- C1
- 8es
- Lyon-Juventus (1-0)
Juve, y a du mou dans le milieu
Apathique en première période, plus volontaire, mais peu créative après la pause, la Vieille Dame a livré une prestation quasiment exempte de frisson ce mercredi au parc OL. La faute, en grande partie, à un entrejeu encore une fois en manque cruel d'imagination et de mobilité.
On savait la machine chancelante. Bizarrement programmée. Cette saison, le super calculateur turinois a tendance à bugger. Lyon, exemplaire de solidarité collective ce mercredi, l’a une fois de plus prouvé au Parc OL. Notamment en s’attaquant au processeur central des Piémontais, leur milieu de terrain, qui a parfois tendance à déconner cette saison comme un logiciel d’exploitation sorti tout droit des années 1990.
Pjanić désaccordé
N’ayons pas peur des mots, la Juve a été toute petite ce mercredi. Sa première mi-temps fut notamment d’une indigence coupable, les Bianconeri évoluant à un rythme et une intensité un bon cran en dessous des gars de Rudi Garcia. L’ouverture du score lyonnaise, certes facilitée par l’éphémère sortie de De Ligt, parti s’enturbanner la tête, en atteste :
à la demi-heure de jeu, Bentancur défendait comme un CM2 dans la cour de récré pour laisser Aouar centrer et Tousart briser la glace. La chose, néanmoins, n’est pas forcément rédhibitoire lorsqu’on maîtrise sa partition technique, mais voilà une qualité qu’on observe trop épisodiquement ces derniers temps à Turin. À ce petit jeu-là, tout le monde est évidemment coupable, même si un secteur attire évidemment un peu plus l’attention : le milieu de terrain. Face à l’OL, Bentancur a multiplié les maladresses et les mauvais choix, tandis que Pjanić, plombé par une animation déficiente devant lui, a joué beaucoup trop latéral. Rabiot, lui, s’est ratatiné sur lui-même, gâchant d’une passe tardive un contre prometteur en début de rencontre, avant d’enchaîner les transmissions peu audacieuses, souvent en retrait.
Tout ça était trop lisible, trop prévisible, pour un OL positionné en 3-5-2, une formation qui casse décidément les bonbons aux Bianconeri, déjà battus par la Lazio et le Hellas cette saison, qui évoluaient dans un schéma tactique similaire. Alors que son milieu de terrain sombrait dans une stérilité déprimante, Sarri décidait même de rebattre les cartes dès l’heure de jeu, en sortant Pjanić pour Ramsey. Un signe supplémentaire, s’il en fallait, que le Bosnien, qui a constitué le vrai moteur de l’entrejeu turinois ces dernières années, n’est pas franchement dans la meilleure passe de sa carrière. Un état de forme déficient qui valait à l’ancien président de la Juve Giovanni Cobolli Gigli d’oser cette semaine une inhabituelle métaphore fromagère, en expliquant que le regista de la Juve était devenu « mou comme de la mozzarella » .
Dybala, chef sans orchestre
Résultat ? Le meilleur milieu de terrain turinois à Lyon ce mercredi était une fois de plus Paulo Dybala, pourtant aligné dans un rôle de faux numéro neuf, qu’il a bien souvent abandonné. Pas fou, l’Argentin a bien vu la sécheresse créative de son entrejeu et ses décrochages entre les lignes ont, comme souvent cette saison, irrigué en idées et en dynamisme le jeu d’une Juventus qui en manque cruellement. La Joya semble même être le seul élément capable de créer du liant au sein des lignes des Juventini, qui accusent un manque évident de cohésion et de communication : illustration criante du phénomène, cette passe en profondeur en première intention que Sandro adressait à Rabiot sur le côté gauche à l’heure de jeu, alors que le milieu français n’avait même pas enclenché de course pour recevoir le ballon. Un exemple révélateur de ce qui ne fonctionne pas à la Juve, pas très bien accordée à tous les étages, et notamment au cœur du jeu. Prudence reste évidemment de mise pour les Lyonnais : les Juventini sont invaincus cette saison à domicile et devraient être autrement plus difficiles à avaler au match retour qu’une mozzarella made in italia.
Par Adrien Candau