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Lyon à crocs ou à cran ?
Ce soir face à Lens (21h), l'OL peut remonter sur le podium et oublier un peu le bordel dont l'ancien patron du Championnat a fait son quotidien.
Le 12 mars à Sochaux, Lyon promenait une bonne tête de vainqueur. Le score (2-0) et surtout la manière, une évidente montée en puissance susceptible d’en faire voir de belles au Real Madrid en Ligue des champions et surtout de mettre tout le monde d’accord en Championnat. Et puis, et puis, la débandade. La grosse… D’abord à Santiago Bernabeu (0-3) avant deux incroyables ratés en Ligue 1 face à Rennes (1-1) et surtout lors de la rocambolesque fin de match à Nice où les Gones menaient 2-0 à l’attaque des arrêts de jeu avant de se faire reprendre (2-2). Ou comment en trois rencontres, l’Olympique Lyonnais a quasiment dit adieu à ses espoirs d’un premier trophée depuis trois saisons. Une quasi défaite au Stade du Ray aux allures de fin d’époque. Car dans la foulée du coup de sifflet final, c’est comme si le bel édifice rhodanien s’effondrait comme un château de cartes.
Cissokho a du pot d’être à Lyon
Evidemment, le coup de gueule live and direct signé Hugo Lloris a frappé les esprits et particulièrement les oreilles de Cissokho et Gonalons, clairement ciblés par le gardien de l’équipe de France à la voix pré-pubère. Mais dans son contenu, la soufflante d’Hugo Boss (le seul irréprochable depuis le début de saison) dépasse largement les aléas de ce match bazardé sur la Côte d’Azur. « On s’est chié dessus ! Il y en a ras le cul. Ras le cul. C’est quoi ça ? Putain de merde ! » . Oui, Lyon se chie dessus et c’est pour ça que tout fout le camp chez l’ancien dictateur du football français. Son effectif est quasiment sans égal, sa valeur absolue aussi, témoin sa première période face à Madrid qu’aucune autre équipe tricolore ne peut produire avec cette intensité. C’est donc du côté de la tête qu’il faut chercher. Ou plus particulièrement dans l’absence de fortes têtes.
Car contrairement à la grande époque où l’OL pouvait compter sur plus d’une demi-douzaine de cadres (facile), aujourd’hui la question qui revient sans cesse c’est : mais où diable sont donc les tauliers, hormis Lloris ? Lisandro ? Ah ça pour choisir ses matches et tirer la gueule, y’a du monde. Cris ? Plus prompt à défoncer un rookie (Grenier) à l’entraînement et pourrir Diakhaté qu’à se montrer au niveau qui était le sien jusqu’en 2008. Toulalan ? Mieux depuis plusieurs semaines (suspendu à Nice) mais tellement aux fraises auparavant, sur les débris de Knysna. Le reste ? On préfère ne pas en parler, même si on ne résiste pas à la tentation d’expliquer à Cissokho que si jamais il s’était amusé à mettre à l’amende journalistes et supporters dans un club comme Milan (où il devait aller un temps avant d’atterrir à Lyon), il se serait fait démonter direct par les Pirlo, Ambrosini, Nesta et cie. De vrais cadres quoi.
OK podium ?
Alors les carottes sont-elles cuites pour les actuels quatrièmes du classement ? Compliqué à dire même s’il convient de d’abord préciser de quoi on parle. S’il s’agit d’une qualification pour la prochaine Ligue des champions, allez, on va dire qu’on ne voit quand même pas ceux qui restent sur treize ans d’affilée sur le podium rater le compostage vers la plus prestigieuse compétition de clubs au monde. Mais le pari vaut autant en raison de la force de l’habitude lyonnaise que par le glissement progressif du Stade Rennais. En revanche, parler de titre ressemble à une vaste blague, même ce joyeux drille de Jean-Michel Aulas en convient. Pourtant, le faux pas de Lille à Monaco (0-1), dessine une idée ancienne que l’on avait fini par oublier tant les Dogues marchaient sur tout le monde, mais qui avait germé au moment d’établir les raisons de croire à un fléchissement : et si les Nordistes, peu habitués à faire la course en tête, craquaient sous la pression à l’approche de la ligne d’arrivée ? C’est une option qui ne peut être écartée mais qui ne réhabilite pas tout à fait les chances lyonnaises de réussir un come-back. Car dans la gabegie des deux dernières journées (quatre points lâchés dans les dernières secondes), Lyon n’a pas seulement laissé filer le Losc, il a aussi installé un Marseille, au jeu pourtant plus dégueulasse que jamais, dans la roue lilloise. Un OM qui, lui, sait ce que gagner des titres veut dire… Comme Lyon à une époque pas si lointaine. Une époque révolue ?
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