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Que l’UE laisse notre foot en paix !

Par Nicolas Kssis-Martov
Que l’UE laisse notre foot en paix !

Comme certains le pressentaient, cette Superligue va finalement se décider devant les tribunaux européens. Personne n’ignore, depuis l’affaire Bosman, que ces derniers peuvent changer le visage du foot pro, au nom de la sacro-sainte doxa libérale de la libre concurrence qui sert de credo à la construction européenne. On a surtout, et sans fausse naïveté envers les instances continentales, envie de leur demander, sinon de respecter, mais au moins de laisser notre foot tranquille.

La bataille juridique qui va s’ouvrir devant nous, à la suite de la requête d’un juge espagnol du tribunal de commerce de Madrid, Manuel Ruiz de Lara (dont le nom pourrait du coup entrer dans l’histoire par la mauvaise porte), qui a déposé une « question préjudicielle » devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), peut sembler une banale guerre de légitimité entre puissants et puissances. D’un côté, l’UEFA et son article 49, qui lui octroie le monopole des compétitions continentales, et en face l’article 102 du Traité de fonctionnement de l’Union européenne, qui est censé interdire toute « position dominante » sur un marché d’une quelconque entreprise privée. Naturellement, il est tentant dès lors de rappeler l’arrêt dit Bosman de 1995, sur la libre circulation des joueurs, et donc une éventuelle décision qui pourrait de nouveau acter et officialiser une transformation majeure dans le champ sportif. Cette jurisprudence finirait forcément par rebondir au-delà du ballon rond.

Un arrêt Bosman bis ?

Toutefois plusieurs paramètres changent la donne en 2021. La CJUE va cette fois être contrainte de composer avec un rare consensus des États membres contre la Superligue, ainsi que des opinions plutôt mobilisées sur le sujet. Si l’UE décide de donner raison à Florentino Pérez et Andrea Agnelli, ce sera cette fois en pleine connaissance de cause du chamboulement que cela induit. Sans oublier en outre que le Royaume-Uni a brexité depuis. Il ne s’agit pas de choisir un camp. Déjà en 1998, lorsque les premières esquisses de la Superligue furent évoquées, Alain Buono, responsable du foot FSGT, cette gauche en crampons, refusait dans la revue fédérale Sport et Plein Air la naïveté de devenir, par opposition à ce projet strictement commercial, « les alliés objectifs de l’UEFA qui lutte contre le projet de la Superligue pour préserver son pouvoir ahurissant et ses privilèges exorbitants avec de pieux arguments ! »

De fait, qui aura envie de discutailler cette évidence : l’UEFA est bel et bien, tout comme la FIFA, une multinationale, qui se préoccupe davantage de vendre au mieux et au plus offrant son produit phare. Être planquée en Suisse avec un statut « à but non lucratif » ne trompe plus personne. Les juges à Bruxelles n’auront guère de difficulté à trancher sur ce point de droit, qui concerne aussi par ricochet le CIO. Cependant, et c’est là ou se joue la partie politique de ce conflit, l’UEFA s’avère aussi dépositaire d’un héritage centenaire et d’un patrimoine commun. Elle essaie certes de le faire fructifier par tous les moyens, y compris en étouffant toute concurrence, et elle n’en respecte guère la véritable richesse culturelle et sociale, plus difficile à quantifier et marchandiser. Les réformes successives de la C1 ont démontré son cynisme en la matière. Il n’empêche, la vaste mobilisation contre la Superligue a témoigné, y compris au cœur même d’une perfide Albion qu’on imaginait définitivement corrompue, que l’âme de ce plus grand des jeux ne s’était pas évaporée.

L’âme du foot ne peut être vendue

De fait, même si cette démarche paraît utopique au vu des perspectives purement libérales, au sens économiques, pour couper aux dissertations convoquant l’Esprit des Lumières qui animent les instances européennes, il serait important de sauvegarder et de préserver ce qu’il reste du foot que nous aimons. Celui qualifié de populaire. Un foot qui, des stabilisés de la porte de Clignancourt aux enceintes métamorphosées en centres commerciaux de la Bundesliga, conserve malgré tout une unité sentimentale et affective, qui traverse et transporte le cœur de son peuple. Une unité qui lui octroie cette place unique dans la civilisation du Vieux Continent. Cet amour, passion, partage et communion ne se résument pas dans la volonté de l’UEFA de préserver son monopole. Toutefois, cette valeur ajoutée du foot dans nos sociétés modernes, si désabusées et brinquebalantes, serait sans doute gravement atteinte par la validation d’une Superligue. Cette forme de compétition complètement hors sol, déconnectée du substrat essentiel du foot. L’Union européenne a fait suffisamment de mal au foot. Si elle pouvait nous éviter un coup de poignard de plus par dogmatisme libéral, cela ne serait pas de refus. Cependant, comme l’avait si bien écrit Ernst Junger, « pendant la mue, le serpent est aveugle ».

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Par Nicolas Kssis-Martov

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