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Avant la réception du PSG, Châteauroux vit un truc de flou

Par Maxime Brigand
Avant la réception du PSG, Châteauroux vit un truc de flou

Opposée au PSG vendredi soir dans un Gaston-Petit à guichets fermés pour la première fois depuis 18 ans, la Berrichonne vit, derrière les cotillons, une situation sportive périlleuse. Ce 32e de finale de Coupe de France doit l'aider à raviver une flamme vacillante.

Elle était presque toujours là, dans un coin, souvent dans le peloton, parfois un poil devant, parfois un poil derrière. Elle avait su se trouver une chaise à bascule dans un coin du salon géant qu’est le foot français, sortir, ici et là, quelques talents du placard, et même se faire une petite place dans les livres d’histoire. Puis, le silence. Après une première gamelle suivie d’un éphémère retour de quatre saisons en Ligue 2, elle a de nouveau glissé, sans cette fois réussir à revenir, et a depuis disparu de la majorité des esprits. Mais où est donc passée la Berrichonne ? Rassurez-vous, elle est là, prête à accueillir le Paris Saint-Germain pour un 32e de finale de Coupe de France et à voir Gaston-Petit fermer ses guichets pour la première fois depuis la photo souvenir de toute une génération de supporters de la ville.

 On n’a vraiment pas vu arriver cette situation. On s’est dit qu’avec la même équipe, plus quelques renforts, qui n’en ont finalement pas trop été, on allait bien figurer, mais finalement, c’est un peu un fiasco.

Le printemps 2004, Victor Zvunka sur le banc, Sébastien Roudet prince de la ville du haut de ses 22 piges, une demi-finale d’une autre Coupe de France remportée face au Dijon de Rudi Garcia pour aller défier un autre PSG, à Saint-Denis : un autre temps. Le clin d’œil est beau, même si Michel Denisot, revenu à la tête du premier club de son cœur début 2021 et qui s’apprête à retrouver l’autre club de sa vie, dont il a tenu les rênes de 1991 à 1998, s’est rompu le tendon d’Achille durant les fêtes et devrait se rendre à celle de vendredi soir en boitant. Il est aussi coquin : alors que ces retrouvailles entre la Berrichonne de Châteauroux et le Paris Saint-Germain devraient être une grosse bringue, elles seront surtout une parenthèse à une heure où l’institution castelroussine, 14e de National 1, roule au milieu d’un épais brouillard et que l’on parle dans ses couloirs de « situation brûlante ». Étrange.

« Ce n’est pas encore la Bérézina »

Au bout du fil, le directeur général de la boutique, Patrick Trotignon, lui aussi revenu au club début 2021 après l’avoir quitté en juillet 2008, ne se planque pas : « C’est vrai que c’est très bizarre. On aurait aimé recevoir le PSG sans tous ces soucis, sans avoir le maintien en tête. Ça nous aurait permis d’aborder ce match avec un peu plus de plaisir. Là, malgré notre joie de remplir notre stade, où pas mal de sièges n’ont pas vu une fesse depuis longtemps, d’avoir ce match rempli de symboles, on ne peut pas vraiment ne pas penser à notre situation. » La voilà : cinquième de National 1 la saison dernière, la Berrichonne, gérée depuis mars 2021 par le groupe United, également propriétaire de Sheffield United, de Beerschot, du Kerala United FC et d’Al Hilal United FC, est aujourd’hui relégable et n’a plus remporté la moindre rencontre de championnat depuis un succès sur Nancy (3-1) mi-octobre, son match le plus abouti de la saison. Après sept journées, les Castelroussins avaient pourtant les deux pieds sur le podium et les dirigeants imaginaient la troupe capable de sortir une saison meilleure que la précédente. « On n’a vraiment pas vu arriver cette situation, appuie Patrick Trotignon. On s’est dit qu’avec la même équipe, plus quelques renforts, qui n’en n’ont finalement pas trop été, on allait bien figurer, mais finalement, c’est un peu un fiasco. On a commencé à enchaîner les revers, les pépins, et ça a mal tourné. Derrière, le foot peut être comme le tir à la carabine : si tu rates dix fois la cible de suite, tu penses que tu vas la rater une onzième fois. Aujourd’hui, la confiance fuit les joueurs, mais je ne veux pas céder à la panique. Ce n’est pas encore la Bérézina. »

Dans l’entourage du club, plusieurs arcs sont aujourd’hui bandés en direction de la stratégie du groupe United, alors que la DNCG a décidé début décembre d’encadrer la masse salariale de la Berrichonne. Questionné cette semaine par la Nouvelle République, Michel Denisot, qui ne cache pas son envie de lâcher prochainement le volant, s’est interposé : « On a le budget pour jouer devant, sauf qu’on n’est pas devant… C’est vrai que le mode de fonctionnement du groupe est totalement nouveau, qu’il demande à être apprivoisé pour être efficace. Je trouve qu’on est sur la bonne voie, qu’il y a plus d’échanges qu’auparavant. Ce qui me rassure, c’est aussi que les deux autres clubs de United en Europe, Sheffield United et Beerschot, sont au sommet de leur championnat. Cela veut dire que leur méthode est bonne et qu’il faut qu’on s’y adapte. » Cette méthode est simple : investir sur la formation (un nouveau centre a été inauguré à proximité de Gaston-Petit l’été dernier et une académie privée va ouvrir ses portes en février 2023 à Châteauroux), ne pas recruter de joueurs de plus de 26 ans et s’appuyer sur les quelques anciens (Roux, Delecroix, Grange, Fofana, Sunu, Sanganté et M’Bengue) de l’effectif pour faire fleurir les jeunes pousses.

On veut faire un très gros match, croquer dans l’occasion. Il faut qu’on maximise la chance qu’on a, mettre de l’intensité, ne pas avoir de regrets. On doit se servir de ce rendez-vous pour rallumer la flamme de la Berrichonne.

« C’est très joli sur le papier, mais c’est très difficile, voire impossible de se sortir du National avec du trading, souffle un proche du club. Aujourd’hui, tu paies certaines limites du modèle. Le club a vendu Thomas Robinet, puis Siriné Doucouré le dernier jour du mercato estival, et le groupe United a refusé d’anticiper en allant sur des profils expérimentés comme celui de Fahd El Khoumisti, qui sortait d’une saison à 20 buts, parce qu’il était trop âgé. Plusieurs personnes du club voulaient pourtant un profil comme le sien, mais aujourd’hui, ils n’ont pas vraiment les mains libres sur la stratégie. Le problème est que la Berri s’est retrouvée sans aucun buteur fiable, est deuxième aux xG derrière Concarneau, mais n’a que la treizième attaque du championnat. C’est rédhibitoire pour monter. » Coup de marteau supplémentaire : Kévin Fortuné, cédé à Orléans dans l’été, est actuellement deuxième meilleur buteur du National 1.

Les dauphins, les requins et la flamme

S’il faut trouver un point de bascule dans cette première partie de saison sac de nœuds, il suffit de revenir à un déplacement à Bastia-Burgo, qui se baladait à l’époque avec une seule petite victoire au compteur, fin octobre. « On sort de la belle victoire contre Nancy et d’un coup, tout retombe, expose Patrick Trotignon. Sur ce match, on est en dessous de tout. Absolument tous les signaux qui venaient de se mettre au vert se remettent au rouge vif. On dit toujours que la performance est l’addition de détails, mais là, on a soustrait les détails. » En Corse, la Berrichonne est séchée (2-1) et Mathieu Chabert, qui a depuis été remplacé par Maxence Flachez, détruit le vestiaire de colère. Il va ensuite choisir de rester à Bastia quelques jours plutôt que de rentrer avec le reste du groupe sur Châteauroux. « Ce match a fait ressortir les mauvais côtés de ce groupe, glisse une autre source proche du vestiaire. Tu as beaucoup de bonnes individualités, mais tu n’as pas d’équipe. C’est tout l’enjeu du moment, mais c’est difficile de motiver des joueurs sans une grande pression extérieure. Là, la peur d’une relégation réveille un peu l’orgueil des mecs, mais tu ne transformes pas du jour au lendemain des dauphins en requins. Et en National 1, tu as besoin de requins. » Sinon, tu t’embourbes dangereusement.

Depuis la dernière sortie de 2022, une défaite face au Sedan d’Olivier Saragaglia, un homme qui avait aidé la Berrichonne à sortir de la troisième division au printemps 2017, trois semaines sont passées, l’arrivée du PSG en ville a pu être apprivoisée, Maxence Flachez, débarqué comme adjoint durant l’été pour remplacer Karim Mokeddem, a fini de prendre ses marques dans sa nouvelle parka de numéro un et la moitié de l’effectif a pu se faire à l’idée d’affronter des types pour qui ils vibrent chaque week-end. Le 13 novembre dernier, Nama Fofana, fan du club parisien comme plusieurs joueurs du groupe (Basque, Bianchini, Mendy, Sanganté), a ainsi emmené son fils au Parc des Princes voir PSG-Auxerre. « On a beaucoup parlé du match après le tirage et il a fallu gérer l’excitation, parce que notre pain, ça reste avant tout le championnat, encore plus dans notre situation, ajuste le directeur sportif castelroussin, Julien Cordonnier. Depuis la reprise, je sens les garçons très focus et il le faut. Ce match doit être une belle fête pour tout le club, pour la ville, pour les gens. On veut faire un très gros match, l’objectif reste de se qualifier, de croquer dans cette occasion. Il faut qu’on maximise la chance qu’on a, mettre de l’intensité, ne pas avoir de regrets. On doit se servir de ce rendez-vous pour rallumer la flamme de la Berrichonne, reprendre des couleurs et donner envie aux gens de revenir nous porter. » Si le rachat du club il y a presque deux ans a pu engendrer dans certaines têtes des rêves démesurés (l’objectif annoncé a été de retrouver la Ligue 1 en 2025), le voir retrouver sa chaise à bascule nécessitera de la patience. Sous les cotillons et le vent de nostalgie, la Berrichonne, à qui il restera 18 balles de championnat dans le barillet et qui ne peut pas se permettre la moindre folie cet hiver, plonge en tout cas dans l’un des virages les plus décisifs de son histoire. Brûlant, on disait.

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Par Maxime Brigand

Tous propos recueillis par MB.

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