- Ligue 1
- 30e journée
- OM/Montpellier
L’OM va-t-il lever le pied ?
Drôle de match ce soir entre Marseille et Montpellier où les Phocéens peuvent, en se faisant battre, permettre aux Héraultais de foncer vers le titre promis aux Parisiens. Trop gros pour être vrai ?
L’un des éléments pour mesurer si un club est grand, c’est de vérifier s’il a de la mémoire. Un indicateur assez fiable pour savoir si l’histoire d’un club traverse les âges sans trop s’abîmer avec le temps. Pour tout dire, on ne sait pas si Marseille est vraiment un grand club, ni même s’il a de la mémoire quand on voit son public tancer Didier Deschamps, l’homme qui a opéré la jonction entre le succès en Ligue des champions 1993 et les titres de 2010 (Championnat et Coupe de la Ligue) sans rien entre ces deux rives. Mais ce qui est certain, c’est que le peuple marseillais n’a rien oublié de cette soirée de mai 1999. Un soir où les Parisiens tiraient la tronche après les buts égalisateurs de Rodriguez et Adailton face à Bordeaux, résultat qui offrait alors le titre à l’OM, avant le but de la victoire et du titre girondin dans les dernières secondes par un débutant nommé Pascal Feindouno (3-2).
Preuve que toute l’équipe n’avait pas décidé de laisser filer, mais preuve aussi que certains joueurs n’étaient pas non plus habités par une furieuse de gagner. Pure spéculation ? Non, la traduction d’une confession de Francis Llacer l’an dernier sur RMC. « On n’était pas à 100 % motivés pour faire un résultat contre Bordeaux. Je n’étais pas le seul. Après, peut-être que cela a dû se voir chez moi plus que chez les autres… Étant vraiment frappé de l’empreinte du club et étant né à Paris, je voyais d’un meilleur œil le fait que le titre de champion aille aux Girondins de Bordeaux. Je vais me confesser un peu, il m’est arrivé pendant ce match d’avoir quelques absences. Je n’ai pas été des plus énergiques. Je n’ai pas donné tout ce que j’aurais pu. J’ai un peu traîné les chaussures, on va dire. Notre préparation n’était pas des plus pointues » . Tu m’étonnes ! C’est tout juste si la défense parisienne n’avait pas fléché la direction du but pour le jeune Pascalito dans les dernières secondes.
« Ces abrutis sont capables de battre Montpellier… »
Alors fatalement, on s’interroge : Marseille va-t-il se coucher à son tour face à Montpellier pour rendre la monnaie de sa pièce au PSG ? Si ça ne tenait qu’à la vox populi phocéenne, l’affaire serait vite pliée et sans ambigüité en plus. « On aurait aimé leur offrir le titre (aux Montpelliérains, ndlr) en gagnant à Paris. En 1999, le PSG nous avait arnaqués en perdant volontairement face à Bordeaux. Maintenant, ce serait bête d’avoir perdu dix matches d’affilée et de battre Montpellier. Mais ces abrutis de l’OM sont bien capables de le faire » , explique Christian Cataldo, président des Dodger’s, dans Le Parisien. Simplement voilà, le stratagème est compliqué à mettre en place et, pour tout dire, les Marseillais sont dans une situation extrêmement inconfortable. Car actuellement, l’OM n’a pas grand-chose dans sa besace pour battre la bande à Giroud et en soi, une victoire héraultaise ne devrait pas surprendre grand-monde. La défense phocéenne ne tient plus à grand-chose et même l’impeccable Mandanda (pas inoubliable au Parc dimanche) semble en avoir ras le cul, le milieu est fantomatique et on jettera un voile pudique sur une attaque en déambulateur.
Quand on observe en face la santé des Yanga-Mbiwa, Saihi, Belhanda et Giroud, on se dit que Marseille, en vérité, fait de la peine. Sauf qu’au regard du contexte, un succès éventuel du MHSC serait frappé du sceau de la suspicion. Et côté combines, Marseille a suffisamment apporté son écot aux heures sombres du football français pour ne pas s’encombrer de cette tâche-là. Surtout que quand on trimballe une série de dix défaites et un nul sur les onze derniers matches à trois jours de la finale de la Coupe de la Ligue (face à l’OL), la dernière chance de gagner un titre cette saison, bien difficile d’imaginer que l’OM se fasse concasser sciemment. Et encore plus, paradoxalement, si Deschamps fait tourner. A première vue, cela ressemblerait à une façon de laisser filer. Sauf que des coiffeurs plus motivés sont peut-être plus dangereux ponctuellement que des titulaires qui roulent sur la jante et moins animés par l’exigence de prouver leur statut. Au vrai, il n’y a pas de scénario écrit à l’avance. Juste la sensation que l’on se retrouve face à un match des plus bizarres, un match où Paris en sera réduit à soutenir l’OM. Étrange, définitivement…
Le match en live ce soir à 18h avec So Foot.
Par Dave Appadoo