Thauvin, la pépite corse

Une comparaison est toujours à prendre avec des pincettes et est rarement heureuse. Surtout lorsqu’elle concerne deux surdoués. Mais depuis le début de l’année 2013, le ressenti est le même pour tout le monde : Florian Thauvin n’a rien de Tennessee, mais a beaucoup d’Eden Hazard. Si le niveau des deux joueurs n’est évidemment pas le même et si le plus jeune des deux est, pour le moment, moins passeur que son ainé, leurs aptitudes à percuter face à n’importe quelle défense et à faire lever les foules sont semblables. Comme le Belge, Thauvin donne des frissons et joue sur le ressenti et l’émotion. Depuis le début de l’année civile, le gamin né en 1993 a cette capacité à enthousiasmer la foule et à créer l’attente chez le téléspectateur lorsqu’il prend le ballon. La marque des grands. Des esthètes, aussi. Révélé cette saison avec le Sporting, le natif d’Orléans souhaitait, il y a quelques mois, être plus décisif. C’est chose faite.

Plus rapide que la Micheline, aussi prolifique que Ronaldo

Le football moderne n’étant pas fait que de spectacle et de sensations, il faut aussi faire parler les chiffres. Double buteur ce samedi lors de la belle victoire bastiaise face à Brest (4-0), Florian Thauvin est devenu, avec trois doublés, le joueur à avoir planté le plus de doppiette en Europe avec Cristiano Ronaldo. En tout, cette saison, Thauvin, c’est neuf buts dont sept en 2013, parmi lesquels figurent quatre doublés face à Lyon, Valenciennes, Bordeaux et, donc, Brest. Pas mal pour un type qui n’avait jamais planté chez les professionnels avant le début de la saison et qui n’avait joué que 511 minutes en Ligue 2 l’année passée. Car, contrairement à ce que peut laisser croire l’aisance du gamin sur un rectangle vert, Florian Thauvin n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche. À 20 ans, le natif du Loiret a déjà connu quelques galères. Lui qui a commencé le football dans sa région natale, avant d’intégrer le pôle espoir de Châteauroux et le centre de formation de Grenoble, a failli arrêter le football en Isère. La faute à une vilaine fracture de fatigue au dos qui a amené les médecins à s’inquiéter pour son avenir en tant que sportif. Mais pas du genre à lâcher l’affaire, Thauvin s’est accroché et a passé les échelons jusqu’à l’équipe pro du GF 38, pour laquelle il ne jouera que trois petits matchs.

Jackpot pour le LOSC

Libre de tout contrat après le dépôt de bilan du club isérois, Thauvin se voit proposer quelques plans « stagiaires » avant que le Sporting et Frédéric Hantz ne sautent sur la bonne affaire. Évidemment, le joueur fait d’abord ses dents avec la réserve de Frédéric Née. Mais le minot ne va pas tarder à faire des étincelles. La machine est lancée, la fusée Thauvin est partie comme Pantani dans l’Alpe d’Huez, on ne la reverra plus. Oui, 2012-2013 est une année fulgurante pour le joueur. Moins prolifique qu’en 2013, le Corse attaque tout de même 2012 le pied au plancher. C’est donc de manière tout à fait logique que de nombreux clubs commencent à regarder ce qu’il se passe du côté de Furiani. « J’ai joué avec des mecs comme Nasri et Ribéry et je peux vous dire que s’il continue comme ça, il peut devenir un joueur de cette trempe » , balançait notamment Toifilou Maoulida, son partenaire en attaque, au micro de TF1. Ça, tout le monde l’a vu. Convoqué à sept reprises avec les espoirs, le Bastiais a déjà planté cinq buts. Plus rapide que la Micheline, moins bruyant qu’une pétrolette, le joueur de 20 ans est déjà fixé sur son futur proche. Oui, lors du mercato hivernal, le joueur s’est engagé avec le LOSC pour 4 ans, pour un montant de 3,5 millions d’euros. C’est ce qu’on appelle une bonne affaire. Au Grand Stade, on a hâte de vibrer pour un nouveau prodige.