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Avant Miralem Pjanić, il y a eu « Miré »

Par Maxime Brigand et Mathieu Rollinger, au Luxembourg
Avant Miralem Pjanić, il y a eu « Miré »

Touché aux adducteurs lors d'un match face à Brescia il y a dix jours, Miralem Pjanić (29 ans) a réussi à se retaper à temps et sera bien présent mercredi soir, à Lyon, où il n'a plus mis les pieds depuis octobre 2016. Une ville où l'international bosnien a surtout bouclé sa phase de construction, entre 2008 et 2011, après avoir lâché ses premières merveilles au Luxembourg et à Metz. Retour sur la mise en orbite d'un homme qui a passé son adolescence à mettre des gens sur le cul. Au propre comme au figuré.

Comme il y a les maçons, les boulangers, les profs et les footballeurs, il y a les meneurs de jeu. Miralem Pjanić en fait partie. Soit un type qui réfléchit à la vitesse d’un ordinateur et qui passe sa vie à ouvrir des espaces pour ses potes. Invité cette semaine par France Football à disséquer son cerveau, voilà ce qu’il en a dit : « Je regarde surtout avant. Plus vite ? Ouais. Au milieu, tu peux être pris de partout, tu es obligé de penser plus vite que les autres. Tu as une ou deux touches, maximum. Le plus important, c’est le contrôle. C’est la moitié du travail et ce qui détermine la suite. Si tu batailles avec ton premier ballon, c’est la guerre tout le temps. S’il te reste dans les pieds, tu regardes une fois en bas, l’adversaire est déjà là et te le prend. Si tu emmènes bien le ballon – et tu dois savoir le faire de plusieurs manières, intérieur, extérieur, semelle –, tu regardes devant toi, tête levée, t’as le terrain beaucoup plus ouvert et tu vois tout ce qui se passe. » Ainsi naît alors la liberté : les lignes de passe, la possibilité de créer des déséquilibres dans les lignes adverses, la magie… Pourquoi Pjanić est aimé ? Précisément pour cela : parce qu’il est celui qui construit et détruit. Mieux, l’international bosnien semble avoir toujours su le faire, lui dont la mère, Fatima, a un jour affirmé ceci : « Miralem, on voyait que le ballon l’aimait. » Réaction de l’intéressé, toujours dans France Football : « Oui, le ballon m’aime, je pense. On va dire qu’il est gentil avec moi. Il écoute mes pieds. » Et ce, depuis le premier jour. Ancien responsable des jeunes du FC Metz, où Miralem Pjanić a été formé et a joué une saison entre 2007 et 2008, Francis De Taddeo n’a jamais oublié sa rencontre avec l’actuel milieu de la Juve et parle instantanément d’une « perle » . La raison ? « À Metz, on a eu Robert Pirès, un joueur incroyable, qui pouvait éliminer tout le monde sur son côté gauche. On a eu Saha, un puncheur, un félin qui rentre dans l’arène. Il y a aussi eu Adebayor, aussi fort en l’air que dans les pieds. Mais Pjanić, c’est autre chose, des moments de talent à l’état pur, d’évidence, d’une beauté subjuguante… » Vraiment ? Oui, vraiment.

On ne sortait pas en discothèque, mais on allait dans les fêtes organisées par Eldoradio, une radio locale, réservées aux jeunes jusqu’à 18 ans, sans alcool. Miralem était un peu timide avec les filles, mais c’était déjà un beau gosse, hein !

La guerre, les larmes et les soirées d’Eldoradio

Schifflange n’a pas eu à attendre aussi longtemps pour découvrir le phénomène. C’est dans cette bourgade luxembourgeoise située à cinq kilomètres de la frontière française que la famille Pjanić est venue s’installer au début des années 1990 après avoir fui la guerre en Bosnie et plus précisément la ville de Zvornik, où Fahrudin, le père de Miralem, évoluait en troisième division. « C’était un milieu de terrain, comme moi, expliquait le fiston dans les colonnes du Guardian en octobre 2018. Il n’a pas eu la chance de passer un palier et d’avoir une vraie carrière, mais il a fait ce qu’il a pu. Son objectif était avant tout de quitter la Bosnie, car notre famille y était en danger. Le football n’était alors plus la chose la plus importante. » Ce départ ne sera pas simple, le club de Fahrudin Pjanić refusant dans un premier temps de le libérer. L’histoire raconte alors que la mère de Miralem est entrée dans le bureau de la secrétaire du FK Drina Zvornik avec son petit dans les bras, qui n’arrêtait pas de pleurer. « Ça l’a tellement énervée qu’elle a fini par dire qu’elle acceptait de signer le papier » , poursuivait Miralem Pjanić, toujours au Guardian. Ainsi, direction le Luxembourg, avec trois valises et aucune connaissance de la langue locale, comme pour remettre les compteurs de la famille à zéro. Reste qu’à Schifflange, le gosse va rapidement sortir du cadre. « Encore aujourd’hui, c’est vraiment le garçon de la maison, sourit Stefano Bensi, international luxembourgeois (49 sélections, 5 buts), attaquant du Fola Esch, et originaire du même patelin que « Miré » . Quand il repasse à Schifflange, tout le monde sait qui il est, il dit bonjour à tout le monde, parle avec tout le monde… » Bonjour, ou plutôt « moien » , comme on dit là-bas. En trente ans, pas mal de choses ont changé dans le coin, mais pas le mini-stade encerclé par les grillages de l’école Nelly Stein.

C’est ici que Stefano, Miralem et leur petite bande usaient leurs semelles lorsqu’ils n’étaient pas planqués dans les bosquets. « Après les cours ou pendant les vacances, on traînait toujours ensemble, enchaîne Bensi, emmitouflé dans un duffle-coat camel. Les soirs, on jouait à une sorte de cache-cache : il y avait un chasseur qui devait trouver les autres et chaque fois qu’il trouvait quelqu’un, il le ramenait avec lui, jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus qu’un. Ça pouvait durer jusqu’à la tombée de la nuit. » Aucun problème pour rentrer à la maison, puisque la maison des Pjanić se situe de l’autre côté de la rue, en contrebas de la gare. Quelques années plus tard, les sorties d’adolescents prendront le pas sur les jeux d’enfants. « On ne sortait pas en discothèque, mais on allait dans les fêtes organisées par Eldoradio, une radio locale, réservées aux jeunes jusqu’à 18 ans, sans alcool, continue Bensi, sous ses faux airs de Mathieu Kassovitz.Miralem était un peu timide avec les filles, mais c’était déjà un beau gosse, hein ! » S’il tarde à dégainer ses premiers pas sur une piste, Miralem Pjanić a déjà choisi son terrain de séduction.

Contre nous, il avait joué aux cages. Et dès qu’il captait une frappe ou qu’on perdait la balle, il s’appuyait sur l’un de ses coéquipiers, qui lui remettait, et remontait ensuite le terrain pour marquer. En douze minutes, il nous a mis neuf buts comme ça. Il nous a détruit.

Licencié au FC Schëfflëng 95 (en V.O.), un club qui vient alors de naître de la fusion entre deux entités locales qui couraient à leur perte, le gosse brille. « Dès le début, on voyait qu’il était au-dessus des autres, continue Bensi. On ne perdait pas souvent, mais je me souviens encore d’une défaite à domicile. Miré était quelqu’un qui prenait les choses très à cœur déjà à l’époque et il s’était mis à pleurer. Derrière, ça nous a tous pris aussi. C’était pourtant un match normal, sans grande importance, mais perdre était quelque chose qui lui faisait vraiment mal. »

Déjà, le talent de Pjanić aimante tous les regards, même de l’autre côté de la frontière. Adversaire d’un jour avec les poussins d’Ottange, Arnaud, tiraillé entre honneur et honte, n’a jamais oublié sa rencontre avec le génie du coin : « Il avait joué aux cages. Et dès qu’il captait une frappe ou qu’on perdait la balle, il s’appuyait sur l’un de ses coéquipiers, qui lui remettait, et remontait ensuite le terrain pour marquer. En douze minutes, il nous a mis neuf buts comme ça. Il nous a détruits. » En face, Stefano Bensi assure que les coachs de Schifflange ne résumaient pas leurs consignes à un simple « filez le ballon à Miré » : « C’était d’abord le plaisir de jouer ensemble. C’est comme ça qu’on progresse le mieux. Après, dans les faits, chacun lui donnait les ballons, parce que quand tu as Miré dans ton équipe, ça reste plus simple… » Malgré tout, Miralem Pjanić détone par un caractère discret et sa volonté de ne pas tirer toute la couverture sur ses fines épaules alors qu’il évolue aux côtés des futurs internationaux Joël Kitenge et Claudio Lombardelli. « Si Schifflange avait réussi à garder tous ces joueurs, le club aurait joué l’Europe comme Dudelange, assure Bensi. Mais chacun a finalement fait son chemin, et un joueur comme Miré, c’était impossible de le garder. » La preuve : à treize ans, Pjanić est pisté par le VfB Stuttgart, le Standard de Liège et l’Ajax, entre autres. Repéré à Schifflange par l’homme fort du foot luxembourgeois de l’époque, Guy Hellers – sélectionneur entre 2004 et 2010 -, également ami de Carlo Molinari, président historique du FC Metz, le petit prodige va finalement filer en Moselle et s’installer au centre de formation du club mosellan, où le père, Fahrudin, ne sera jamais très loin. C’est là que tout va basculer et que Miré va commencer à mettre la France « sur le cul » , à commencer par Olivier Perrin, son entraîneur chez les moins de 18 ans grenat.

« Pour moi, c’est un joueur d’échecs »

Ce qu’il en dit, près de quinze ans plus tard : « À 16 ans, Miralem était déjà un vrai joueur de foot. Il sortait en premier du vestiaire, prenait les ballons, bossait les coups de pied arrêtés tout seul avant et après les entraînements, puis rentrait le dernier au vestiaire. Surtout, il faisait attention à tous les joueurs de l’équipe, sur le terrain, mais aussi en dehors. C’était un rêve, un mec qui a cette capacité de rendre les choses meilleures autour de lui : il est très bon, mais il fait tout pour que son équipe soit bonne. Des joueurs comme ça, tu en croises tellement rarement dans une vie… D’ailleurs, selon moi, je l’ai plus accompagné qu’entraîné. » Des mots qui veulent dire beaucoup de choses : armé d’une hygiène de vie impeccable hors du terrain et d’un sens de l’esquive délirant sur le pré, Miralem Pjanić devient rapidement un tube. « En plus, il savait aussi éviter les embrouilles parce qu’il était plus malin que les autres, rembobine Olivier Perrin. Ça n’a pas dû être un ange tout le temps. Un soir, Denis Schaeffer, le directeur administratif du centre, l’a gaulé alors qu’il allait prendre un taxi pour aller à une fête. Miré n’a pas bronché, a payé le taxi, puis est rentré tranquille dans sa chambre. » Pote du centre de formation, Iliès Haddadji, aujourd’hui entraîneur de Schifflange, évoque malgré tout « un blagueur » , avec qui il passait des soirées à jouer à PES ou FIFA. « On a fait quelques bêtises, comme tout le monde, glisse-t-il. On sortait par la porte de derrière quelques soirs. C’était un jeune comme tout le monde. Dans un centre de formation, tout est si bien structuré que, parfois, tu as envie de casser cette routine. Après, il faut aussi accepter de te faire prendre et de ne plus recommencer. Ceux qui recommencent sont aussi ceux ne sont pas prêts à être footballeur professionnel. C’est aussi ça la réussite de Miré. »

Son autre succès est d’avoir fait naître les rêves les plus fous dans les yeux de ceux qu’il a croisés. Ainsi, Francis De Taddeo estimait que le gamin avait « tout pour être un jour un galactique » à Madrid. Yvon Pouliquen, son ancien coach chez les pros à Metz, l’imaginait plutôt, en 2008, en « nouveau Rosický » .

Il voyait tout sur le terrain, anticipait les choses. Je me souviens d’un match où il est au milieu de terrain sur une attaque rapide : il a une passe à faire qui nous paraît évidente, j’attends qu’il la fasse pour trouver le décalage, mais, entre-temps, il faut une passe à l’opposé et met un coéquipier en position de marquer. Ça a surpris tout le monde. Je pense que le FC Metz lui a permis de s’obliger à aller plus vite dans la réalisation et la prise d’information.

La vérité est surtout que le FC Metz a vu passer « un avion » (dixit Olivier Perrin) qui n’aura disputé qu’une saison complète en Ligue 1 avec le club, et ce, lors d’un énième exercice galère pour l’institution mosellane. Pjanić est alors vu comme la seule brique solide d’une maison qui s’effondre, que De Taddeo va lancer dans l’immense océan qu’est le foot pro lors d’un soir d’août 2007. C’était face au PSG, à Saint-Symphorien, lors d’une soirée sans vie (0-0). Metz enchaînait alors un quatrième match consécutif en Ligue 1 et s’apprêtait à vivre une saison à cinq petits succès. « Je me souviens avoir accompagné Francis De Taddeo à Monaco en début de saison, lors de la troisième journée, raconte l’actuel boss de la formation messine Denis Schaeffer.On avait une équipe expérimentée, mais qui avait pris le bouillon ce soir-là. Avant de remonter dans le bus, je discute avec Francis et je lui dis : « Écoute, cette équipe manque de quelqu’un au milieu, quelqu’un capable de trouver les bons rythmes de jeu, et le seul qui peut faire ça, c’est Miré. » Francis me répond : « C’est encore trop tôt, il est trop jeune, il faut le laisser s’aguerrir quatre-cinq mois. » Finalement, il l’a intégré dans le groupe pro, et il n’en est plus jamais sorti. Des joueurs comme Miré, même jeunes, on se dit qu’ils vont être capables de faire des choses. Tout le monde avait un peu peur, mais en fait, il trouvait les solutions, il jouait simple, mais toujours juste. » Si juste que Miralem Pjanić va disputer 32 rencontres de Ligue 1 à dix-sept ans, signer un premier contrat pro en novembre 2007, planter quatre petits buts en championnat, un autre magnifique en Coupe de France à Strasbourg et signer une masterclass lors d’un quart de finale de la même compétition perdu à Gerland face à l’OL. Directeur sportif de l’Olympique lyonnais, Bernard Lacombe est alors cash : « C’est un phénomène comme on en voit peu, un futur cador. » Schaeffer, lui, comprend rapidement que son bonbon s’échappe : « Il voyait tout sur le terrain, anticipait les choses. Je me souviens d’un match où il est au milieu de terrain sur une attaque rapide : il a une passe à faire qui nous paraît évidente, j’attends qu’il la fasse pour trouver le décalage, mais, entre-temps, il fait une passe à l’opposé et met un coéquipier en position de marquer. Ça a surpris tout le monde. Je pense que le FC Metz lui a permis de s’obliger à aller plus vite dans la réalisation et la prise d’information. Le piège pour des garçons sans opposition au quotidien, c’est de jouer dans un confort à un niveau en dessous et de toujours s’en sortir sans se poser de questions. Là, il était obligé de trouver des solutions. Pour moi, c’est un joueur d’échecs. »

Les mains tendues, le deuxième choix et le rebond

Miralem Pjanić est surtout un type qui fait bien les choses et a signé son premier contrat pro avant de voir son entourage entamer les discussions avec le Barça, le Real, la Juventus et l’OL. Pas question de quitter le FC Metz sans pourboire. Pour la destination, ce sera Lyon, qui sort alors de sept titres de champion de France consécutifs et vient de vendre Hatem Ben Arfa à l’OM. Aulas souhaite faire de Pjanić l’un des visages (avec Lloris, Makoun et Ederson) d’une nouvelle ère : celle incarnée par Claude Puel, qui trouve son nouveau meneur de jeu « trop fort » et va le titulariser dès son premier match de Ligue 1 sur le banc lyonnais, face à Toulouse, en août 2008. La suite va être plus compliquée pour le Bosnien, rapidement victime d’une fracture du péroné et d’une concurrence féroce. Il se tait et apprend. « Ça n’a pas été simple pour lui, affirme Iliès Haddadji, qui partage encore aujourd’hui ses vacances avec le Turinois. Il est arrivé dans de bonnes conditions, mais a rapidement été coincé entre l’époque Juninho et l’époque Gourcuff. C’était compliqué pour lui de gratter du temps de jeu. C’était le petit jeune au milieu des tauliers, tombé sur une période où le club ne gagnait plus de trophées. » Olivier Perrin note autre chose : « Ce qui m’a marqué durant sa période lyonnaise, c’est sa grosse personnalité. Il est arrivé à Lyon, où Juninho tirait les coups de pied arrêtés. Trois-quatre mois plus tard, Juninho lui en laisse un sur deux. Il a réussi à se faire doucement une place, en observant, en prenant des conseils et en les appliquant. Sans calculer et en toute humilité. Il sait se faire apprécier des autres. Miré, c’est aussi ça : tu ne pourras jamais le prendre en flagrant délit de starification. » Peut-être aussi parce qu’il sait où il veut aller.

Soit ni en équipe de France, malgré un appel de Raymond Domenech, ni en équipe de Luxembourg, dont il refusa également la proposition après avoir pourtant défendu les couleurs du Grand-Duché jusqu’à la catégorie U19. Cette dernière piste est finalement tombée à l’eau après plusieurs mois de négociations entre la Fédération luxembourgeoise (FLF) et le père de Miralem.

Il pouvait tout faire et était très à l’écoute des anciens : Källström, Toulalan, Makoun… Le problème, c’est que malgré son don naturel pour le jeu, il était parfois trop joueur et prenait trop de risques. Quand tu es dans sa position, c’est compliqué et oui, c’est vrai que c’était quelques fois un peu compliqué avec Claude Puel. Il a malgré tout su rebondir.

L’histoire raconte que Farhudin Pjanić se sentait en position de force, aurait voulu faire monter les enchères et que la FLF a mis fin aux discussions lorsque le paternel, alors que les deux parties semblaient être tombées d’accord, a exigé une grande maison dans un quartier très prisé de Luxembourg. Miralem optera finalement pour la Bosnie, son « rêve » , et effectuera ses débuts internationaux lors de l’été 2008. Un an plus tard, sa situation à Lyon se décante enfin avec le départ de Juninho, qui a toujours pris son héritier sous son aile. Pour se rajouter un peu de pression, Pjanić choisit même de récupérer l’emblématique numéro 8 du milieu brésilien et affirme lors de l’intersaison son espoir de « réaliser une belle saison » . Résultat ? Le Bosnien va se faire une place en soutien du trio Govou-Lisandro-Bastos, sortir une saison pleine et notamment briller en Ligue 1 lors d’une nuit mémorable face à l’OM (5-5), mais aussi à l’occasion d’un nul historique arraché au Bernabéu en mars 2010, qui permet à l’OL de se qualifier pour les quarts de finale de la Ligue des champions. Les problèmes reviendront finalement lors de l’été suivant, les dirigeants lyonnais décidant de faire sauter la banque pour attirer Yoann Gourcuff et de pousser progressivement Miralem Pjanić sur le banc. Interrogé par L’Équipe au printemps 2011, il ne cache pas son spleen : « L’arrivée de Gourcuff ne m’a pas aidé, surtout que le coach Puel ne voulait pas nous associer. J’étais un deuxième choix. Ça n’a pas été facile à vivre, surtout à mon âge. J’avais besoin d’être rassuré, mais personne n’est venu m’en parler. Je me suis senti écarté. » Membre de l’effectif à cette période, Aly Cissokho reconnaît que tout n’a pas toujours été facile entre le joueur et Claude Puel : « Avant d’arriver à Lyon, je savais qu’il avait du talent. Il ne demandait qu’à exploser et avait déjà cette capacité à orchestrer le jeu malgré son âge. Il pouvait tout faire et était très à l’écoute des anciens : Källström, Toulalan, Makoun… Le problème, c’est que malgré son don naturel pour le jeu, il était parfois trop joueur et prenait trop de risques. Quand tu es dans sa position, c’est compliqué, et oui, c’est vrai que c’était parfois un peu compliqué avec Claude Puel. Il a malgré tout su rebondir. »

Loin de Lyon et à quelques heures seulement de la clôture du mercato estival 2011, Miralem Pjanić s’envole pour l’Italie et s’engage alors avec la Roma, trois jours seulement après avoir marqué lors d’un match contre Montpellier (2-1) et alors que Rémi Garde, le nouvel entraîneur lyonnais, comptait sur lui. Pjanić ne quittera plus la Botte et filera cinq ans plus tard à la Juventus, avec laquelle il débarque au Groupama Stadium mercredi soir. Un club où il s’est définitivement imposé comme un pianiste rare, capable de dicter le rythme à sa guise et dont la mission première est d’impulser tous les circuits. « Aujourd’hui, les adversaires savent que si Pjanić touche beaucoup de ballons, la Juve aura beaucoup plus de facilités à bien jouer » , expliquait-il cette semaine, ce qui dit beaucoup de l’importance qu’il aura au cours d’une soirée où la Vieille Dame déboule avec son expérience et son vécu. « Indéniablement, Miré est devenu une référence, abonde Denis Schaeffer. Surtout, il arrive à impressionner les gens sur le plan sportif, sur le plan humain, par sa personnalité, sa détermination… Les gens comme ça sont rares. J’étais à Dortmund l’autre jour, je suis sorti du stade, et je me suis dit que dans cette équipe du PSG, s’ils avaient eu un seul effort à faire, ça aurait été de le prendre. C’est le joueur qu’il leur manque. » C’est aussi un homme qui est aperçu, dès qu’il a un peu de temps, au cœur de son Luxembourg chéri, où il peut arracher le calme qu’il lui est quasiment impossible de trouver à Turin. « Quand tu sors avec lui là-bas, tu vas prendre ton café dans un centre commercial, et il y a trente personnes qui vont demander une photo en trente minutes, se marre son vieux pote Iliès Haddadji. Il vient parfois nous voir, à Schifflange, il passe notamment pour des tournois de jeunes l’été ou pour rendre visite à des sponsors. » Là-bas, pendant trois jours, le Turinois multiplie les selfies et enchaîne les autographes avec les jeunes d’un club stationnant en 3e division luxembourgeoise, mais désormais doté d’un joli terrain synthétique. Pourtant, un soldat de la première heure, Stefano Bensi, ne nourrit qu’un rêve : « Rassembler rien qu’une fois toute la bande autour d’un mini-foot. Je sais qu’il faudrait faire attention avec les blessures et tout ça, mais ça nous rappellerait de bons souvenirs. On a quand même eu une belle jeunesse. »

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Par Maxime Brigand et Mathieu Rollinger, au Luxembourg

Tous propos recueillis par MB, MR et SCW, sauf mentions.

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