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Angleterre : There’re Coming Home

Par Théo Denmat
Angleterre : There’re Coming Home

C'est terminé, l'Angleterre est éliminée du Mondial. La fin d'une belle épopée facilitée par un tirage plus que favorable, diront certains, mais dont les Anglais rêvaient depuis près de cinquante ans. Et qu'ils auront décroché au moment, peut-être, où ils s'y attendaient le moins.

Demandez à Sinclair, Marianne James et Philippe Manœuvre : ce début d’été est déjà une déception d’un point de vue musical. Un vulgaire mois de juillet placé sous le signe des resucées des tubes du passé, comme on recycle les films de super-héros parce que l’on sait que cela va attirer le chaland au frais de la salle de cinéma. En tête des charts ces derniers temps, Bella Ciao, un vieux chant des partisans italiens – pas inintéressant dans sa première version, celle de 1944 –, et vieil hymne de partisans anglais, fans de football cette fois-ci.

« It’s Coming Home » qu’ils disaient, référence à cette beuglante de supporters écrite à l’occasion de l’Euro 1996 disputé « à la maison » , comprendre celle du football : l’Angleterre. Le bilan, c’est deux semaines de matraquage auditif depuis la défaite des Three Lions lors du troisième match de leur poule G face à la Belgique, période durant laquelle oui, effectivement, les Britanniques y ont cru. Un tableau ouvert, des adversaires à portée de tir, une malédiction brisée et un coach à la hauteur, surtout, pour une fois. Sauf que tout ça, ça ne suffit pas face au courage.

Des promesses à la pelle, un râteau pour conclure

Est-ce une affaire de trop-plein de confiance en soi ? Peut-être bien. Difficile pourtant de déceler ces derniers temps dans le comportement des Three Lions autre chose que de la décontraction, voire même une certaine modestie. Le qualificatif n’a pas toujours été leur fort, loin de là, autant à ce titre leur reconnaître la lucidité de ne jamais s’être enflammés en public. Voilà qui tient probablement beaucoup à la personnalité de leur sélectionneur, Gareth Southgate, un type dont on retiendra tout autant le gilet sans manches que les tours qu’il y cachait. Une défense à trois, prometteuse, avec trois petits rosbeefs (Stones – Maguire – Walker) aussi impressionnants en début de match que déroutants à son issue face à la Croatie. Un Kane enfin patron, l’avènement d’Henderson au milieu de terrain, celui également de deux ailiers-latéraux que l’on n’attendaient aucunement à ce niveau de performance. Pour autant, après avoir ouvert le score d’un superbe coup franc à l’entrée de la surface, pour le neuvième but inscrit sur coup de pied arrêté par les Anglais depuis le début du Mondial, on a aussi vu le côté sombre de Kieran Trippier.

Celui d’un type qui commence à gagner du temps à la 55e, alors que la Croatie n’est encore que celle qui se délite au rythme de son naufrage physique, et que la situation demanderait précisément de balancer l’iceberg sur cette barque que l’on sent fragile. Progressivement, donc, la Croatie va reprendre pied, à travers celui de Perišić, et plonger l’Angleterre dans l’apathie d’un jeu dont elle ne maîtrise plus grand-chose, encore moins le rythme et les règles. L’ironique histoire d’un pays qui a dû attendre le crépuscule de sa génération dorée pour enfin pouvoir espérer remporter une médaille de bronze, puisqu’il leur reste encore ça à aller chercher. Pédance, donc, difficile à déterminer. Probablement un peu, là-bas dans le fond, l’occasion étant tellement belle qu’il aurait fallu être fou pour ne pas s’imaginer un instant en finale d’une Coupe du monde, après avoir consécutivement affronté une Colombie décevante, une Suède limitée, et une Croatie cramée. Qu’importe, finalement : cette Angleterre a redoré son blason, c’est une certitude.

Princes, à défaut d’être rois

Le problème des tubes d’été, c’est que leur mélodie reste en tête. Bella Ciao, tiens, puisqu’on l’évoquait, tatoué dans le cortex à coups de vocalises de Maître Gims, ou de vibratos de Vitaa, s’il faut vraiment choisir. « It’s Coming Home » , les Anglais vont l’entendre encore longtemps. Peu importe que les fans aient commencé à l’entonner par autodérision, il y a maintenant presque un mois, le fait est que les paroles avaient pris du corps, surtout ces derniers jours.

Une marche, juste une dernière marche avant les Bleus en digestif, histoire de conclure en beauté un festin que l’on retiendra, passé la déception, comme royal. On l’oublie un peu, mais si l’on s’en réfère à l’espérance de vie moyenne européenne, ce Mondial pourrait être le dernier avant un bon moment où le God Save The Queen sera entonné. Comme le veut la tradition, à la mort d’Elisabeth, on célèbrera le roi. Et si le titre anglais n’est encore pas pour cette fois, on peut définitivement déclarer que les héritiers du trône ont dépoussiéré une couronne datant de 1966.

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