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Alors, il était comment, ce retour de Fekir ?

Par Arnaud Clément, sur la plaine de jeux de Gerland
Alors, il était comment, ce retour de Fekir ?

Impossible de passer à côté de cette info depuis samedi avec la foultitude d'images générées par un simple match du groupe B du Championnat de France amateur : le retour à la compétition de Nabil Fekir avec la réserve lyonnaise, défaite à domicile par MDA Chasselay (0-1). Mais qu'en ont pensé ses adversaires ?

« Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu la plaine des jeux aussi animée et remplie. La dernière fois, de mémoire, c’était déjà pour un derby. Avec la réserve de l’OL, il y avait déjà du beau monde : Cláudio Caçapa, Nilmar, Karim Benzema, Hatem Ben Arfa… » Comme le milieu de terrain de Chasselay Anthony Esparza, 30 ans et formé dans la capitale des Gaules, ils ont été nombreux à se délecter de l’animation autour du terrain n°10 de Gerland, situé à quelques encablures de l’ancien temple cher à Caveglia, Anderson, Juninho et consorts. Avec le retour de l’enfant prodige Nabil Fekir, enfin de retour aux affaires depuis cette blessure au ligament croisé du genou droit, qui s’était fait la malle contre le Portugal en septembre 2015, il était prévisible de voir du monde autour de la main courante.

Qui plus est pour un derby entre deux clubs voisins de CFA, avec un club pro ayant formé une grosse dizaine d’éléments de celui des Monts d’Or. « Même si ce n’est pas mon premier match avec un tel engouement à ce niveau, c’est vrai que c’est sympa de jouer devant 2 000 personnes, les caméras… On se prend pour des pros » , se marre le portier chasselois Daniel Jaccard, passé notamment par le GF38 et lui aussi élevé à Tola Vologe. 2000 personnes évidemment pas venues pour sa gueule, si belle soit-elle. Pas même pour celle de Ludo Giuly, qui a placé sur la carte de France du football ce village aisé d’à peine 3000 âmes. Absent, « Super souris » joue beaucoup moins que la saison dernière.

Nabilon, entre diagonales et cachotteries

De ce match, que retenir, mis à part les retrouvailles avec le toucher de balle soyeux et les crochets à déplacer le bassin des défenseurs chers à l’international ? Une opposition de style, avec un onze lyonnais joueur face à un bloc chasselois plus regroupé. Un choix en conséquence de ce retour particulier ? « Pas du tout, il n’y avait pas lieu de faire de l’anti-Fekir. On a une équipe expérimentée, avec des garçons bons techniquement et tactiquement, donc on avait choisi cette équation compliquée pour des jeunes de rester bas et regroupés. On avait déjà fait ce choix l’an passé et ça avait marché » , détaille Noël Tosi, le coach baroudeur ayant cumulé un paquet de saisons sur les bancs de L2, pas peu fier de signer un deuxième succès sur le plus petit des scores sur les terres lyonnaises. Qui plus est en ayant joué à dix plus d’une demi-heure après l’exclusion d’Anthony Castillo. « Elle permet quasiment de nous maintenir cette victoire, donc c’est parfait » , complète Anthony Esparza.

Et Fekir dans tout ça, qu’en ont-ils pensé ? Sans surprise, à froid et après avoir repensé à ses prises de balle ou ses changements de côté gerrardiens, le ton est dithyrambique. Noël Tosi, qui avait jugé qu’un retour dans un championnat engagé comme le CFA pouvait être un risque pour « Nabilon » , se lance dans un inventaire à la Prévert : « C’est un garçon extraordinaire à voir jouer. Déjà, il a deux pieds qui sont des mains et il nous a mis le feu à quelques reprises avec son toucher de balle, sur deux coups de pied arrêtés et une frappe notamment. Dès que ça part, c’est pur… Et puis voilà, il joue pied droit-pied gauche sans problème, il te pose des changements d’appuis tonitruants, des changements de rythme avec sa capacité d’accélération qui font très mal. » Des capacités toutefois amenées à fructifier comme à la belle époque, avec plus de caisse et face à un bloc moins compact, Fekir ayant d’ailleurs beaucoup décroché au niveau de ses milieux récupérateurs pour toucher le cuir. Et si Anthony Esparza a eu un faible particulier pour les galettes de 50 ou 60 mètres envoyées en diagonale à l’autre bout du terrain par Fekir, Daniel Jaccard a lui apprécié un autre point particulier : « Balle au pied, dans sa gestuelle, il masque tout ce qu’il va faire, c’est vraiment la marque des grands. Concrètement, en tant que défenseur, tu ne peux rien déchiffrer, rien anticiper. Sinon il le sent et t’es foutu, il t’élimine ou la donne, mais t’es mort ! »

Un Fekir peut en cacher un autre

Autre point sur lequel les p’tits gars de MDA Chasselay balancent autant de louanges que Fekir s’est tapé d’heures de rééducation : son état d’esprit. « Déjà, reprendre par un match de CFA et afficher cette envie de gagner, de marquer, ça en dit long sur son côté compétiteur. Et c’est un super mec. Il est venu nous saluer à la fin du match. En CFA, tu vois des pros bien moins humbles quand ils jouent avec la réserve. Avec une telle humilité, il reviendra forcément à un sacré niveau » , pronostique Anthony Esparza, aussi passé par l’AS Valence, Toulon, l’AS Cannes ou encore le club thaïlandais de Chonburi. Noël Tosi pousse le curseur de l’éloge un cran plus haut : « Avec ses partenaires, c’est un exemple. On l’a vu parler à ces jeunes joueurs même si c’est un timide, il les a pris par le cou. Il nous a aussi parlé gentiment. C’est un vrai régal ce garçon ! » Et Daniel Jaccard, qui avait déjà joué une fois contre un Fekir plus juvénile lorsqu’il gardait les bois de La Duchère, d’y aller aussi de son anecdote : « À la fin du match, il est assailli par les journalistes et photographes, mais je l’ai croisé et lui ai demandé au vol si son genou avait tenu bon. Il m’a lancé un grand sourire et m’a dit que ça s’était bien passé. Il avait l’air content. » Comme un gamin retrouvant son jouet préféré.

Alors oui, on peut trouver à redire sur son manque de rythme ou cette perte de balle à 40 mètres de son but amenant l’unique réalisation du match d’Alain Etamé, après une course effrénée pour rattraper sa boulette sans jamais pouvoir rattraper son vis-à-vis, lui qui est d’ordinaire un dragster. Mais Daniel Jaccard, dont son coach dit de lui qu’il « n’a rien à envier à certains gardiens de L2 » , recadre illico le débat : « L’objectif premier d’un joueur qui reprend après un gros couac, c’est clairement pas d’être performant et à bloc d’entrée, mais déjà d’être sûr de pouvoir rejouer. Ça m’est arrivé aussi en 2011, après une fracture de la mâchoire. Rentrer dans un vestiaire de foot, préparer un match avec ses coéquipiers, entrer sur le terrain… Ce sont des sensations toutes bêtes pour le commun des joueurs, mais pour un garçon de retour, c’est déjà énorme. J’ai ressenti ça à l’époque et je pense que Nabil a déjà voulu regoûter à tout ça avant de retrouver pleinement ses moyens. » Et ainsi pouvoir mater de nouveau son petit frère Yassin, entré en jeu un quart d’heure et très en vue selon Noël Tosi, après avoir calé un petit pont d’entrée : « Ah lui, il a mis le feu. Il a eu deux situations d’égalisation et on a eu chaud sur la fin. » Rendez-vous dans quelques années pour savoir s’il se dessine la même destinée que son briseur de reins de frangin.

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