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Alors, ça se fabrique comment une alchimie ?

Par Maxime Brigand
Alors, ça se fabrique comment une alchimie ?

Si le PSG reçoit mercredi Angers en match avancé de la trente-et-unième journée de Ligue 1, Dani Alves a affirmé il y a quelques jours à la télévision brésilienne que l’élimination face au Real Madrid était avant tout due à un manque d’alchimie, vieille notion croisée depuis toujours dans la bouche des joueurs et dirigeants. Drôle de quête.

Avant de tomber, Dani Alves avait pourtant sorti les crocs : « Non, ce ne sera pas le match le plus difficile de ma carrière, mais on a l’occasion de changer l’histoire du PSG dans cette compétition.(…)Maintenant, on a toujours deux options : s’asseoir et pleurer, ou se lever et le faire. » À comprendre, même sans Neymar. Ce devait être le grand soir, on connaît la suite : une élimination sans se battre, un président qui tape à côté à l’heure de l’analyse et qui lâche un bras d’honneur à la réalité – « En première mi-temps, le PSG a dominé. Il nous a seulement manqué le but. Si on met le premier but, le match aurait été différent » –, un adversaire qui donne une leçon de maîtrise collective et Zinédine Zidane qui envoie un crochet dévastateur en conférence d’après-match en affirmant que son Real « a fait ce qu’[il] voulait tactiquement. À la fin, ce sont les joueurs qui sont convaincus de ce que nous, entraîneurs, on y met. La clé, c’est ça : croire en ce que l’on fait. »

C’est l’histoire du haut niveau, de l’ascension d’un col de catégorie C1 où le joueur n’est plus un pion qui s’exprime en solitaire, mais plutôt le boulon d’un ensemble qui doit être prêt à en détruire un autre. Le PSG en est loin, le PSG dans tout son ensemble, et on ne va pas rouvrir ici le débat sans consistance de l’institution qu’on nous ressort chaque année au moment où le club parisien est poussé à la porte par les habitués du circuit. Tout simplement parce que seuls la Juventus et le Real Madrid y ressemblent aujourd’hui : n’oublions pas que le Bayern est un club où le licenciement de Carlo Ancelotti en septembre 2017 a marqué une rupture et le Barça en est un autre où Lionel Messi décide lui-même de ses clauses.

« Il faut enlever le soufre pour ramener le mercure »

Non, c’est autre chose selon Alves, qui a passé cette semaine sa tête sur Globo pour analyser la leçon reçue face à un Real qui l’a remis, via son bras gauche Marcelo-Asensio, à la condition de ses 34 ans : « Les éliminations n’arrivent pas par hasard. J’ai vécu ça avec la sélection brésilienne, où il manquait cette alchimie. Le PSG traverse aujourd’hui cette phase de transition, il n’y a pas cette alchimie et ça finit par se refléter sur le terrain. » Ce à quoi Unai Emery, qui raconte plus ou moins la même histoire que ses prédécesseurs, a répondu mardi, évoquant un « processus de transformation » qui devrait se poursuivre sans lui, le PSG n’ayant pas vraiment progressé entre ses doigts, et ce, même si l’on tente d’installer l’écran de fumée du « problème mental » devant l’élimination face au Real. Drôle de débat que l’alchimie, notion balancée depuis toujours au milieu du sport collectif et qui veut tout et rien dire, que ce soit au HBC Nantes ou dans les bureaux de Francis Le Basser. Au Moyen-Âge, les alchimistes rêvaient de transformer le plomb en or. Aujourd’hui, leur but premier est, selon Grégory Di Cato, alchimiste-instructeur à l’école Azoth, de « remettre de l’esprit dans la matière, de s’amuser » . Emery connaît le (vaste) programme de ses prochaines semaines.

Explications : « Le rôle du coach d’un club comme le PSG est de créer une osmose entre les différences, rassembler ce qui est épars, afin de diminuer l’agitation, le soufre et de révéler le mercure, le message du joueur. C’est une fusion, une teinture entre ces deux émotions qu’il faut trouver. » Mais comment faire ? « Trouver une alchimie, c’est retrouver une unité. Prenons l’exemple de Saint-Étienne lors des beaux jours , qui a réussi à ramener l’esprit à l’intérieur du groupe alors que l’équipe n’était pas très belle, il y a eu un petit quelque chose en plus de non explicable, poursuit Grégory Di Cato. À Paris, on achète des joueurs sans regarder comment ils peuvent se mettre en place, on reste fixé dans la matière et le paraître. Sauf qu’on ne transforme pas, on transmute : il faut reprendre un tout pour le modeler différemment afin qu’il n’y ait plus rien, pour dissoudre l’ego. Le foot est un art, il faut que quelque chose descende à l’intérieur de la personne pour qu’il offre ses qualités au collectif et que tout ne tourne pas autour d’un individu. C’est la différence entre le chaos et l’unité. » Cette unité s’apparente alors à l’égrégore, état d’esprit qui permet à un groupe de rassembler ses désirs communs pour toucher un but précis. Et Krychowiak n’a rien à voir dans cette histoire.

Le 12 et le chaos

Ainsi, l’idée est de trouver « un équilibre pour retrouver le sel qui fixe » , et l’enjeu dépasse aussi aujourd’hui le cadre du terrain selon la caste des alchimistes : « La question aujourd’hui est de savoir comment ramener du jeu pour intégrer la place du 12e, le public. Mettre en place une équipe n’est pas simple, l’animer, lui mettre du spiritus pour ne faire qu’un. La blessure de Neymar l’a prouvé : sa blessure est le résultat de pressions. Là, au lieu de se rassembler, le groupe a été fragilisé et ça a amené le chaos. C’est pareil dans tous les grands clubs sauf qu’ailleurs, il y a un ensemble solide. » C’est la mission des prochaines semaines pour les alchimistes Emery et Al-Khelaïfi, qui a encore prouvé récemment qu’il pouvait trouver du beau dans une réalité brutale. « En alchimie, comme pour monter une équipe, il faut du temps pour faire, c’est comme un pèlerinage. » Grégory Di Cato ajoute : « Ramenons de l’esprit sur le terrain, animons le jeu pour que celui-ci se révèle et amène de l’or dans les matchs. » Seconde étape post-Apocalypse : Angers, à 17h.

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