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140 briques pour plus qu’un club ?

Par Eric Carpentier
140 briques pour plus qu’un club ?

En début de semaine, le FC Barcelone a offciellement emprunté 140 millions d'euros auprès de deux fonds d'investissement américains. Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Et pour quoi faire ? Est-ce seulement légal ? Tentative de réponses.

Le chiffre fait la Une : 140 millones. Ça ne fait pas un Neymar, ni même un Coutinho. À peine un Dembélé. Mais en valeur absolue, ça représente quand même un pognon de dingue. 28 novembre 2018, le Mundo Deportivo lâche l’info. Le FC Barcelone devra sortir 140 millions d’euros pour espérer arracher Frenkie de Jong et Matthijs de Ligt de leur pouponnière amstellodamoise. Dans le détail, ça donne 75 plaques pour le premier, entre 60 et 65 pour le second.

Deux mois plus tard, bingo ! Frenkie signe en Catalogne moyennant 75 millions d’euros, hors bonus. Et puis, encore vingt jours plus tard, au tour d’El País d’entrer dans la danse : le quotidien généraliste espagnol annonce un emprunt à hauteur de 140 millions d’euros du Barça auprès de deux fonds américains. Est-ce à dire que De Ligt peut d’ores et déjà réserver son Vueling pour la Catalogne ? L’arrivée de Jean-Clair Todibo à compter du 1er juillet aurait plutôt tendance à indiquer le contraire. Mais alors, qu’est-ce que ça veut dire ?

Principes économiques, règles juridiques

Pour commencer, l’énoncé du sujet : le Barça a emprunté 90 millions d’euros à Pricoa Capital Group et 50 millions à Barings – moyennant des taux d’intérêts de 1,8 %, le tout sur cinq ans. Des chiffres à mettre en rapport avec le chiffre d’affaires record annoncé par le club pour la saison 2017-2018 – à savoir 914 millions d’euros –, avec le bénéfice net – treize millions – et avec l’endettement existant avant l’opération – quelque part entre 150 et 200 millions d’euros. Et un emprunt, surtout, à considérer au regard de la dynamique du club. Parce que « bien sûr, une entreprise qui engendre du profit peut emprunter, pose l’économiste du sport Pierre Rondeau. Ça peut être dans un objectif de refinancement, la France le fait tous les jours, ou d’investissement. Si j’emprunte à 1,8 %, mais qu’avec cet argent, j’engendre pour 7 % de profits, ce qui est approximativement le cas du Barça depuis six ans, alors je suis gagnant. » Autre cas, la Juventus : le lendemain de l’information d’un emprunt souscrit par les Catalans, les Piémontais annonçaient l’émission d’un emprunt obligataire d’un montant de 175 millions d’euros. Sans que cela ne crée autant de remous.

Peut-être parce que la Vieille Dame se tient plus en retrait des conflits autour du sigle le plus commenté du football moderne avant l’apparition de la VAR, le FPF. Quand le Barça, qui ne cesse de brandir le fair-play financier dans sa sempiternelle croisade contre un PSG coupable de lui avoir volé sa star de demain, va subitement chercher de l’argent frais en Amérique, certains s’étranglent. Pourtant, rien d’illégal selon Rondeau : « L’endettement en soi ne pose pas de problème, tant qu’il y a un contrôle de la dette. Ce que l’UEFA ne supporte pas, c’est que l’on dépense plus que ce que l’on a à un instant T. » Et celui qui officie comme consultant chez RMC Sport de pointer des différences d’environnement : « La Juve est cotée en Bourse, donc elle peut aller y chercher de l’argent. À l’instar de Lyon pour son stade. Le Barça peut s’adresser directement à un fonds d’investissement américain. Mais en France, la règle dit qu’une banque doit servir d’intermédiaire. Or, les banques françaises rechignent à accorder des crédits à des clubs de football. » En filigrane se dessine une autre distinction : quand la Juve et le Barça, puissances assises et pérennes du football, inspirent confiance aux investisseurs extérieurs, ceux-ci regardent avec méfiance un PSG susceptible de dégringoler subitement en cas de retrait des Qataris. Mais ça, c’est une autre histoire.

« Les arbres ne montent pas au ciel »

L’autre information principale, c’est que pour la première fois, le Barça n’emprunte pas à une banque espagnole. Et le fait que l’argent soit américain n’est pas anecdotique après les investissements ou prises de pouvoir du côté de Marseille, Bordeaux, Lille, Milan ou encore Rome. Comme si les Yankees avaient subitement pris la mesure du potentiel économique du soccer. « Les sports américains engendrent énormément d’argent, mais on constate par exemple une baisse des audiences en NFL. À l’inverse, le potentiel de croissance mondiale du football est unique avec les marchés chinois, indiens, américains… Et les financiers ont bien remarqué que le marché est dans un cycle de croissance exponentielle depuis les années 1990 » , propose Rondeau. Croissance unique, soutenue… infinie ? C’est évidemment la dernière – ou la première – question soulevée par l’opération financière du Barça, et avec elle par tous les mouvements d’investissement de grande ampleur dans le foot.

Aujourd’hui, le FC Barcelone, Paris ou Manchester United ne peuvent se laisser distancer dans les hauteurs du jeu mondialisé. Alors, plutôt que d’attendre quelques mois que les dotations européennes et les droits télé revus à la hausse tombent dans les caisses, plutôt que de patienter jusqu’à la sortie de terre de ses nouvelles installations et l’augmentation consécutive des recettes de billetterie, le Barça emprunte. Pour pouvoir dépenser tout de suite, pour rester toujours plus compétitif. Soit la même démarche qui a poussé la direction à se ruer sur Coutinho ou Dembélé après le départ de Neymar. La même envie de faire de Lionel Messi le joueur le mieux payé de tous, au prix d’une masse salariale de loin la plus importante au monde tous sports confondus (562 millions d’euros, soit 81 % du chiffre d’affaires selon The European Champions Report 2019 de KPMG). Les Blaugrana l’ont annoncé : leur objectif est d’être le premier club du monde à engendrer des revenus annuels supérieurs au milliard de dollars (avec l’année 2020 comme horizon). Attention tout de même : s’il y a une chose que le XXIe siècle nous a appris, c’est que « too big to fail » , c’est du bullshit.

Par Eric Carpentier

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