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Lee Chapman : « Mon fils pense que je suis Vardy »

Propos recueillis par Thomas Andrei, à Londres
Lee Chapman : « Mon fils pense que je suis Vardy »

Le chemin n'était pas évident : ressembler à un joueur de D4 devenant joueur de Premier League, dans une équipe luttant normalement pour la relégation. Sauf que Leicester est devenu un improbable champion, Jamie Vardy un improbable 3e meilleur buteur de l'exercice et international anglais pour cet Euro 2016. Pour Lee Chapman, sosie officiel de Vardy, la vie a changé. Rencontre entre Paris et Londres. Lee est on tour.

Lee Chapman est à peine sorti de l’Eurostar, direction un pub confortable de l’étage de la gare de Saint-Pancras, qu’il est assailli par une horde de fans renversant leurs pintes en scandant son nom. Enfin, pas vraiment son nom : celui de Jamie Vardy. Depuis le sacre de Leicester, ce facteur de 29 ans est devenu une star improbable, la conséquence imprévisible d’un exploit sportif auquel personne ne croyait. Sosie officiel du numéro 11 anglais, Lee revient d’une de semaine de promo folle en France, où il ne s’était jamais rendu avant. Nauséeux, comme à chaque fois qu’il prend le train, Lee raconte son aventure. Tout en jetant des regards dégoûtés sur le fish and chips de son agent.


Quand est-ce qu’on a commencé à te dire que tu ressemblais à Vardy ? Ça t’est arrivé en livrant le courrier ?Ça a commencé il y a trois ans. Deux potes m’ont fait remarquer, mais ça n’avait pas l’intensité d’aujourd’hui. Mais oui, les gens qui me prennent pour Vardy quand je travaille, ça arrive depuis un moment déjà. Depuis au moins six mois. Je tape à la porte, quand j’ai besoin d’une signature pour un colis et il y a des gamines qui ouvrent et disent : « Maman ! C’est Jamie Vardy à la porte! » Les gosses n’en reviennent pas. C’est très marrant.

Tu es abonné au King Stadium ?Oui, on me l’a déjà renouvelé. Je suis Leicester depuis que j’ai 11 ans. Ma première fois, c’était à Filbert Street, notre ancien stade. Plus petit, plus compact. Ce n’était ni avec mon père ni avec ma mère, mais avec mes amis. Là, ça fait bien quatre mois que j’arrive au stade sous des chants à la gloire de Jamie Vardy. Je me demande ce qu’il va se passer la saison prochaine. Je serais évidemment déçu si Vardy allait à Arsenal, en tant que fan. Mais ce serait un gros transfert pour lui. Et une énorme opportunité commerciale pour moi. Arsenal joue la Ligue des champions depuis 14 ans tu sais, ça te crée une marque. Je les appelle Arsenal Franchise Club. Ça, c’est ce qu’ils sont : une entreprise.


Ton employeur, le Royal Mail, t’a permis de prendre six mois de congés sabbatique. Comment as-tu réussi à obtenir ça ?Ils n’ont pas de suite compris l’ampleur que ça allait prendre, à vrai dire. Je leur ai dit que j’avais signé pour être dans Lookalikes, l’émission sur Channel 4 et ils étaient plutôt excités par l’idée. Ils ont dit : « Bien, on devrait être capables de te libérer quelques semaines pour l’enregistrement. » Puis j’ai dit : « Bon, à vrai dire, ça risque d’être plus gros que ça… » Quelques jours plus tard, j’étais en direct sur Soccer AM. Puis j’ai été pris sur une vidéo avec les joueurs, et ça tournait en ligne. Donc évidemment, le Royal Mail, en voyant ma tête sur tous les journaux du pays, du monde, avoir un demi-million de likes sur The Lad Bible, tout ça, ils ont dû réaliser que c’était un coup médiatique potentiel, une publicité rêvée.

Man, les filles sont folles…

Tu penses que tu retourneras bosser pour eux après tout ça ? S’il y a un après.Ça ne serait pas un problème du tout. C’est génial, le Royal Mail, de toute manière. C’est un super boulot, de supers employeurs. Ça ne me dérangerait pas. Mais pour le moment, je me concentre sur le présent, je travaille vraiment comme un dingue. Je travaille sans relâche pour profiter de ça, tous les jours, du matin au soir. On voyage, on voyage, on voyage, on voyage. Constamment. On pousse la chose au maximum.

Tu sais combien tu gagnes de plus par rapport à ton boulot de facteur ?C’est difficile à dire, en vrai. Parce que ma partenaire ne travaille pas ces temps-ci. Elle est coiffeuse à domicile, mais elle doit rester à la maison pour garder le petit, vu que je ne suis quasiment jamais à Leicester. Donc je dois générer des revenus pour les deux. Donc à ce niveau-là, ça ne marche pas si bien. Mais bon, c’est la famille, tu sais ! C’est important la famille. Pour le moment, on est bon. Elle n’aime pas trop tout ça. Elle ne me suit pas, ni sur Twitter ni sur Instagram. Elle ne suit pas l’histoire à la télé, ne lit pas les journaux.

Et j’imagine que tu reçois pas mal d’attention féminine. Comment vous gérez ça ?Man, les filles sont folles. Dès le moment où je suis descendu du bus, ça a commencé. Je suis rentré et il y avait déjà des filles qui voulaient m’ajouter sur Facebook. Je veux dire, plus que d’habitude. J’ai dû finir par désactiver mon compte. Ma compagne me fait confiance, honnêtement. On est très axés famille et nous sommes ensemble depuis dix ans. Donc ça passe.

Ça ressemble à quoi une journée en tant que sosie de Jamie Vardy ?Ah, ça change tout le temps ! Un jour, on faisait une émission dans le centre de Leicester. Puis on devait aller à Douvres, de l’autre côté du pays, pour une série photo avec le Sun… Il y avait un sous-marin russe là-bas, et il voulait que je vienne pour les bouger un peu, en gros. Ils m’ont filé un costume de Lord Nelson (avec Vardy 11 floqué dans le dos, ndlr) et je devais scander des trucs sur le sous-marin. Et sur Poutine. J’ai dû continuer à Marseille en allant au consulat de Russie, histoire de les finir. C’est juste de l’humour anglais. Bref, entre-temps, on devait aussi être à Birmingham, pour promouvoir un centre commercial. On n’était pas sûrs d’y arriver. On a sauté dans un train, on est arrivés à minuit et demi, quelques heures de sommeil, puis on a fait le boulot. Il y a des choses qui ne sont pas planifiées, ça nous tombe dessus tous les jours. C’est vraiment épuisant, on ne dort pas beaucoup. Puis même quand on va d’un boulot à l’autre, ce n’est pas du repos. Entre les deux, on me saute toujours dessus, je génère beaucoup d’attention…

Comment tu as réagi quand Ranieri t’a invité à monter dans le bus ?
Je vais te raconter dès le début. J’ai une tournée à faire le mardi matin. Là, c’était le lendemain d’un jour férié, et du jour où on avait gagné le championnat. Je devais être à côté du stade à 1h pour passer sur Sky Sports News. Pendant que je faisais l’interview, le bus arrive avec les joueurs dedans. Ils frappent tous sur les vitres, me montrent du doigt, me font signe de venir. Bon, et Ranieri était à l’entrée, c’est le premier que j’ai vu quand la porte s’est ouverte. « Come on Jamie, j’ai deux Vardy maintenant, on va gagner la Ligue des champions ! » Tout le monde criait, le staff, le coach, les joueurs. Je suis resté pendant six ou sept minutes, avant que le bus retourne dans le centre pour que les joueurs aillent manger. Vardy m’a dit de sortir en premier, les gens sont devenus fous. Puis il est sorti juste après, ce qui était encore plus drôle. Après ça, j’avais des caméras et des micros braqués sur moi partout. Je ne pouvais pas tourner la tête sans avoir un appareil qui me prenait en photo. C’était effrayant, en fait. Je tremblais encore, tu peux me voir vraiment trembler sur Internet.

Vardy était cool avec toi ?Oui, il est très sympa. Il est drôle. Il m’a dit que je n’étais pas aussi beau que lui, mais il y avait Robert Huth et Marcin Wasilewski derrière lui qui disaient : « Nan, ne t’inquiète pas mec, tu es plus beau, toi. » Il m’a aussi dit : « Tu es vraiment un branleur intégral ! » Mais c’était juste pour plaisanter. Les mecs étaient tous sympas, surtout Kasper Schmeichel, qui m’a semblé être le plus cool d’entre eux. Vardy était au téléphone, en FaceTime avec sa femme qui a crié : « Oh mon dieu, vous êtes vraiment les mêmes ! »

Vardy était moins cool par la suite. Tu sais pourquoi il t’a bloqué sur les réseaux sociaux ?Je pense que cette histoire de blocage, tout le reste, c’était très politique. Je ne pense pas qu’il soit lui-même énervé. Je ne vois pas pourquoi il le serait, je n’ai rien fait de mal. On s’amuse, on bosse avec des œuvres de charité…

Donc tu ne t’es pas vraiment taggé sur les photos de famille des Vardy, comme sa femme Rebekah t’en a accusé ?Non, je ne sais pas pourquoi elle a dit ça. On ne peut même pas faire ça sur Twitter. Je ne sais pas vraiment. Elle voulait peut-être attirer l’attention.

On dépend tous de quelqu’un. On bosse tous pour des boîtes, des entreprises, tous dépendants des décisions des autres. Si tes patrons prennent une mauvaise décision, tu peux te retrouver sans emploi. Ça ne change pas vraiment de ce que je fais maintenant.

Un article paru sur The Shortlist a fait grand bruit au Royaume-Uni. À le lire, sortir à Leicester est presque devenu dangereux pour toi. Tu es nerveux à l’idée de rentrer ? Ah, oui. The Shortlist. (Il se tourne vers son manager avec un sourire jaune.) On n’est pas content de ça, n’est-ce pas ? J’aimerais bien parler au mec qui l’a écrit un jour. Il s’est vraiment amusé, il a passé une bonne soirée. Mais il a transformé toute l’aventure en quelque chose de négatif. Les news, c’est toujours négatif, presque à 100%, non ? Ça vend. Je peux te dire que c’était vraiment une bonne soirée, mais il n’a retenu que le négatif.

Donc les gens qui t’insultent et qui essaient de se battre avec toi, il a inventé ?Le truc, c’est juste que c’était le jour où on annonçait que Jamie Vardy discutait avec Arsenal. C’était juste ça. Il y avait juste une personne, qui était probablement trop saoule et qui est venue me bouger un peu, et c’est tout. C’est dommage, vraiment. Cet article ne reflète pas du tout ce qui s’est passé, et ce que toute cette histoire représente en général.

Certains pensent que tu portes toujours ton maillot, voire tes crampons…

 (Il coupe, secouant la tête, fatigué) Si je dois me montrer quelque part, faire une interview, je porte le kit complet. (Il porte un maillot blanc de Leicester sous une veste de sport.) Mais les gens ont une vision erronée. Un postier porte-t-il son uniforme dans la rue quand il ne livre pas le courrier ? Un policier porte-t-il son uniforme quand il n’est pas en service ? Un serveur porte-t-il toujours un costume pour des repas en famille ? Les gens qui pensent que je porte la tenue tous le temps sont stupides. C’est juste un truc marrant à dire. Mais je travaille, la tenue, c’est mon uniforme, c’est tout.

Ton fils comprend ce qu’il se passe ?Il a trois ans ! Et il pense que je suis Vardy. C’est juste que bon, quand je vais au match je mets le maillot, comme tout le monde. Donc quand je reviens et qu’on regarde le résumé, il pense que je suis Vardy ! Il le pense vraiment. Il dit « Daddy Vardy ! » à chaque fois qu’il le voit à la télé.

Ta vie est soudainement devenue plus excitante seulement grâce à quelqu’un d’autre, à Vardy. C’est comment pour toi de savoir que ta vie et ton futur dépendent à ce point de sa réussite à lui ?C’est une bonne question. La vraie réponse, c’est qu’on dépend tous de quelqu’un. On bosse tous pour des boîtes, des entreprises, on est tous dépendants de quelqu’un et des décisions des autres. Si tes patrons prennent une mauvaise décision, tu peux te retrouver sans emploi. Ça ne change pas vraiment de ce que je fais maintenant.

Question bête, mais c’est ton joueur préféré, Vardy, ou même pas ?Ouais… Évidemment, c’est notre meilleur buteur… Ensuite, j’ai un petit penchant pour N’Golo Kanté. Comme tout le monde, non ? Ça doit être le meilleur milieu de terrain du monde à l’heure à laquelle on parle. Il va finir au Bayern, au PSG ou à Barcelone. Notre marathonien !

Tu bosses pour un site de paris sportifs pour l’Euro. Tu serais prêt à parier que tu ne seras plus jamais facteur ?Regarde, Vardy a 29 ans. Vu la manière dont il joue, il ne va pas durer plus de quatre ans. Parce qu’il va devenir plus lent. C’est ce qui arrive. Peut-être qu’il sera au sommet dans deux ou trois ans, ou peut-être qu’il y est déjà. On ne sait pas. Mais tout ça (il roule des yeux en regardant la salle), ça durera tant que lui durera.

Pour suivre les aventures de Lee, c’est par ici.

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Propos recueillis par Thomas Andrei, à Londres

Photos : Renaud Bouchez, pour sofoot.com

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