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- Chelsea/Manchester United
United, tous muscles dehors
Battu lors de ses trois dernières confrontations avec Chelsea, Manchester United se dit prêt à inverser la tendance. Pour la première fois de la saison, les Red Devils se présenteront à Londres avec tous leurs attaquants sur pieds. Ce qui n'est pas plus mal quand on connaît l'importance du but à l'extérieur.
Muscles versus couilles. Voilà à quoi pourrait se résumer, caricaturalement, le choc européen entre les deux uniques champions d’Angleterre de ces six dernières années. Les résultats de mardi soir ont transformé les impressions en certitudes : ce Chelsea-Manchester United est bien le plus indécis des quatre quarts de finale. Pour le coup, la formule de coutume « c’est du 50-50 » n’a jamais été aussi bien adaptée. L’incertitude qui plane autour du résultat de cette confrontation est à la hauteur des attentes qu’elle suscite. Car absolument tout est possible entre ces deux équipes toujours très proches lorsqu’elle s’affrontent. On peut aussi bien s’attendre à un match fou et sans calcul, qu’à une interminable partie d’échec se transformant en purge pour le spectateur. On se risquera encore moins à pronostiquer le nom de celui qui affrontera (vraisemblablement) Schalke 04 au prochain tour pour une place à Wembley.
Certes, Chelsea possède peut-être un léger avantage psychologique sur les Red Devils, qui restent sur trois défaites de rang face aux Blues en championnat. Certes, les ouailles de Ferguson, qui l’ont encore prouvé ce week-end, éprouvent d’énormes difficultés à l’extérieur cette saison. Mais miser sur les hommes d’Ancelotti reviendrait à occulter plusieurs paramètres fondamentaux. Notamment celui qui fait que ce quart de finale intervient au meilleur moment possible pour Manchester United. C’est à dire pile quand l’infirmerie mancunienne, bondée depuis l’automne, se vide. Souvent critiqué pour la qualité de son jeu cette saison, MU –qui détient quand même la meilleure attaque de Premiership, au passage- a récupéré l’ensemble de son compartiment créatif depuis que Park, Valencia, ou encore Anderson ont l’un après l’autre réintégré le groupe. Ferguson dispose désormais de la totalité de son armada offensive –même l’éternel blessé Michael Owen est dispo, c’est dire. Face à cette force de frappe, fraîche qui plus est vu le faible nombre de matchs qu’affichent les compteurs de Park ou Valencia, Chelsea aura fort à faire. D’autant que les Blues seront évidemment privés de David Luiz, qui a déjà joué cette saison en C1 sous les couleurs du Benfica. Pas négligeable quand on sait l’impact qu’a eu le défenseur brésilien sur le dénouement du dernier Chelsea-Man Utd en date.
United a donc un coup à jouer dès ce soir et, peu importe la formule alignée (Une pointe ? Deux pointes ? Avec ou sans Chicharito d’entrée ?), se déplacera à Stamford Bridge dans l’idée de marquer, si l’on en croit son coach. « L’objectif de ce match aller, c’est de revenir à Old Trafford avec un but en poche. Deux, ce serait idéal » . Ambitieux, Sir Alex ? Certainement, mais également pragmatique. Car le manager écossais sait mieux que quiconque que son équipe n’est pas aussi hermétique que par le passé, même si MU affiche aujourd’hui, et de loin, les meilleures stats défensives du plateau avec seulement deux buts encaissés; et encore, il a fallu que l’ignoble Wes Brown y aille de son csc. O’Shea est d’ores et déjà out, Rafael vient tout juste de reprendre l’entraînement, Evra n’est pas au mieux, quant au pauvre Johnny Evans, il réussit l’exploit de rendre chacune de ses sorties plus mauvaise que la précédente. Alors, Fergie en est venu à envisager l’insensé : titulariser Rio Ferdinand aux côtés de Vidic, à peine une semaine après son retour à l’entraînement. Alors qu’on le disait forfait pour le reste de la saison, voire cuit pour le football, le défenseur central fera bel et bien partie du groupe qui se rendra à Londres. De là à affirmer que Ferguson prendra le risque de l’aligner pour un match qui s’annonce d’une énorme intensité, il y a une marge. Mais rien que d’en évoquer la possibilité s’avère révélateur de l’optimisme qui a gagné les rangs mancuniens depuis les deux victoires arrachées coup sur coup en championnat, synonymes de printemps excitant et radieux. Ca tombe bien, c’est la saison que Manchester préfère.
Marc Hervez
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