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Top 100 : Coups francs de légende (de 40 à 31)

Par Maxime Brigand, Florian Cadu, Florian Lefèvre, Steven Oliveira et Maxime Renaudet

De la magie de Beckham aux patates de forain de Roberto Carlos, en finesse ou en puissance, enroulés de l'intérieur, tendus du cou-de-pied ou délicieusement brossés de l'exter', voici 100 coups francs très francs.

#40 - Bruno N’Gotty - 1996

PSG-Rapid Vienne (1-0), C2, 8 mai 1996

Il a marqué le but victorieux en finale de la seule Coupe d’Europe remportée par le PSG. Même si c’est lui qui fait faute sur Ronaldo dans la surface en finale de la Coupe des coupes l’année suivante. Même s’il quittera le PSG par la petite porte en 1998 en ne participant ni à la finale de la Coupe de la Ligue ni à la finale de la Coupe de France. Même s’il a joué à l’OM après Paris. Même si sa carrière aurait eu plus de gueule à l’envers (Lyon, PSG, AC Milan, Venise, Marseille, Bolton, Birmingham, Leicester, Hereford). Même si, finalement, ce n’était pas un grand défenseur de son époque… Malgré tout, le nom de Bruno N’Gotty restera lié à l’histoire du club parisien grâce à ce coup franc de bourrin au ras des pâquerettes de la pelouse de Bruxelles. Champion d’Europe, mon frère.

#39 - Diego Maradona - 1985

à 56s

Napoli-Udinese (1-1), Serie A, 24 novembre 1985

Qu’avons-nous retenu du Diego Maradona version 1985-1986 ? Son beau but de la main et sa chevauchée fantastique face aux Anglais, évidemment, pour un total de cinq pions et cinq passes décisives en sept matchs disputés lors du Mondial au Mexique. On garde aussi en mémoire ses contrôles délicieux, ses coups de folie, sa capacité à électrifier une ville et tout un club : le Napoli, qu’il déposa cette saison-là à la troisième place de Serie A et qu’il hissera la saison suivante sur le toit du pays. Mais s’il fallait garder une trace du génie de l’Argentin sous le maillot napolitain lors de l’exercice 1985-1986, ce serait peut-être ce coup franc situé dans un angle impossible et ce ballon délicatement déposé dans la lucarne opposée : celle du gardien de l’Udinese de l’époque, Fabio Brini. Petite note : Maradona sera ensuite expulsé pour un coup de tête envoyé à Antonino Criscimanni. Jamais noir ou blanc.

#38 - Cristiano Ronaldo - 2009

à 1min

Arsenal-Manchester United (1-3), C1, 5 mai 2009

À la fin de la saison 2008-2009, Cristiano Ronaldo ne comptait pas quitter Manchester United par la petite porte. Et le Portugais espérait bien faire des Red Devils la première équipe à conserver son titre en Ligue des champions depuis la réforme de cette dernière en 1992. Discret en phase de poules où il n’a pas inscrit le moindre pion, Cristiano Ronaldo s’est réveillé comme à son habitude à partir des huitièmes de finale. Il y a d’abord eu ce but contre l’Inter en huitième de finale retour, puis cette frappe de mammouth contre Porto en quarts, qui lui permettra d’ailleurs de remporter le prix Puskás. Arrive ensuite cette demi-finale retour face à Arsenal, pour ce qui reste l’un des matchs les plus aboutis de CR7. Une rencontre pliée en dix minutes grâce à une passe décisive du Portugais pour Park Ji-sung, avant ce chef-d’œuvre sur coup franc : une praline de 40 mètres qui a surpris tout le monde, le portier Manuel Almunia comme le commentateur qui n’a pas eu le temps de terminer sa phrase : « Too far for Ronaldo to think about it… » La suite ? Une course digne d’Usain Bolt pour valider la qualification et s’offrir un doublé. MU s’inclinera en finale face au Barça d’un certain Lionel Messi. Le début d’une décennie d’affrontements entre la Pulga et Cristiano.

#37 - Siniša Mihajlović - 2000

à 2min 16s

Chelsea-Lazio (1-2), C1, 22 mars 2000

« J’étais capable de frapper de plusieurs façons. J’avais toujours la même course d’élan, je regardais le gardien jusqu’à mon dernier pas d’élan, qui était plus lent ou plus rapide selon que je frappe au-dessus du mur ou que je le contourne. Pour moi, que ce soit de l’intérieur, de l’extérieur ou avec trois doigts de pied, ce n’était pas compliqué. » Siniša Mihajlović parle de ses coups francs avec la facilité de celui qui a souvent attrapé le cadre. Le Serbe s’est taillé une réputation de patron dans l’exercice grâce à son pied gauche merveilleux. Au panthéon de ses coups francs, il y a celui inscrit en mars 2000 à Stamford Bridge, en phase de poules de la Ligue des champions. Menés après un but de Gustavo Poyet, les joueurs de Sven-Göran Eriksson répondent grâce à Simone Inzaghi. Alors que ce dernier va être remplacé par Marcelo Salas pour les dernières minutes de jeu, les Romains obtiennent un coup franc ô combien excentré. Aucun problème pour Siniša Mihajlović, qui fusille du regard Ed de Goey avant de le trucider en allant nettoyer sa lucarne opposée. Non, vraiment, pour lui, ce n’était pas compliqué.

#36 - Roberto Carlos - 1995

Palmeiras-Grêmio (3-2), Copa Libertadores, 21 février 1995

Pour les footballeurs normalement constitués, lorsqu’une faute est sifflée à 40 mètres du but adverse, au niveau du rond central, il existe deux façons de tirer le coup franc : soit de manière rapide pour profiter du manque de repli défensif adverse, soit en balançant une ogive dans la boîte en espérant tomber sur une tête familière. Sauf que Roberto Carlos n’a jamais été un joueur normal. Même lorsqu’il avait 21 ans et qu’il commençait à se faire un nom à Palmeiras. Pour le latéral gauche brésilien, une faute sifflée à 40 mètres du but adverse était l’occasion de frapper au but. Sa routine ? Prendre dix mètres d’élan, faire des petits pas avant d’accélérer et d’envoyer une sacoche au fond des filets. Le gardien de Grêmio en a fait les frais ce 21 février 1995. Malheureusement pour Roberto Carlos, si cette ouverture du score a permis à Palmeiras de remporter ce match de poule, les Alviverde s’inclinent en quarts de finale de la Copa Libertadores face à… Grêmio, le futur vainqueur de la compétition. Sauf que ceci n’était plus l’affaire de Roberto Carlos, qui a profité de l’été 1995 pour déménager en Italie. Où il a continué d’envoyer des pralines sous le maillot de l’Inter.

#35 - Toni Kroos - 2018

Allemagne-Suède (2-1), Mondial, 26 juin 2018

Elle a beau avoir égalisé par Marco Reus devant la Suède, l’Allemagne n’y arrive pas, au stade olympique de Sotchi, et se dirige vers la porte de sortie de la Coupe du monde 2018 dès le deuxième match de poules. Cent vingt-deux passes contre six pour la Suède au bout de dix minutes de jeu, 71% de possession de balle au total, seize frappes, un poteau… Mais aussi six arrêts à l’actif du portier suédois Robin Olsen, un carton rouge adressé à Jérôme Boateng ou encore une sortie sur blessure pour Sebastian Rudy. Il ne reste qu’une poignée de secondes à disputer dans le temps additionnel, et absolument rien n’indique que le dé peut rouler du bon côté. Même pas ce coup franc de la dernière chance, complètement excentré et impossible à loger directement dans les filets. À moins que… À moins que Toni Kroos ait un éclair de génie, pour donner un succès inespéré aux siens et s’offrir un sursis ? Il l’a fait en jouant un coup de pied arrêté en deux temps, pour signer un enroulé de toute beauté… C’est tout ce qu’il restera du parcours de la Nationalmannschaft. Et c’est déjà pas mal.

#34 - José Manuel Rey - 2007

Équateur-Venezuela (0-1), éliminatoires du Mondial, 13 octobre 2007

Quel est le point commun entre le Surinam, le Guyana et le Venezuela ? Ce sont les trois seuls pays du continent sud-américain qui n’ont jamais été représentés dans l’histoire de la Coupe du monde de football. À la différence que si les deux premiers cités ont intégré la zone CONCACAF, la sélection vénézuélienne, elle, doit se farcir le Brésil et compagnie si elle veut s’inviter un jour à la sauterie mondiale. Lors des éliminatoires de l’édition 2010, conclus par la Vinotinto à seulement deux longueurs de la place de barragiste, elle s’était donné le droit de rêver en démarrant par une victoire en Équateur. Ce 13 octobre 2007, l’espoir est venu sur un coup franc sifflé à plus de 45 mètres des cages adverses. En voyant José Manuel Rey prendre son élan depuis sa propre moitié de terrain, le commentateur annonce « l’arrivée de l’autobus » . Quelques secondes plus tard, le gardien équatorien n’a plus qu’à sortir le constat de la boîte à gants : un missile en excès de vitesse s’est encastré dans ses cages. Royal.

#33 - Alessandro Del Piero - 2010

à 53s

Juventus-Shamrock Rovers (1-0), C3, 5 août 2010

Une Juventus qui termine à la septième place de la Serie A n’est pas une Vieille Dame en grande forme. En 2010-2011, l’équipe entraînée par Luigi Delneri finit donc dans le ventre fou du championnat d’Italie. Pour mieux rebondir la saison suivante en allant chercher le Scudetto avec Antonio Conte aux commandes. Reste un éclair qui aura illuminé cette sombre saison 2010-2011. Il a surgi dès le mois d’août, lors du troisième tour préliminaire de Ligue Europa face aux Irlandais des Shamrock Rovers. Vainqueurs à Dublin grâce à un doublé d’Amauri, les Bianconeri ne se foulent pas au match retour pour enfoncer le clou. 0-0, à l’approche du dernier quart d’heure. Le moment pour Alessandro Del Piero de régaler l’assistance. Alors que la pluie bat son plein et que l’arbitre a octroyé un coup franc à la Juve à 35 mètres face au but, le numéro 10 juventino décoche une fusée téléguidée qui vient titiller la barre avant de rentrer. Décevante en championnat, la Vieille Dame quittera la Coupe d’Europe dès l’automne, en concédant six matchs nuls en six matchs lors de la phase de poules de la C3.

#32 - Fernando Hierro - 1997

à 1min 45s

Barcelone-Real Madrid (3-2), Coupe d’Espagne, 30 janvier 1997

Dans les mémoires, Fernando Hierro incarne le défenseur complet : technique, aérien, bon relanceur, solide, expérimenté et impeccable au duel. En revanche, nombreux sont les suiveurs de football espagnol à avoir zappé sa qualité sur coups de pied arrêtés. Petit rappel, avec un Clásico de Coupe du Roi, disputé le 30 janvier 1997. Barcelone accueille ce jour-là le Real Madrid, pour un huitième de finale retour (1-1, à l’aller) qui sent la poudre. Davor Šuker répond à l’ouverture du score de Ronaldo en première période, puis vient le geste de la rencontre. Il est signé Hierro, à la 67e minute : sur une combinaison à trois, l’arrière central emprunte à son partenaire Roberto Carlos sa puissance et colle le ballon dans la cible protégée par un Vítor Baía aussi bien placé au lancement de la flèche que désemparé une fois sa course terminée. Hélas pour les Merengues, les Catalans trouveront les ressources pour s’imposer. Pas de Fernando héros, ce soir-là.

#31 - Bernard Genghini - 1982

France-Autriche (1-0), Coupe du monde, 28 juin 1982

Nick Wasicsko n’est pas le seul héros à moustache. Au Vicente-Calderón de Madrid, le 28 juin 1982, après un premier tour qui a vu l’équipe de France s’extraire difficilement de son groupe et avant le drame de Séville, Bernard Genghini enfile une cape. Bleue, brillante. Il doit ce jour-là remplacer Michel Platini, touché, et s’exécute brillamment : à la 39e minute de jeu, le Sochalien balance un coup franc – décalé à droite de la surface – dans la lucarne du gardien de l’Autriche. Suffisant pour permettre aux Bleus de respirer et même pour entrer dans l’histoire avec un coup de patte rassemblant la panoplie du parfait free kick : précision, puissance, regard médusé du portier adverse. Amen.

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