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Mais bon sang, il se passe quoi à Makhachkala ?

Par Régis Delanoë
Mais bon sang, il se passe quoi à Makhachkala ?

« Nombre de nos coûteuses vedettes vont quitter Anzhi et le budget du club va baisser de 50 à 70 millions de dollars par an. » C’est d’un tweet posté en début de semaine que le président du club Konstantin Remchukov a confirmé la rumeur : le projet fou d’un oligarque du Daguestan de monter à la va-vite une équipe de stars chez lui en claquant un fric monstre vient de s’achever. Reste des questions : pourquoi ce brutal changement de stratégie ? Pourquoi maintenant ? Et est-ce la fin définitive de l’Anzhi Makhachkala ?

Des signes avant-coureurs

Rétrospectivement, Guus Hiddink a un côté Francesco Schettino, le capitaine du Costa Concordia accusé d’avoir lâchement abandonné son navire en détresse. Le 22 juillet dernier, le technicien néerlandais surprenait son monde en démissionnant du poste d’entraîneur de l’Anzhi, quelques semaines seulement après avoir pourtant prolongé son contrat d’un an. « Ce n’était pas une décision facile à prendre mais j’ai toujours dit que ma mission prendrait fin quand le club serait capable de se développer davantage sans moi » , se justifiait-il. Quand on sait aujourd’hui dans quelle situation se trouve la formation du Daguestan, on peut légitimement douter de la bonne foi de ce cher Guus. Son départ soudain apparaît plus comme une fuite avant les emmerdes que comme un départ avec le sentiment du devoir accompli… Car il est difficile d’imaginer qu’il ne savait pas ce qu’il se tramait à l’intérieur du club. Autre signe inquiétant qui aurait dû nous mettre la puce à l’oreille les jours derniers : une dépêche AFP n’ayant a priori rien à voir avec le football révélait que le géant russe des engrais Uralkali avait procédé à un brutal changement de stratégie, rompant les liens commerciaux qui le liaient avec une société bélarusse, Belaruskali. Cette opération aurait fait perdre 30 % de la valeur boursière d’Uralkali en seulement quelques heures. Or, qui est son principal actionnaire ? Suleyman Kerimov, propriétaire de l’Anzhi Makhachkala depuis janvier 2010. Dans l’affaire, le businessman aurait perdu 0,5 milliard de sa fortune personnelle. De quoi forcément l’inciter à calmer le jeu concernant son « jouet » footballistique… Enfin, le dernier signe avant-coureur venait de l’effectif même, en proie ces derniers jours à d’inhabituelles tensions. L’une des recrues phare de l’intersaison, Igor Denisov, était mystérieusement écarté du groupe lors du dernier match face à Rostov (défaite 0-1), soi-disant en raison d’une blessure. La vérité, c’est que l’ancien joueur du Zénith est un fouteur de merde en chef, qui s’était déjà frité avec certains coéquipiers de son précédent club, particulièrement les étrangers. Cette fois pareil, il aurait osé s’attaquer à Sir Eto’o, à ses privilèges et à ses potes de vestiaire, ce qui lui a direct valu d’en être écarté. Résumons la chose : un entraîneur en fuite, un président fragilisé et un effectif sous tension : si on y ajoute en plus des résultats sportifs récents décevants (2 défaites et 2 nuls depuis le début de saison), tout semblait réuni pour que la bulle Anzhi explose.

Le mystérieux Suleyman Kerimov…

Et c’est ce qui est arrivé : l’Anzhi a explosé. Du moins l’Anzhi tel que l’avait souhaité Kerimov lorsqu’il racheta avec fracas le club en 2010, se payant d’abord Roberto Carlos, puis Samuel Eto’o et toute une palanquée de joueurs de niveau international, dans l’idée d’obtenir rapidement des résultats sur la scène nationale et continentale. On ignore quel était son plan de route exact, mais il a lui-même reconnu son échec. Un journal local rapportait les jours derniers les propos du boss, qui estimait que l’Anzhi ne valait plus la peine de se ruiner les nerfs et la santé. Frustré, Kerimov peut l’être, avec cette 3e place finale en championnat la saison dernière qui n’a pas permis à l’équipe de se qualifier pour la Ligue des champions. Le début de saison actuel n’incite pas non plus à l’optimisme… Officiellement, c’est aussi pour des raisons de santé que Kerimov a décidé de calmer le jeu avec l’Anzhi. En 2008 au volant de sa Ferrari, il a failli se tuer sur une route de la Côte d’Azur et il porte encore aujourd’hui les séquelles de cet accident. Financièrement, il a également des raisons de calmer le jeu, lui qui a vu sa fortune personnelle fondre ces dernières années : de 17,5 milliards de dollars en 2008 à 7,1 milliards en 2012, sans compter le demi-milliard de pertes avec l’opération boursière dont on vous parlait plus haut. Dernier point : Kerimov a pu se sentir légitimement trahi par Guus Hiddink, démissionnaire alors qu’il venait de prolonger, et par des joueurs peu concernés, à l’image du Brésilien Willian, qui a récemment évoqué dans la presse ses envies de départ alors même qu’il vient d’arriver depuis seulement quelques mois.

Vers un Anzhi 2.0 ?

On en est donc là : baisse drastique du budget du club – qui était de 180 millions de dollars par an jusqu’alors – et mise sur le marché de tous les joueurs à gros salaire. Denisov, Zhirkov et Kokorin sont déjà en partance pour le Dynamo, qui chercherait aussi à récupérer le gardien Gabulov dans le package. Willian va voir son vœu exaucé, Lassana Diarra devrait rapidement trouver un point de chute, tout comme Lacina Traoré, Carcela ou Boussoufa. Pour Eto’o, c’est à voir : proche de Kerimov, il pourrait honorer sa dernière année de contrat, d’autant que pas grand monde sur le marché ne peut s’aligner sur ses émoluments actuels… Mais très rapidement, l’idée à l’Anzhi serait de miser sur l’émergence de talents locaux plutôt que sur l’achat coûteux de stars déjà établies. Autre volet de la nouvelle stratégie de l’Anzhi 2.0 : mieux ancrer le club dans son environnement, le Daguestan cher au président Kerimov. Fini les joueurs qui habitent et s’entraînent à Moscou avant de se rendre à Makhachkala seulement pour disputer les matchs à « domicile » , le club souhaite désormais que l’équipe soit sur place à 100 %. Le choix du nouvel entraîneur n’est d’ailleurs pas anodin : l’intérim du Hollandais René Meulensteen, qui avait remplacé Hiddink au pied levé, n’a duré que 16 jours. Déjà viré, l’ancien assistant d’Alex Ferguson à MU laisse place au retour de Gadzhi Gadhiev, un natif du Daguestan qui a déjà coaché l’équipe par le passé. L’Anzhi n’est donc pas forcément complètement mort mais a juste choisi, selon le souhait de son proprio, de changer drastiquement de stratégie et de miser sur du plus local et du plus long terme. Ce qui, au final, n’est peut-être pas plus mal. En tout cas ça paraît plus sain.

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Par Régis Delanoë

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