Angleterre-Croatie : Sur un air de revanche
Leader incontesté de son groupe, l'Angleterre accueille ce soir la Croatie dans ce qui ressemble comme deux gouttes d'eau à la dernière chance des hommes de Bilic d'atteindre l'Afsud sans passer par la case barrages.
L’Angleterre a déjà un pied et quatre orteils en Afrique du Sud. Même une défaite à domicile face au dauphin croate ne changerait quasiment rien à la donne. L’équipe de Capello sera du voyage et laissera le soin à la France, à l’Argentine ou au Portugal d’occuper le rôle de grand absent qu’elle incarnait lors du dernier Euro. Avec sept victoires en autant de matches, et surtout de sacrés cartons (26 buts inscrits, meilleur total de la zone Europe), Capello a remis sur pied une équipe à la ramasse au point d’en faire un candidat sérieux au dernier carré du prochain Mondial.
Voilà pourquoi les pontes de la Fédération sont allés chercher à l’étranger ce qu’il se fait de mieux en Europe, même s’il s’agit d’un entraîneur à 8,5 millions d’euros par an. Pas n’importe qui. « Il est probablement le premier sélectionneur de l’Angleterre avec qui nous savons que si nous ne jouons pas bien, il y a un gros risque de ne pas débuter le match suivant » , a souligné Wayne Rooney lorsqu’on lui a demandé s’il avait notifié un changement entre les méthodes de l’Italien et celles de ses prédécesseurs. Le Mancunien a bien compris le message : quasiment muet sous le maillot de la sélection en trois saisons, il vient de marquer dix fois au cours des douze derniers mois.
Attention, ne pas croire non plus que l’affaire est entendue. Les Croates se rendent à Londres dans l’espoir de conserver leur place de second et barragiste, également convoitée par l’Ukraine. Et dans le but de laver l’affront du match aller. En septembre 2008, malgré une domination territoriale globale, les joueurs au maillot Bonne Maman furent humiliés 4-1 à Zagreb par des Anglais réalistes, froids et sans pitié. Qui a dit Capello ? Les médias croates ont déjà lancé les hostilités bien avant le coup d’envoi de la rencontre, arguant que la blessure de Modric, survenue au cours de Tottenham-Birmingham City fin août, et qui tiendra le stratège des Spurs éloigné des terrains pendant au moins trois mois, avait été le fruit d’une conspiration visant à amputer les Vatreni de leur meilleur élément avant le choc du groupe 6. Oui, les Croates regardent un peu trop 24 heures chrono. Ils feraient mieux de mater des matches de foot. Slaven Bilic, qui vient de déclarer que les Anglais « avaient perdu de leur fighting spirit sous Capello » , le premier. La réponse du transalpin ne s’est bien sûr pas fait attendre : « C’est la meilleure chose qui pouvait arriver. Je n’ai même plus besoin de motiver mes joueurs après cela. C’est vraiment une aide fabuleuse, il a fait mon boulot. Donc je n’ai qu’une chose à dire : merci M. Bilic » .
Au final, ce n’est donc pas forcément du côté croate qu’il faudra chercher le sentiment de revanche le plus exacerbé. Retour en arrière : à l’automne 2007, les joueurs des Balkans, bien que déjà qualifiés, ne s’étaient pas privés de gicler les Three Lions de la course à l’Euro, au profit de la Russie, sur cette même pelouse de Wembley, 2-3. A une victoire du visa officiel pour l’Afrique du Sud, nul doute que Ferdinand, Gerrard and Co leur rendraient bien la pareille.
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