiance était magnifique, il y a tous les supporters qui disent: « On compte sur vous, on compte sur vous » , au pays, on est déjà dans l’ambiance.
Est-ce que ce ne sont que des encouragements, ou bien vous sentez qu’on vous met la pression un peu, surtout à un type comme vous, qui est attaquant ?
Non, non, ça va, ce sont des encouragements, surtout. Bon, après, il y a ceux qui ne connaissent rien au football et qui parlent, bon… Tu dois accepter, aussi bien le positif que le négatif, surtout quand tu es joueur de l’équipe nationale. Mais déjà, on va laisser tout ça de côté, on va essayer de passer le premier tour, et après on verra…
Avez-vous eu peur à un moment que les Étalons ne disputent pas cette CAN (à cause d’une plainte déposée par la Namibie concernant la falsification supposée de documents concernant la nationalité d’Hervé Zengue, ndlr) ?
Bien avant, déjà, les Namibiens avaient mis la pression. Bon, après, il y a eu le tirage des groupes, et je n’ai plus douté. Ces derniers jours, j’ai vu un peu partout sur Internet des trucs comme quoi le Burkina allait être disqualifié, et cætera, mais je n’y ai pas cru. Pareil pour mes coéquipiers : tout le monde était serein, tout le monde est resté concentré en vue du premier match de poule.
Vous êtes tombés dans le groupe B, avec la Côte d’Ivoire, l’Angola et le Soudan. Vous connaissez vos adversaires un peu ou pas ?
Je connais bien la Côte d’Ivoire, je suis né et j’ai grandi là-bas. L’Angola, je les ai vu jouer, un peu. Le Soudan… Le Soudan, je ne connais pas du tout. Dans ce groupe, s’il y a bien une équipe qui me fait peur, c’est le Soudan. Dans une compétition comme la CAN, quand on connaît une équipe, on est plus calme. Mais là, j’ai plus peur du Soudan que de l’Angola, par exemple. Sinon, la Côte d’Ivoire a de super joueurs, Drogba, Kolo et Yaya Touré, Zokora. Mais nous restons concentrés, on croit en notre chance. En plus, il manque des pays comme le Nigeria, l’Afrique du Sud. On pense que dans cette CAN, il peut y avoir pas mal de surprises. Tout le monde va se battre pour aller le plus loin possible.
Vous avez pensé à un moment jouer pour les Éléphants, ou vous n’avez pensé qu’aux Étalons ?
J’ai débuté dans le championnat ivoirien, et vers 2001-2002, c’est vrai que j’étais bien parti pour jouer avec la Côte d’Ivoire. Bon, après, il y a eu la guerre, tout ça, et je me suis retrouvé au Burkina, mon pays d’origine. Avec eux, j’ai joué la Coupe du monde juniors, avant d’intégrer les grands. Ça me fait plaisir de jouer pour le Burkina Faso. Je ne regrette absolument rien.
Marquer contre eux, c’est un peu un but compte double, alors…
J’ai déjà eu la chance de marquer un but contre eux, c’était en éliminatoires de la Coupe du monde 2010 (le 23 juin 2009, défaite 2-3, ndlr). Je n’ai pas peur. En plus, j’ai déjà souvent marqué contre leur gardien, Barry Copa, que j’ai déjà affronté en Belgique. Ça me donne encore plus de confiance.
C’est quoi l’objectif du Burkina ?
Le plus important, c’est de rester concentrés. Il faut bien commencer contre l’Angola. L’objectif, c’est de passer le premier tour, et après on verra.
Et à terme, est-ce que l’objectif ne serait pas d’aller au Mondial 2014 ?
On va y aller pas à pas. D’abord faire une bonne CAN. Pour l’instant, on ne connaît pas le Burkina Faso. On verra ce qu’il sera possible de faire. Cette compétition, c’est notre chance de montrer ce que l’on vaut. Si on fait un bon parcours, là, on pourra se dire qu’on vise la Coupe du monde. Mais là, on n’y pense pas.
Dans votre équipe, il y a beaucoup de joueurs de Ligue 1, comme Alain Traoré, Jonathan Pitroipa, Charles Kaboré, Bakary Koné… Si on commence à connaître le Burkina, c’est en partie grâce à eux ; est-ce que maintenant, on perçoit le Burkina Faso autrement en Afrique, est-ce que vous avez l’impression d’être considérés comme une équipe sérieuse ?
Je pense que oui. Tout le monde connaît le Burkina, maintenant. Les gens regardent les feuilles de matchs, et cherchent les Kaboré, Pitroipa… Ça fait plaisir, c’est une bonne vitrine pour le pays.
Il y a vous aussi. Aujourd’hui, vous êtes à Samsunspor (Turquie), mais vous avez joué en Allemagne…
J’ai joué deux ans à Mayence (2008-2010, ndlr) avant de partir à Dubaï puis au Qatar. Beaucoup n’ont pas compris mon choix. C’était un choix personnel. Maintenant, je suis en Turquie, et je vais essayer de me montrer durant cette CAN, de marquer un maximum de buts.
Où situez-vous le Burkina Faso par rapport aux grands d’Afrique ?
Avant, on parlait beaucoup du Cameroun. Aujourd’hui, on parle beaucoup du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Les gens parlent de plus en plus du Burkina, et ça, ça fait plaisir. Si on continue de bosser comme ça, dans cette superbe ambiance, on peut aller très loin.
Vous le trouvez comment, votre nouveau maillot (vert, avec deux Étalons qui se font face) ?
Je le trouve vraiment très bien, il claque, ce maillot ! Je suis bien dedans, j’ai de bonnes formes, j’ai pas un gros ventre, donc c’est cool. Si tu as un gros ventre, tu peux avoir des problèmes. Mais nous, on est jeunes.
Vous avez encore votre teinture blonde, là ?
Oui, toujours.
On peut pas vous rater sur le terrain, alors.
(il rit). Non, on ne peut pas. C’est à cette coiffure qu’on me reconnaît. Ça fait sept ans que je l’ai.
Ça représente quoi, cette coiffure, pour vous ?
Ça remonte à une dizaine d’années. A l’époque, j’aimais beaucoup Djibril Cissé, sa force de frappe, sa force de pénétration. Il a fait beaucoup de choses dans le championnat français. Il a été beaucoup critiqué, mais c’est un super joueur. Je continue encore à l’aimer, ce joueur, je continue à suivre ce qu’il fait, même s’il a des moments difficiles, c’est quelqu’un qui a du caractère, qui a beaucoup de courage. J’ai beaucoup aimé sa coiffure, j’ai essayé une fois, et beaucoup de gens m’ont dit que ça m’allait bien, donc je l’ai gardée.
Aristide Bancé, le numéro 13. Je voulais vous poser une question par rapport à la chanson des Étalons. Vous dites que vous allez gagner « match aller-aller-retour » . C’est pas grave si c’est pas possible pendant la CAN ?
Mis à part le match contre la Côte d’Ivoire, personne ne nous a battus. On a battu la Namibie aller-retour par exemple. Ce genre de choses nous donne la confiance. On joue pour gagner. C’est tout ce qui fait un groupe. En ce qui concerne la CAN, il n’y a pas d’aller-retour. Néanmoins, je pense qu’il y aura un match de poule où il y aura un aller-retour, malgré tout. C’est le match contre la Côte d’Ivoire. Le match aller en poule, donc, et le match retour le 12 février (jour de la finale, ndlr).
Il y a une chanson en l’honneur de Jonathan Pitroipa, aussi…
Oui, ça a été fait par un groupe du pays. Malheureusement, on n’a pas eu le temps de faire une chanson, avec la préparation, tout ça… Mais bon, tout le monde va chanter pour Jonathan, mais aussi pour les Étalons.
Vous connaissez la fameuse Diagana Christelle de la chanson ?
J’en ai entendu parler, mais je ne la connais pas, je ne l’ai jamais vue.
Pensez-vous que participer à la CAN soit une bonne chose pour vous ? Est-ce que c’est bon pour la confiance, est-ce que c’est bon pour recharger les batteries avant de retourner au quotidien de Samsunspor ?
Pour moi, il était temps de jouer la CAN. A Mayence, j’ai eu le même type de « problème » , et j’ai fini par rester dans mon club. Il faut jouer, je vais tenter ma chance. Tout le monde est motivé, et je ne peux pas laisser le groupe. Je sais qu’il y a des gens qui ont été convaincus par leur club de rester, avec une contrepartie financière. Personnellement, c’est pas mon truc, je ne pense pas à l’argent. Je pense plus au groupe, on a débuté ensemble. C’est le moment où jamais.
Propos recueillis par Ali Farhat