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Jordan Galtier : « Je n’ai pas pu faire mon essai à Saint-Étienne car il neigeait »

Propos recueillis par Maxime Renaudet
8 minutes
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Entraîneur des U19 de l'AC Ajaccio, Jordan Galtier tentera de se qualifier pour les huitièmes de finale de Gambardella ce dimanche contre l'AS Saint-Étienne. Un club où il a failli signer quand il n'était même pas encore adolescent, et bien avant que son père devienne l'entraîneur de l'équipe première des Verts. À trente ans, le fils de Christophe revient sur son adolescence, le coup de fil de Guy Roux, sa carrière manquée et son amour de la Corse.

Tu affrontes ce dimanche l’ASSE, pour les seizièmes de finale de Coupe Gambardella. Tu reviens dans le club où ton père a entraîné pendant huit ans. Comment tu appréhendes ce match ?Ce n’est pas un retour en soi, car je ne suis pas natif de Saint-Étienne. Mais c’est sûr que par rapport au passé de mon père, c’est toujours un plaisir. Notamment parce que j’ai vécu les années de mon père à l’ASSE d’une manière très assidue, donc c’est toujours spécial pour moi d’aller jouer là-bas. Il y a toujours des personnes que je connais, et que j’apprécie. C’est un honneur et un plaisir de jouer cette équipe,

C’est devenu un peu plus important quand mon père est devenu entraîneur, que je le voyais tous les week-ends à la télé, parfois un peu plus. Honnêtement, c’était très difficile d’accepter les mots durs que pouvaient avoir la presse ou les supporters.

d’autant qu’elle est la tenante du titre de la Coupe Gambardella.

À quoi ressemblait l’adolescence du fils de Christophe Galtier ?C’était un peu spécial, car mes parents se sont séparés assez rapidement, et j’étais avec ma maman. C’était particulier parce que dès qu’il se passait quelque chose à la télé, à l’école, on me le disait. Après, c’est devenu un peu plus important quand mon père est devenu entraîneur, que je le voyais tous les week-ends à la télé, parfois un peu plus. Au départ, ce n’était pas facile. Honnêtement, c’était même très difficile d’accepter les mots durs que pouvaient avoir la presse ou les supporters. Maintenant, ça ne me touche plus. Et puis, vu que je suis un peu dans le métier, je sais désormais que ça fait partie du jeu.

Tu as rapidement voulu devenir joueur de foot, comme ton père. À l’école primaire, ta prof s’était même moquée de toi…Exactement. Je m’en rappelle encore très bien, c’était le premier jour d’école en CP. Notre professeur nous demande : « Qu’est-ce que vous voulez faire, comme métier ? » Certains ont répondu « Infirmière » , « Professeur » . Moi ? « Beh, footballeur. » Elle a rigolé, et m’a dit : « Ça n’est pas un travail, c’est un plaisir. » Je lui ai dit : « Non, je connais des gens qui sont footballeurs, ça existe. » Si je la croisais aujourd’hui, je lui dirais qu’elle avait tort, mais que c’est difficile. (Rires.)

Et pourtant, tu vas réussir à le devenir. Tu signes même très tôt au centre de formation de l’AJ Auxerre. Comment ça s’est passé ?

Un soir, on était à table en train de manger et le téléphone fixe sonne. Ma mère décroche : « Bonjour, c’est Guy Roux. » Elle pensait que c’était un ami, Tony, qui nous faisait une blague.

Un soir, on était à table en train de manger et le téléphone fixe sonne. Ma mère décroche : « Bonjour, c’est Guy Roux. » Elle pensait que c’était un ami, Tony, qui nous faisait une blague. Donc elle a dit : « Arrête tes conneries » , et elle a raccroché. Quand ça a rappelé deux ou trois fois, elle a à nouveau décroché, et c’était bien Guy Roux, quoi. Je ne m’en rendais pas compte à l’époque, mais aujourd’hui, il ne doit plus y avoir beaucoup d’entraîneurs de Ligue 1 ou Ligue 2 qui appellent directement un gamin de douze ans.

Après Auxerre, tu vas au centre de formation de Bordeaux puis à Fréjus Saint-Raphaël, Arles-Avignon. Tu avais plus de pression, car tu étais le fils de ?Non, je ne l’ai pas ressenti comme ça, mais peut-être que c’était inconscient. Je ne faisais pas du foot pour me dire que je voulais être meilleur que mon père. Après, on a toujours cette petite méfiance, car on sait qu’on a quand même un nom et qu’on n’a pas envie de le salir par un mauvais comportement. J’étais très attentif à l’éducation. Ensuite, le niveau, c’est autre chose.

Ironie de l’histoire, c’est l’ASSE qui a été le premier club à vouloir te faire signer avant même que ton père en devienne le coach.Oui, tout à fait. Quand j’avais douze ans, c’est le premier club à m’avoir appelé pour intégrer leur centre de formation. Ça fait sourire, notamment avec le passé de mon père sur le banc du club. C’est peut-être le destin, car malheureusement, je n’ai pas pu faire mon essai à Saint-Étienne parce qu’il neigeait ce jour-là. (Rires.) Je n’avais pas pu me déplacer, et après, on a décidé avec mes parents de signer ailleurs.

Tu as finalement arrêté ta carrière en 2016 au Cap-Ferret, à 27 ans, avant de devenir entraîneur. C’était une évidence, pour toi ?Non, pas du tout. À la base, je voulais être analyste vidéo. Et puis un jour, il y avait une formation d’entraîneur, les premiers diplômes, j’y suis allé et ça a été le déclic. Puis comme ma carrière ne marchait pas comme je voulais, que je savais que ça allait vite s’arrêter, j’ai décidé de ne pas perdre de temps. Je ne me suis pas dit : « Je vais jouer encore sept ou huit ans en CFA ou National, gagner 200 euros et faire déménager ma femme et ma fille. » Plutôt que de bouger à droite à gauche et être frustré à certains moments, autant aller dans une autre voie pour gagner du temps.

Quand tu te retrouves à table avec ton père, ça parle beaucoup tactique et organisation de jeu ?

On parle beaucoup périodisation tactique, notamment. Ça fait très longtemps que je lui en parle, environ cinq ou six ans. Puis lui m’en parle de plus en plus, car je crois qu’il utilise cette méthode-là, au LOSC.

Oui. On parle beaucoup périodisation tactique, notamment. Ça fait très longtemps que je lui en parle, environ cinq ou six ans. Puis lui m’en parle de plus en plus, car je crois qu’il utilise cette méthode-là, au LOSC. Après, quand on se voit, on essaie de ne pas trop parler football. Sinon, on en parlerait toute la journée. Lui comme moi n’avons pas besoin de parler tout le temps de ça, on échange plutôt sur les méthodologies d’entraînement. Le management, la communication… Des choses un peu basiques. Même si je n’étais pas son fils, c’est toujours bénéfique de discuter avec un entraîneur de L1.

Tu aimes beaucoup comment jouent les équipes de Guardiola, Simeone ou Sarri. Et le LOSC de Christophe Galtier, dans tout ça ?C’est évidemment très difficile d’avoir un constat objectif. Maintenant, si je prends un peu de hauteur par rapport à ça, je peux dire qu’il a été élu deux fois meilleur entraîneur de L1 et une fois par ses pairs en décembre 2019. Je ne peux pas dire que c’est le meilleur, même si je peux le penser, ce n’est pas interdit. Concernant les grands entraîneurs européens, il a encore le temps de le devenir. Il faudrait peut-être une autre dimension, un parcours européen… C’est difficile. Mais en tout cas, ce que je peux affirmer, c’est qu’il a évolué dans la manière de faire jouer ses équipes. Cette année, je regarde tous les matchs. Ils ont des petits creux, et ils passent un peu à travers de certains matchs. Mais ils sont beaucoup plus haut dans le pressing que la saison dernière, et ils n’ont pas les résultats qui correspondent à leur manière de jouer.

Comme toi, de plus en plus d’anciens joueurs arrêtent tôt le foot pour rapidement se consacrer au métier d’entraîneur. Tout l’inverse de ce qu’a fait ton père. C’est un avantage, pour toi ?Un joueur qui a fait 300 ou 400 matchs de L1 ou de L2 a forcément un temps d’avance sur des gens comme moi ou des entraîneurs amateurs, notamment sur la culture et la connaissance du jeu. C’est indéniable. Le fait de commencer tôt nous permet d’emmagasiner beaucoup d’expérience, dans la création et l’animation de séances. Un grand joueur aura toujours un temps d’avance s’il accepte une démarche pédagogique correcte, et qu’il a envie d’apprendre. Mon père, par exemple, a quand même bougé à l’étranger. Il a évolué en D1, en D2 ou en équipe de France espoirs… Je pense que ça joue beaucoup, dans la construction de l’entraîneur. Il a également passé dix ans en tant qu’adjoint, avant de prendre un poste de numéro un. Ça aussi, ça l’a beaucoup construit. Pareil pour Johan Cavalli, qui est mon adjoint et qui est surtout une légende du club. Il inspire les gosses, et il m’apprend beaucoup de par son expérience de joueur.

Justement, ça fait maintenant 18 mois que tu es à Ajaccio. Comment s’est passée ton intégration ?Étant Sudiste et Méditerranéen, l’intégration s’est faite un peu plus rapidement. Déjà à la base, avant d’arriver, l’objectif était de me renseigner sur la culture corse, les mœurs et les valeurs de cette île.

En arrivant, j’ai demandé à rencontrer personnellement un historien avec qui j’ai passé toute une après-midi et qui m’a bien aiguillé sur la Corse.

C’est quand même un peuple et une communauté qui attachent beaucoup d’importance aux valeurs de respect. J’ai également souhaité connaître l’histoire de la Corse. Donc en arrivant, j’ai demandé à rencontrer personnellement un historien avec qui j’ai passé toute une après-midi et qui m’a bien aiguillé sur la Corse. Finalement, j’ai été intégré de la meilleure des manières et ça s’est fait naturellement. Je ne suis pas quelqu’un d’adopté, je ne dis pas que je suis corse. Mais petit à petit, je m’imprègne de cette culture qui correspond à mes valeurs.

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Les notes de Sainté-Marseille
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Propos recueillis par Maxime Renaudet

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