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Anthony Losilla, le patient allemand

Par Analie Simon
Anthony Losilla, le patient allemand

Le milieu de terrain de Bochum a attendu sa 36e année pour découvrir l’élite du football européen le week-end dernier face à Wolfsburg. Un choix qu’il ne regrette pas, alors que plusieurs opportunités se sont offertes à lui dans le passé.

Lorsqu’il a emmené ses coéquipiers sur la pelouse de la Volkswagen Arena, samedi dernier, Anthony Losilla n’a pas caché sa satisfaction. « J’avais hâte d’y être, surtout que le public était enfin de retour dans les stades. Jouer mon premier match de Bundesliga sur le terrain de Wolfsburg, ce n’est pas si dégueu. Même si le résultat n’a pas été à la hauteur (défaite 1-0 à 10 contre 11 pendant tout le match, NDLR), le début est prometteur », explique le capitaine de Bochum, de retour dans l’élite du foot allemand onze ans après sa dernière saison. Il faut dire qu’à bientôt 36 ans (il les aura le 10 mars prochain), Anthony Losilla a préféré construire sa carrière à son rythme, en passant 14 ans en deuxième et troisième division. « Si j’avais pu, je n’aurais pas attendu aussi longtemps. Par le passé, j’ai peut-être fait des choix étranges mais je ne regrette pas aujourd’hui. »

« Signer à l’ASSE était un rêve, sachant que j’ai grandi dans la région et que je suis le seul footeux de la famille. »

Son premier choix, Anthony Losilla le fait en 2006, en quittant l’AS Saint-Étienne pour l’AS Cannes, alors que le coach de l’époque, Ivan Hašek, ne fait plus confiance aux jeunes. « Signer à l’ASSE était un rêve, sachant que j’ai grandi dans la région et que je suis le seul footeux de la famille. Mon père m’avait emmené voir Laurent Blanc à Geoffroy-Guichard, j’ai également été ramasseur de balle. Je suis resté douze ans au club en tant que défenseur, et ils m’ont proposé de signer un contrat pro d’un an. J’ai accepté mais c’est à ce moment-là qu’Elie Baup a quitté le club. Du coup, le nouveau coach a décidé de prêter tous les jeunes joueurs, moi y compris, même si j’avais fait quelques entraînements avec le groupe pro. Je me suis rendu à l’évidence, il y avait beaucoup de bons joueurs à l’époque et j’avais très peu de chances de jouer », poursuit le natif de Firminy (Haute-Loire).

« Alors que j’étais en vacances à Nice, ils se sont déplacés là-bas pour me rencontrer et me montrer des vidéos des supporters. Ils m’ont également assuré que le club ferait le nécessaire pour que ma femme, qui était enceinte, s’adapte le mieux possible à la vie allemande. Cette démarche a été un déclic pour moi »

Dresde, le pot de colle

Après quatre ans en National avec Cannes et le Paris FC, Anthony Losilla est reconverti milieu de terrain et enchaîne les saisons complètes (35 matchs de moyenne par an), avant de s’envoler pour Laval, ou il commence à se faire un nom en Ligue 2. « Je suis resté deux ans là-bas, où j’ai mûri en tant que joueur et en tant que personne. Le seul regret que je peux avoir, c’est d’être resté autant de temps en National. Comme tous les joueurs, je voulais goûter à la Ligue 1. Quand mon contrat avec Laval a pris fin, le club voulait me prolonger mais j’avais quelques contacts en L1 (Nice, Valenciennes) et en Allemagne avec Dresde (D2). » Obnubilé par sa quête de l’élite française, le milieu de terrain décline cinq ou six fois les offres du club allemand, très insistant, qui l’avait contacté lors de sa dernière saison en Ligue 2. Mais à force d’accentuer la pression, Dresde gagne son combat. « À chaque refus, ils revenaient vers moi. Ils me voulaient vraiment. Alors que j’étais en vacances à Nice, ils se sont déplacés là-bas pour me rencontrer et me montrer des vidéos des supporters. Ils m’ont également assuré que le club ferait le nécessaire pour que ma femme, qui était enceinte, s’adapte le mieux possible à la vie allemande. Cette démarche a été un déclic pour moi car aucun club n’avait fait autant d’effort pour me recruter », se souvient l’ancien joueur du PFC.

À 26 ans, Anthony Losilla découvre donc une tout autre atmosphère outre-Rhin, avec une ambiance digne des stades de Bundesliga dans une ville de 550 000 habitants, alors qu’il ne parle pas un mot d’allemand. « J’avoue que je craignais vraiment d’apprendre la langue (rires). Heureusement pour moi, il y avait quelques Français à mon arrivée. Romain Brégérie a d’ailleurs joué un rôle dans ma venue et a joué les traducteurs pendant les premiers mois, tout comme Mickaël Poté. » Après deux saisons accomplies dans la Saxe, il signe au VfL Bochum, dont il devient l’un des joueurs emblématiques.

« Dès mon arrivée en Allemagne, j’ai été surpris par l’engouement des supporters. C’est plus fort ici qu’en France. Les mecs vivent pour le foot, ils attendent toute la semaine pour aller au stade. »

Ich liebe Deutschland

Avec le club de la Ruhr, il retrouve quelques habitudes de la région stéphanoise : la vie dans une ville minière, la rivalité avec l’ennemi (Schalke 04, Dortmund) et l’ambiance dans le stade. « Dès mon arrivée en Allemagne, j’ai été surpris par l’engouement des supporters. C’est plus fort ici qu’en France. Les mecs vivent pour le foot, ils attendent toute la semaine pour aller au stade. Il y a des ambiances incroyables, notamment à Dresde, qui a aussi son mur jaune. Bochum a toujours été dans l’ombre de Dortmund et de Schalke, même si la rivalité est plus prononcée avec le club de Gelsenkirchen. Quand Schalke est descendu en D2, il y a eu une sacrée fête ! Le championnat correspond aussi plus à mes caractéristiques. Je ne suis pas le genre de joueurs à enchaîner les passements de jambes, mais j’ai un bon pied gauche. Je suis plus dans l’anticipation et je cours partout. D’ailleurs, je carbure toujours, même à 35 piges (rires). En Allemagne, les équipes pratiquent un foot offensif où il y a beaucoup de buts. En France, c’est plus tactique, on cherche plus à ne pas perdre », confie le capitaine du VfL.

« Avant de raccrocher, laissez-moi disputer quelques duels avec Lewandowski et Haaland. »

À Bochum, Anthony Losilla franchit un nouveau palier (239 matchs, quinze buts, treize passes décisives) : il apprend enfin l’allemand et tape dans l’œil de ses dirigeants, qui le prolongent saison par saison. Champion de 2.Bundesliga l’an dernier, le milieu a été le premier à soulever le trophée, « une juste récompense pour une ville de 370 000 habitants, pas très attrayante et grise. » Si le trentenaire s’approche petit à petit de la retraite, il veut profiter de chaque week-end sur les pelouses de Bundesliga. « Cela fait neuf ans que je suis au club, onze ans en Allemagne. Avec Bochum, on parle d’une éventuelle reconversion, mais je dois aussi penser à la famille, qui est toujours dans la région stéphanoise. Si la proposition est intéressante, pourquoi pas rester. Et dire que je ne voulais pas partir en Allemagne au début ! Pourtant, j’ai fait le meilleur choix de ma carrière. Mais avant de raccrocher, laissez-moi disputer quelques duels avec Lewandowski et Haaland. »

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Par Analie Simon

Propos de AL recueillis par AS.

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