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Amine Bassi : « Mon arrivée à Houston était une libération  »

Propos recueillis par Mathieu Rollinger

Sa dernière titularisation en France ? Une défaite 2-3 contre Fleury 91, avec la réserve du FC Metz. Onze mois plus tard, Amine Bassi facture treize buts pour le Dynamo de Houston, une Open Cup et des contours parfaits. Tout ce qu'il fallait pour mettre en valeur un mec qui, même à la cave, n'a jamais perdu le sourire. Entretien avant le dernier match de la saison régulière avant les play-off.

Sep 27, 2023; Fort Lauderdale, FL, USA; Houston Dynamo midfielder Amine Bassi (8) celebrates after winning the Lamar Hunt U.S. Open Cup Final against Inter Miami CF at DRV PNK Stadium. Mandatory Credit: Sam Navarro-USA TODAY Sports/Sipa USA - Photo by Icon sport
Sep 27, 2023; Fort Lauderdale, FL, USA; Houston Dynamo midfielder Amine Bassi (8) celebrates after winning the Lamar Hunt U.S. Open Cup Final against Inter Miami CF at DRV PNK Stadium. Mandatory Credit: Sam Navarro-USA TODAY Sports/Sipa USA - Photo by Icon sport

Heureux d’ouvrir ton palmarès avec une Coupe des États-Unis ?

En venant ici, j’avais l’objectif de remporter des trophées, mais de là à marquer le but de la victoire en finale de l’Open Cup, je ne pouvais pas m’y attendre. Ça restera un bon souvenir. Il ne faut pas se tromper : cette compétition a de la valeur. C’est l’équivalent de la Coupe de France, puisque des équipes amateurs la disputent sur des tours de qualification. Avec le Dynamo, on est entré au troisième tour et il a fallu gagner six matchs pour arriver au bout.

En finale, votre adversaire était l’Inter Miami, la nouvelle équipe de Lionel Messi. Impossible de prédire ça, il y a un an en arrière.

Il n’a pas joué la finale, parce qu’il était blessé, mais Busquets était là. Pas besoin de le décrire, c’est un immense joueur. C’est surtout quand on était dans le tunnel que j’ai pris conscience de qui j’avais en face ; pendant le match, si je devais lui faire mal, je ne me posais pas de questions.

Qu’est-ce que tu connaissais du Dynamo de Houston avant de le rejoindre en janvier dernier ?

Pour dire la vérité, rien du tout. C’est quand mes agents ont commencé à m’en parler que j’ai regardé leurs matchs, des résumés et à repérer quelques endroits en ville. J’ai tout de suite senti un feeling. Après la discussion avec le coach, Ben Olsen, qui est quelqu’un qui a su me comprendre, qui fait la part des choses entre rigoler et être sérieux, mon choix était fait. C’était en cohésion avec ce que je cherchais.

Hector Herrera connaît assez bien l’Europe pour avoir joué à Porto : eh bien il a un ami qui habite à Metz. C’est marrant, le monde est petit.

Amine Bassi

Qu’y as-tu trouvé ?

Déjà, une équipe. Aujourd’hui, c’est même plus des amis que des coéquipiers, à vrai dire. Je suis le seul Marocain en MLS, un des rares à avoir grandi en France, mais j’ai réussi à me fondre dans ce vestiaire, en m’entendant aussi bien avec les anglophones que les hispanophones. Pendant mon prêt à Barnsley (de janvier à avril 2022, NDLR), j’avais déjà pu mettre à jour mon anglais et, cette année, j’ai amélioré mon espagnol, donc j’arrive à me faire comprendre. Et c’est peut-être aussi ma joie de vivre qui a permis d’accélérer mon intégration. Sans oublier qu’Aurélien Collin, une légende aux États-Unis, est adjoint ici et m’a bien aidé à mon arrivée.

Quelles différences t’ont marqué ?

Les Américains mettent énormément l’accent sur la musculation. En France, tu n’y vas que si tu en as envie ou besoin, deux ou trois fois par semaine maximum, alors qu’ici c’est obligatoire et tous les jours. Moi, je n’en étais pas adepte, mais avec le temps, je vois à quel point c’est utile. Je suis un joueur qui aime les petits espaces et ça me sert en explosivité sur les trois premiers mètres ou pour mieux protéger mon ballon.

C’est comme ça que tu t’es transformé en Andrés Iniesta ?

Non, c’est Amine Bassi, mais avec plus de muscu. (Rires.) Après, il y a aussi cette connexion avec les autres joueurs sur le terrain. Il y a une alchimie qui s’est créée tout de suite.

On le sait : les Américains sont nuls en géographie. Quand tu leur as dit que tu débarquais de Metz, ils arrivaient à situer ?

Si, ils connaissent quand même un minimum. Hector Herrera, par exemple, connaît assez bien l’Europe pour avoir joué à Porto : eh bien il a un ami qui habite à Metz. C’est marrant, le monde est petit. Donc il savait que c’était un club important en France.

Est-ce que tu as senti le championnat changer de dimension avec l’arrivée de Messi cet été ?

Ça fait déjà quelques années que la MLS a pris une autre ampleur. Dans chaque équipe, il y a des super joueurs. L’arrivée de Messi a surtout apporté plus de médias, plus de fans dans les stades. Ça ne peut qu’être bénéfique pour tout le monde.

Dans le documentaire consacré à David Beckham sur Netflix, on le voit découvrir avec un certain dégoût le niveau de la MLS. C’était avec le Galaxy de Los Angeles, il y a plus de 15 ans. Toi, quelle a été ta première impression ?

Bon, déjà Beckham, c’était un grand joueur. Que des masterclass. Moi, j’ai été surpris de voir que la plupart des équipes cherchent à jouer au ballon. Il faut plus comparer ce championnat à la Liga qu’à la Premier League. Et puis c’est un show permanent, il y a des superstars en tribune. Regarde : lors de la finale, James Harden célébrait sur mon but… (Le basketteur est actionnaire minoritaire de la franchise, NDLR.)

Est-ce que les footballeurs – ceux du soccer – font partie de ce star system ?

Pour ma part, quand je sors en ville, quelques personnes me reconnaissent, mais c’est incomparable avec des joueurs de NBA. Mais on en profite quand même un peu. Récemment, je suis allé voir un des matchs des Rockets, et à la fin du match, j’ai pu aller sur le parquet pour faire des photos.

Tu es assez fan de cinéma. Tu n’as pas envie de tenter ta chance à Hollywood pendant que tu y es ?

Franchement, j’ai bien envie d’aller y faire un tour, mais là, avec les matchs qui s’enchaînent, je manque de temps. Je vais me contenter de finir la dernière saison de Lupin.

Dans ta vie quotidienne, le cadre doit être plus agréable que celui de la Lorraine.

Ah, ça ! Il fait toujours beau. Toujours. Je trouve les gens chaleureux, sympathiques. Et puis, c’est une autre mentalité. Il y a moins de critiques qu’en France, notamment chez les fans. J’ai pas mal d’amis, des mecs qui étaient là depuis le début, qui s’arrangent pour venir me voir, donc je suis rarement seul. C’est sûr que les prix du billet ne sont pas les mêmes pour aller à Metz, mais on kiffe ensemble, à Houston ou à Cancún qui est à une heure et demie d’avion.

À 20 ans, tu as des rêves de jouer la Ligue des champions et des gros matchs. Aujourd’hui, j’ai 25 ans et donc une autre réflexion sur les choses.

Amine Bassi

En juillet 2018, Nancy, relégué en Ligue 2, a besoin de liquidités (déjà) et a un accord avec le Fire de Chicago pour te transférer. Après hésitation, tu refuses, disant que tu étais « trop jeune pour partir aux États-Unis ». Partir aux USA, c’est faire une croix sur ses ambitions ?

À 20 ans, tu as des rêves de jouer la Ligue des champions et des gros matchs. Et puis vivre seul à l’autre bout du monde à cet âge-là, ça me paraissait un peu compliqué. Aujourd’hui, j’ai 25 ans et donc une autre réflexion sur les choses. À l’époque, j’avais peur d’y aller. Aujourd’hui, je ne regrette rien. Notamment parce qu’à Metz, ça ne s’est pas passé comme ça aurait dû se passer. Un club me voulait vraiment, et j’avais besoin de ça.

Comment expliquer cet échec à Metz ?

Je suis arrivé (en 2021) avec plein de promesses des coachs qui n’ont jamais été réalisées. Antonetti m’avait appelé pour que je vienne le voir, qu’on discute avant de signer. J’avais apprécié son discours, mais ces mots ne sont jamais devenus concrets. Je suis prêté en deuxième partie de saison à Barnsley, où on m’a super bien accueilli. On m’avait dit que le Championship n’était pas pour moi, mais j’aime les défis et je pense m’en être bien sorti. L’été suivant, je reviens à Metz. Il y a un nouveau staff, et le directeur sportif (Pierre Dréossi) me dit qu’ils comptent sur moi pour la saison en Ligue 2. L’équipe part en stage de préparation en Espagne, mais je reste à Metz sans qu’on me donne aucune explication… Pareil sur les matchs amicaux, le coach (Laszlo Bölöni) ne me fait pas entrer une fois. Je n’ai pas compris. Ma seule titularisation, c’est à Bordeaux. Du jour au lendemain. Ce jour-là, le coach est suspendu, et c’est l’adjoint (Christophe Delmotte) qui passe en interview d’après-match. Il dit que j’ai fait mon match et semble satisfait de ma prestation. Pourtant, deux matchs plus tard, je ne suis même plus dans le groupe. C’est un gros point d’interrogation. Peut-être que c’était au faciès… Franchement, si le coach a une raison à me donner, je serai le premier heureux de l’entendre.

Le sujet de la santé mentale chez les footballeurs s’impose de plus en plus. Ce genre de situation ne doit pas être facile à vivre.

On était deux dans cette impasse, moi et Sofiane Alakouch. Lui était plus touché moralement. Moi, je suis quelqu’un de joyeux. Même quand il arrive des choses graves, j’arrive tous les jours à l’entraînement avec le sourire. Je crois que ça ne plaisait pas à Metz, et j’entendais des commentaires du genre « Comment tu peux avoir le sourire alors que tu ne joues pas ? tu t’en fous du club ? » Ok, je ne joue pas le week-end, mais je voulais prendre du plaisir à l’entraînement. C’est ce qui me faisait tenir mentalement. Je savais que la roue finirait par tourner.

Les joueurs sont quand même souvent livrés à eux-mêmes. Est-ce qu’il ne faudrait pas proposer plus de solutions pour les accompagner ?

Oui, je pense. Ok, j’ai le sourire, c’est mon rêve de jouer au foot, j’ai une personnalité comme ça, mais il y a eu des moments durs. Quand on m’a envoyé aux entraînements de la réserve, ça aurait pu m’aider d’avoir une personne à qui parler. Rien que pour se changer les idées.

Il y avait une difficulté de plus dans ton cas : tu venais de Nancy. Ça suppose donc de subir la méfiance de ses nouveaux supporters et les insultes des anciens.

J’aurais pu aller à Metz un an avant, donc pendant toute ma dernière saison à l’ASNL, les supporters m’en ont mis plein la gueule. Je sais que ça fait partie du jeu et qu’il faut s’attendre à ça quand on rejoint le club rival, mais ce sont des choix de carrière et ça ne concerne que moi. Et encore, je m’en sors bien : je ne me suis jamais fait insulter dans la rue, ça n’a jamais débordé du stade. Je connais mon métier et je sais qu’il y a des avantages et des inconvénients.

As-tu eu la sensation de perdre ton niveau pendant ton passage à Metz ?

Je suis quelqu’un de confiant, je connais mes qualités, mais le souci, c’est que personne ne voulait les voir. Les seuls qui pouvaient se rendre compte de mon niveau réel, c’étaient mes coéquipiers à l’entraînement. Donc c’est frustrant. Quand je suis arrivé à Houston, c’était une libération. Enfin, je pouvais m’exprimer le samedi.

En 2026, la Coupe du monde se déroulera sur le sol américain. Tu n’as jamais été appelé avec les A du Maroc, mais est-ce un objectif que tu juges atteignable ?

C’est un rêve et je me donne à fond sur le terrain pour le réaliser. Par contre, si ça devait ne jamais arriver, je serais à fond derrière les Lions de l’Atlas sur mon canapé.

Ou dans les tribunes en tant que voisin, si tu es toujours là.

Ça, on verra. Moi, je ne projette pas plus loin qu’à demain, donc on fera un bilan à la fin de la saison. Je ne m’interdis pas un retour en Europe, ni de rester quelques années de plus aux États-Unis.

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Propos recueillis par Mathieu Rollinger

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