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On était à l’annonce de la liste pour la Coupe du monde U20
Dans deux semaines, l'équipe de France U20 sera en Corée du Sud pour disputer la Coupe du monde. Ludovic Batelli, le sélectionneur, réunissait ce lundi les curieux à Clairefontaine pour la grande présentation de son équipe et on y était.
Il ne fallait pas se lever tôt lundi matin pour aller écouter la liste des petits Bleus sélectionnés pour la prochaine Coupe du monde des U20 en Corée – celle du Sud -, mais plutôt faire un bout de chemin. Car si Didier Deschamps a les honneurs du journal de 20 heures chaque fois qu’il annonce sa fameuse « liste des vingt-trois » pour une grande compétition, Ludovic Batelli, coach des Bleuets, tenait sa grand-messe à Clairefontaine en plein après-midi. Forcément, faire venir les gens après le déjeuner un 8 mai à une heure de route de Paris, c’est l’assurance d’une conférence de presse aux rangs clairsemés. Mais on sait recevoir à Clairefontaine et les journalistes étaient invités à se poser dans les sièges du salon Aimé Jacquet, au beau milieu du château. Entre quelques objets devenus mythiques à force de documentaires et de vidéos YouTube, comme la table de billard des Bleus ou leur babyfoot. Aux petits soins, le personnel de la FFF avait même prévu un buffet et quelques pâtisseries auxquelles aucun des dix journalistes présents n’a touché car malgré un début de mai froid, l’été arrive et tout le monde pense à ses abdos et à la plage. Ludovic Batelli, lui, est de ceux qui sont toujours au top et débarque pile à l’heure d’un pas pressé pour envoyer une poignée de main franche à tout le monde avant de prendre place derrière sa table. Et comme un candidat à la présidentielle obsédé par l’Élysée, le sélectionneur des U20 jure qu’il est à fond dans sa campagne : « Je le vis intensément, passionnément. Il n’y a pas une minute de la journée où je n’y pense pas. La Corée doit être un merveilleux pays, mais je pense qu’on n’aura pas le temps de le visiter. »
Une poule facile, « a priori »
Il faut dire que l’équipe de France U20 a tout pour être confiante. Batelli a pris la génération 97 en main deux ans plus tôt, quand les gars étaient en U18, et il les a emmenés l’été dernier jusqu’à la victoire à l’Euro U19. Autre raison de sourire, le tirage au sort du 15 mars dernier a offert à la France une poule tranquille, même si Batelli tient à mettre les freins : « C’est facile, a priori ! » Ayant mis les mains dans le cambouis, Batelli et ses adjoints se sont farci des vidéos des futurs adversaires des Bleuets, à savoir le Honduras, le Vietnam et la Nouvelle-Zélande, des All Blacks dont le sélectionneur nous informe, quelle surprise, qu’ils sont « très athlétiques » . Mais pas de quoi stopper les ambitions des Français qui visent grand, et qui rêvent à peine secrètement de faire aussi bien que la génération de Pogba, Zouma, Thauvin et Areola qui avait gagné le titre en 2013. Après ce rapide tour d’horizon, Batelli peut enfin passer au moment que tout le monde attend, l’annonce des sélectionnés, qui seront vingt et un. Pas de grande infographie qui déroule derrière Gilles Bouleau, Batelli s’en tient à une bonne vieille présentation à l’ancienne sur Powerpoint. Petite nouveauté chez les gardiens, en plus de Bernardoni et du Nantais Quentin Braat, Alban Lafont arrive en renfort malgré le fait qu’il soit plus jeune de deux ans. « Il a fait une saison complète en Ligue 1 » , précise Batelli, avant d’indiquer qu’il n’a pas encore déterminé la hiérarchie des gardiens.
Des joueurs pas libérés par leurs clubs
Le reste de la liste avance sans grande surprise, et quatorze des dix-huit joueurs présents à l’Euro U19 de l’été dernier seront du voyage. Onguéné, Harit, Augustin, Diop, Blas et consorts iront en Corée, mais la liste des absents est elle aussi impressionnante, à commencer par Kylian Mbappé. Le Monégasque a beau être éligible chez les U20, depuis que Didier Deschamps lui a mis le grappin dessus, Kyky n’a plus le temps pour les Bleuets. « C’est logique et normal » reconnaît Batelli, beau joueur, « Didier lui a ouvert la porte, et quand on lui ouvre la porte, il se faufile et on ne le revoit plus ! » La défense, elle, est un modèle d’équilibre avec deux latéraux à gauche, deux à droite et trois gars en charnière centrale. Pareil pour le milieu, avec Nkunku et Harit pour le profil offensif. Quant à l’attaque, Batelli jure qu’il n’a pas peur de laisser les clés à Augustin qui a peu joué en Ligue 1, mais qui garde toute la confiance du sélectionneur : « Il a beaucoup joué en CFA, et s’entraîne souvent avec le groupe pro. Je l’ai eu régulièrement au téléphone. Je n’ai pas de soucis, il va se mettre au niveau tout de suite. Il ne vit que pour la compétition et peut aller chercher au fond de lui-même des ressources insoupçonnées. » Mais Batelli regrette aussi les joueurs qui n’ont pas pu être libérés par leur club, avec lesquels il a passé des semaines à négocier : « J’ai eu un contact direct avec tous les entraîneurs, pour tous les garçons, même ceux qu’on n’a pas réussi à avoir. Cette Coupe du monde se joue à des dates aberrantes et les clubs étaient dans leur droit. Quand c’était non, on a accepté. Les plus déçus sont les joueurs, ça a été un crève-cœur pour certains. »
Le talisman Tousart
Batelli aurait également voulu voir Joris Gnagnon, mais il a choisi la Côte d’Ivoire. Ou encore Theo Hernández d’Alavés, mais ce dernier jouera bientôt une finale de Coupe du Roi face au Barça et est en contacts avancés avec le Real Madrid. Quant aux joueurs que Batelli a testé ces derniers temps et qui ne sont pas dans la liste, le coach a une explication toute simple : « Il y a des garçons qui ne sont pas là car niveau comportement et vie de groupe, j’ai vu des choses qui ne m’ont pas plu. Ceux qui sont là, c’est des garçons humainement de grande qualité. » Des choix forts, et la seule question sur laquelle Batelli a hésité est l’agencement entre le milieu et l’attaque. Le calcul est simple, il a fallu choisir entre prendre cinq milieux et six attaquants, ou l’inverse. Un seul élément a suffi à faire pencher la balance : Lucas Tousart, capitaine de Batelli et pièce indispensable de sa machine. Le souci, c’est qu’en cas de finale de Ligue Europa avec l’OL le 24 mai, Tousart ne pourra pas participer au Mondial qui se déroulera du 20 mai au 11 juin. Mais comme le disait OSS117, le jeu en vaut la chandelle : « Tousart, je le prends à risque, je le sais. Je fais ce pari tellement il est important pour nous. Le résultat du match aller m’a fait prendre ce risque, en cas d’autre résultat, je ne l’aurais peut-être pas pris. » La présentation se termine après une petite heure, Batelli discute en engloutissant un verre de jus, puis repart comme il était arrivé, c’est-à-dire du pas décidé des conquérants. Et les journalistes quitteront les lieux dans la foulée toujours sans avoir touché aux pâtisseries, définitivement bannies des régimes et sagement restées sur les plateaux.
Les 21 sélectionnés :
Gardiens de but : Paul Bernardoni (Bordeaux), Quentin Braat (FC Nantes), Alban Lafont (Toulouse)
Défenseurs : Olivier Boscagli (Nice), Issa Diop (Toulouse), Enock Kwateng (Nantes), Clément Michelin (Toulouse), Jérôme Onguéné (Stuttgart), Ronaël Pierre-Gabriel (Saint-Étienne), Yoan Severin (Zulte Waregem)
Milieux de terrain : Jeando Fuchs (Sochaux), Amine Harit (Nantes), Christopher Nkunku (PSG), Denis Will Poha (Rennes), Ibrahima Sissoko (Brest), Lucas Tousart (OL)
Attaquants : Jean-Kevin Augustin (PSG), Ludovic Blas (Guingamp), Allan Saint-Maximin (SC Bastia), Martin Terrier (Lille), Marcus Thuram (Sochaux)
Par Alexandre Doskov, à Clairefontaine