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Thierry Henry : « Pourquoi dit-on à un entraîneur qui construit de détruire ? »

Propos recueillis par Maxime Brigand
16 minutes
Thierry Henry : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Pourquoi dit-on à un entraîneur qui construit de détruire ?<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À Montréal depuis novembre 2019, Thierry Henry a profité du changement d'identité de son club, passé de l'« Impact Montréal » à « Club de Foot Montréal » ce jeudi, pour évoquer son rapport au jeu et aux hommes, mais aussi ses premiers mois passés sur un banc. Petite plongée dans le cerveau du meilleur buteur de l'histoire des Bleus.

Qu’est-ce que t’inspire ce changement d’identité du club ? C’est juste une évolution, quelque chose qui était inévitable. Quand tu vois que la Juve change de logo, que certains stades changent de nom, que des clubs changent carrément de ville, ce n’est pas totalement une surprise. Là, il y a eu changement de nom et changement de logo. Cela ne veut pas dire que l’on va oublier ce qu’il s’est passé avant, ni que tout va changer. C’est, encore une fois, juste une évolution. Je trouve que le nouveau logo représente un peu plus la ville, là où l’ancien représentait peut-être un peu plus le club. Le club essaie de changer d’identité, de philosophie… Comme le président a dit, il y aura toujours des personnes déçues, parce que tu ne peux pas faire plaisir à tout le monde, mais c’est dans la logique de l’époque.

C’est comme tout : c’est soit tu gagnes, soit tu apprends. Et j’ai toujours beaucoup plus appris dans la difficulté que dans la facilité. C’est quand tu es dans le dur que tu sais de quoi tu es fait.

Tu es arrivé à Montréal il y a maintenant un peu plus d’un an. Qu’est-ce que tu retiens de ces premiers mois, de cette première saison ? J’ai l’impression d’avoir déjà vécu cinq saisons en une. On sait à quel point une préparation est importante dans une saison, et là, on a commencé, puis on s’est arrêté, puis on a recommencé, puis on s’est de nouveau arrêté. Le gouvernement canadien a été beaucoup plus strict que le gouvernement américain concernant la Covid. Cet été, on a par exemple été jouer un tournoi appelé « MLS is Back » en Floride. On s’est présenté avec un mois d’entraînement de moins que toutes les autres équipes. Il y a eu aussi plusieurs phases à la reprise. Lors de la première, tu n’avais pas le droit aux contacts et il ne devait pas y avoir plus de huit joueurs sur la moitié du terrain. Donc, tu prépares une équipe comme ça et ensuite tu vas jouer un tournoi… Ce n’est pas évident. (L’Impact a été battu lors des huitièmes de finale par Orlando City, futur finaliste, NDLR.) Surtout qu’après, on a dû retourner en quarantaine parce qu’à chaque fois que tu sortais du pays, tu devais repartir en quarantaine. On a donc assez souvent été isolés. Et sur le terrain…

Difficile de mettre en place des concepts. Je demandais à mon équipe de presser, de repartir de derrière, de jouer plus haut, mais si tu ne t’entraînes pas, pour presser, c’est dur. Pour presser tout un match, il faut avoir des jambes. À un moment, ça a été difficile, donc on a dû se pencher sur quelque chose d’autre. Je ne me plains pas, ce sont juste des faits, mais on a aussi dû jouer tous nos matchs à l’extérieur, parce que les équipes américaines ne pouvaient pas venir jouer au Canada. Donc on a été jouer nos matchs dans le New Jersey. Le Covid nous a mis, comme pour tout le monde, dans une situation difficile, et on sait qu’il y aura un avant et un après, que c’est un moment de l’histoire. Pour certains matchs, on s’est retrouvé avec 14 joueurs dont deux gardiens… Mais bon, l’expérience a été enrichissante parce qu’en tant qu’entraîneur, je me suis retrouvé face à des situations inédites et il a fallu s’adapter. Sur le plan humain, j’ai beaucoup appris parce qu’on a tous été dans la même situation. Normalement, dans l’année, tu es dans ton quotidien, tu penses à ton équipe, les joueurs pensent à jouer, tu entres un peu moins dans le personnel, sur l’aspect mental. Là, on a été obligés de se parler. Sportivement, l’objectif minimum était de faire les play-offs et d’avoir une identité de jeu affirmée. Est-ce que ça a toujours été extraordinaire ? Non, mais on a réussi à faire les play-offs quand même et à en sortir grandis en s’adaptant à la situation. C’est ce que je disais aussi à l’équipe : « Si on doit jouer nos matchs dans le New Jersey, on jouera nos matchs dans le New Jersey et on ne s’en servira pas comme excuse. » Les choses n’ont pas toujours été évidentes, crois-moi. Il y a eu des discussions, des surdiscussions, parce qu’à un moment donné, quand tu n’as rien à faire, tu discutes. Peut-être même un peu trop parfois. (Rires.)

En arrivant à Monaco, tu avais affirmé vouloir « apprendre à te connaître » en tant qu’entraîneur. Avec du recul, qu’est-ce que tu gardes de cette première expérience en tant que numéro un ? C’est comme tout : c’est soit tu gagnes, soit tu apprends. Et j’ai toujours beaucoup plus appris dans la difficulté que dans la facilité. C’est quand tu es dans le dur que tu sais de quoi tu es fait. Quand tout est facile, que tu mènes 8-0, tout le monde veut la balle. Quand tu es mené 1-0 ou qu’il y a 0-0, ce n’est pas pareil. À Monaco, j’ai appris, comme j’ai appris cette année et comme j’apprends tous les jours. Là, je suis en train de te parler, mais l’année prochaine, je te dirai quelque chose de différent. Je peux être sûr d’une tactique ce soir et te dire dans deux mois : « Hum, en fait, non, impossible. » En tant qu’entraîneur, tu peux avoir des idées, mais tu dois aussi et surtout t’adapter aux joueurs que tu as, mais aussi à l’équipe que tu affrontes. Après, quand tu es le Bayern ou Manchester City, tout le monde s’adapte à toi, évidemment. J’estime qu’il n’y aucune science exacte. Certains te diront l’inverse, qu’ils resteront avec leur 4-4-2, mais moi, j’essaie de m’adapter et d’apprendre. Cette saison, par exemple, on avait imaginé quelque chose avec le staff, puis on a dû changer en fonction des départs, des blessures, du profil des joueurs…

À Monaco, un jour, on m’a posé une question : qu’est-ce que le succès ? Pour moi, ça dépend du club et de ce qu’on essaie d’y accomplir. Southampton, est-ce que c’est un club qui a du succès ? J’estime que oui quand tu vois le nombre de joueurs qui sont sortis du centre de formation, ce que le club propose en matière de jeu chaque année…

Quand tu étais consultant sur Sky Sports ou sur le banc à Monaco, on t’a plusieurs fois vu râler sur une passe manquée ou t’énerver devant une séquence de jeu, comme si le Thierry Henry joueur était encore là plutôt que l’entraîneur. Tu as peiné à faire la bascule ?Je pense que c’est mon caractère, que ce sera toujours en moi. Quand tu regardes Antonio Conte ou Jürgen Klopp, ils sont aussi très démonstratifs et ça ne dérange personne. Après, eux, ils sont arrivés à un niveau où ils peuvent se le permettre et que tout le monde l’accepte. Moi, je n’en suis pas là, mais je suis comme ça, je ne peux pas le contrôler. La seule chose que je n’accepte pas en tant qu’entraîneur, c’est quand quelqu’un ne prend pas de risque. On joue au foot, on ne part pas à la guerre. Donc joue, ose, provoque, tente. Si tu ne tires pas, tu ne vas pas marquer. Le seul échec que tu as, c’est quand tu ne tires pas. Michael Jordan le disait bien : ses seuls échecs sont les moments où il n’a pas pris de shoot. C’est ce que je dis tout le temps aux joueurs : comment réussir si on ne tente pas ? Je tiendrai ce discours jusqu’à la fin.

Ton passage au Barça t’a ouvert l’esprit. Tu as souvent dit que c’était là-bas que tu avais appris à penser l’espace pour les autres, quelque chose qui n’était pas forcément inné pour toi quand tu étais à Arsenal. C’est du développement de la matière grise. C’est avant tout sur cet aspect que tu travailles avec tes joueurs aujourd’hui ? Je suis loin d’être le meilleur coach du monde et je n’ai jamais prétendu l’être. Je suis toujours en apprentissage et je prendrai encore des gifles. Quand tu vois qu’il y a des gros entraîneurs qui se font virer au bout de deux mois, tu sais que ça peut aller très vite… Mais, le plus important pour moi, l’enjeu, il est là, comme tu le dis : en tant qu’entraîneur, tu dois développer le cerveau du joueur. Je ne suis pas là pour qu’il aille plus vite, qu’il saute plus haut ou qu’il reste derrière pour envoyer des chandelles. Un but, c’est bien, mais ce n’est pas tout. Quand tu gagnes, à l’arrivée, tu as toujours raison, quoi qu’il arrive, mais l’important est de comprendre pourquoi tu fais cette passe, quel est le circuit qui t’a amené à ce but… Après, les trente derniers mètres, c’est de la qualité pure. Un entraîneur peut te dire qu’il a travaillé lorsqu’un joueur rentre intérieur et frappe pleine lucarne, mais non, il y a souvent juste un joueur qui a décidé de dribbler trois joueurs et d’enrouler pleine lucarne. En revanche, comprendre l’espace, c’est du travail. À Monaco, un jour, on m’a posé une question : qu’est-ce que le succès ? Pour moi, tout dépend du club et de ce qu’on essaie d’y accomplir. Southampton, est-ce que c’est un club qui a du succès ? J’estime que oui quand tu vois le nombre de joueurs qui sont sortis du centre de formation, ce que le club propose en matière de jeu chaque année… Un jour, Pep Guardiola m’a dit que son plus gros succès, sur la première année, ce n’était pas le triplé, mais d’avoir envoyé Pedro et Busquets en sélection. Ça, c’est du succès, parce qu’un entraîneur, avant tout, est là pour éduquer. Tout est là : est-ce que tu as rendu meilleur un joueur ou est-ce que tu t’es servi de lui pour te rendre meilleur ?

C’est un choix philosophique.Complètement. Mais si tu es mon joueur demain, que tu ne sais pas relancer court, je vais t’apprendre toute l’année à le faire, même si tu fais 45 000 erreurs. Pourquoi ? Parce qu’à la fin, je t’aurai appris quelque chose. En revanche, je fais un constat : quand une équipe repart de derrière, on dit qu’elle prend trop de risques, que c’est n’importe quoi. En revanche, quand un mec dégage un ballon dans la tribune, on ne dit jamais rien. Pourquoi ?

C’est toute la problématique d’un club qui joue pour le maintien. Un club dans cette situation a souvent deux options : soit il bétonne, soit il cherche à s’en sortir par le jeu comme peuvent le faire Brest ou Lens aujourd’hui en Ligue 1, Brighton en Premier League, Sheffield United l’année dernière… Je vais compléter. Le jeu, c’est une alternance : tu ne peux pas toujours jouer loin et tu ne peux pas toujours jouer court. Tu dois varier. Mais quand tu regardes bien, combien d’équipes dans l’histoire sont descendues parce qu’elles jouaient long et combien d’équipes sont descendues parce qu’elles essayaient de construire ? Ce n’est pas si clair. Mais quand un coach qui a une philosophie, comme ceux que tu as cités, avance par le jeu, pourquoi dit-on de lui qu’il est fou ? À l’inverse, si un entraîneur se bat en balançant, personne ne dit rien. Je respecte les deux philosophies, je n’ai rien à dire là-dessus, je veux juste dire qu’aucune situation n’impose rien. Un entraîneur qui joue le maintien peut proposer du jeu, il faut le respecter et ça ne fait pas de lui un fou. Tu peux gagner un championnat en jouant le contre, en contre-pressant, en étant 80% dans le camp adverse. Pareil pour un maintien. Si tu as 80% de possession dans le camp adverse et que tu as perdu 2-0, ça ne sert à rien. Je souhaite juste que toutes les philosophies soient respectées. Pourquoi dit-on à un entraîneur qui construit de détruire et qu’on ne dit pas à un entraîneur qui détruit de construire ?

 Regarde ce qu’a fait Roberto Martínez à Wigan avec son 3-4-3 : avec cette approche, il a battu Chelsea, Arsenal et il a perdu contre Manchester United ou 9-1 à Tottenham. Est-ce qu’il a changé ? Non, il a tenu avec ses principes et au bout, il a remporté la FA Cup avec le club en battant Manchester City en finale. Wigan a été relégué, on a dit qu’il était fou, mais il est allé au bout de ses idées.

Quand tu étais dans le dur à Monaco, on t’a souvent reproché de prendre trop de risques. Est-ce que tu as le sentiment d’avoir été au bout de tes idées et est-ce que la réussite de ton travail, aujourd’hui, ce n’est pas Sofiane Diop et Benoît Badiashile qui jouent régulièrement en équipe première ?Sofiane Diop, Benoît Badiashile, Romain Faivre… La réussite de ces joueurs-là ne veut pas dire que j’avais raison ou tort. C’est des éléments que j’ai aidé à faire mûrir du mieux que j’ai pu et j’en suis heureux, parce que tu te dis que tu avais vu quelque chose qui n’était pas faux. Romain Faivre, il a un truc que peu de joueurs ont : il brise des lignes. Encore une fois, je ne prétends pas avoir eu raison ou tort. Le débat n’est pas là, et je remercie encore Monaco de m’avoir donné cette opportunité. Oui, j’aime prendre des risques, construire court, et oui, parfois, ça peut avoir l’air bête quand tu perds le ballon. Après, j’ai aussi vu des équipes dégager n’importe comment et prendre des buts. L’important, c’est de garder ta philosophie. Tu peux changer ton système, le faire évoluer, mais l’important, c’est d’être en accord avec ses idéaux. Regarde ce que fait Marcelo Bielsa en Premier League : il peut gagner 4-0 ou perdre 4-0. Mais finalement, tout le monde regarde Leeds. C’est aussi ce que j’aime, mais attention, tu ne me verras jamais dénigrer l’approche d’un entraîneur, encore plus depuis que je suis passé de l’autre côté. Il faut laisser faire le temps.

Avec le jeu médiatique, la pression des présidents, c’est de plus en plus difficile, non ? Quand Pep Guardiola est arrivé à Manchester City, j’ai été le seul à le défendre sur Sky. Au bout de trois matchs, certains ont commencé à dire : « Ça ne marche pas, il doit changer… » Mais pourquoi changer ? Il doit améliorer quelques trucs, oui, mais pourquoi tout changer ? Pourquoi se renier ? Guardiola a été chercher Ederson, puis quelques éléments pour régler son horloge et d’un coup, rien qu’avec Ederson, si tu venais les presser, City pouvait te mettre une balle 80 mètres dans ton dos. D’un seul coup, tout change : sur un six-mètres, tu dois déjà être étiré parce qu’Ederson peut te la mettre dans le dos. Résultat, tu t’étires, et City vient combiner à l’intérieur entre les lignes. C’est un exemple, et derrière, City gagne le championnat avec 100 points, et tout le monde dit bravo. Heureusement qu’il n’a pas tout changé du coup, parce qu’on n’aurait jamais vu l’une des meilleures équipes de l’histoire, on n’aurait pas vu les 100 points. On en revient à mon point de départ : ne demande jamais à un entraîneur de changer. Laisse-le s’exprimer, qu’il joue comme il veut. Regarde ce qu’a fait Roberto Martínez à Wigan avec son 3-4-3 : avec cette approche, il a battu Chelsea, Arsenal et il a perdu contre Manchester United ou 9-1 à Tottenham. Est-ce qu’il a changé ? Non, il a tenu avec ses principes et au bout, il a remporté la FA Cup avec le club en battant Manchester City en finale. Wigan a été relégué, on a dit qu’il était fou, mais il est allé au bout de ses idées.

Sauf que comme tu as dit tout à l’heure, c’est souvent, malheureusement, le résultat qui est juge.C’est de bonne guerre aussi, et c’est normal. Mais le foot est tellement riche qu’il faut laisser les idées s’exprimer. Aujourd’hui, je regarde de tout pour apprendre. Tu peux apprendre une tactique sur corner en regardant de la Non-League.

Quelle est la dernière équipe qui t’a scotché ?Aujourd’hui, j’aime voir jouer Leeds, c’est extraordinaire. Je continue aussi toujours de regarder la Ligue 1, que ce soit Brest, Lens… Je ne suis personne, donc je vais picorer dans tout ce que je peux picorer.

Après ton passage à Monaco, est-ce que tu es allé revoir certains de tes anciens entraîneurs pour prendre conseil ?Je parle à tout le monde. Bien sûr, j’ai parlé à Christian Damiano, à Francisco Filho, à Roberto Martínez, à Arsène Wenger… C’est normal. Tu demandes, t’es dans l’apprentissage et je serai toujours dans l’apprentissage à 60 ans, même si j’ai gagné 60 000 titres. Un match de foot est toujours différent, tu as toujours une nouvelle situation. Regarde cette semaine, le Bayern a été battu par une équipe de D2. Il y a deux mois, ils étaient intouchables et c’est l’alerte. Le football, c’est comme ça : malheureusement, il n’y a aucun juste milieu.

Qu’est-ce que tu as appris de nouveau depuis que tu es à Montréal ?Honnêtement, humainement, j’ai énormément appris, notamment à cause de la situation. Parfois, on oublie qu’un joueur de foot est un humain. J’étais pareil, je ne disais jamais que j’avais mal, je voulais jouer tout le temps… Tu veux jouer ? Oui. Tu as mal ? Non. Tu veux sortir ? Non. Tu sors ? Tu râles. Là, c’était différent : j’avais des joueurs isolés, loin de leur famille, de leurs proches… Quand j’étais joueur, un mec qui me disait qu’il était fatigué, ça ne me parlait pas. C’était : tant que tu ne te pètes pas, tu joues. Maintenant, j’écoute. Quand un joueur est dans le rouge, je le préserve. Je surveille. Et je surveille l’aspect mental aussi. On discute beaucoup plus, on a appris à s’écouter parce que le foot est un sport collectif rempli d’individualités qui ont des objectifs personnels. Mais il faut aussi avoir un but commun. Parfois, tu oublies. Mais non, tu ne peux pas oublier. Là, en ayant les joueurs beaucoup plus sous les yeux en raison de la Covid, j’ai compris comment certaines situations pouvaient affecter certains éléments. C’est de l’apprentissage aussi.

Et toi, comment as-tu évolué dans ton rapport à la victoire ou à la défaite ?J’essaie de positiver le plus rapidement possible et de toujours parler à mes joueurs. Comme je te disais, le seul indiscutable, c’est le combat. Si mon équipe ne se bat pas, je ne défends pas mes joueurs. Tu peux perdre 4-0, que l’équipe adverse soit meilleure que toi, pas de problème, mais tu te dois de combattre. Après, tu peux aussi réaliser que ton équipe n’avait plus rien sous le capot, et je peux le comprendre, attention. Gérer la défaite n’est pas simple. C’est aussi pour ça que parfois, les supporters et les journalistes ne comprennent pas le discours d’un coach après un match. Ils sont là : « Mais qu’est-ce qu’il raconte ?!! Il ment ! » Et oui, parfois, il ment. Parce que quand tu es à la télé, entre 5 et 10 minutes après un match, qu’un micro est tendu sous ton nez, tu parles à ton équipe. Et j’essaie souvent de trouver les seuls points positifs et de dévier pour ne pas enfoncer mon équipe. Parfois, je cherche à trouver les meilleurs angles d’attaque pour rendre un match, même une défaite 5-1, un peu plus beau, histoire de ne pas tuer mon équipe. Tu l’apprends aussi : tu te fais ramasser après une défaite, mais tu dois publiquement protéger tes joueurs. Je vois encore des coachs perdre les pédales, il m’arrive aussi de craquer… Mais on en revient à l’essence : il faut toujours garder l’émotion.

En direct : Arsenal - Monaco (1-0)

Propos recueillis par Maxime Brigand

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