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Jean-Christophe Coubronne : « Les Finlandais ne sont plus les mêmes après trois ou quatre bières »

Propos recueillis par Analie Simon
Jean-Christophe Coubronne : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Les Finlandais ne sont plus les mêmes après trois ou quatre bières<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Non conservé par le FC Sochaux après le centre de formation à cause de sa taille, Jean-Christophe Coubronne a connu de nombreuses galères aux quatre coins de l'Europe. Mais depuis quatre saisons, le défenseur de 32 ans s'éclate en Finlande, du côté du FC Lahti.

Comment un défenseur formé à Sochaux, originaire de Lyon, se retrouve en Finlande, pays que tu fréquentes depuis quatre ans ?Un ancien entraîneur adjoint que j’ai côtoyé au Portugal, à Olhanense, était en Finlande. Il a appris que j’étais sans club et il voulait que je signe. Mais une semaine après, il se fait virer ! Du coup, un agent finlandais a proposé ses services pour me trouver un club. Je lui ai donné une semaine pour avoir quelque chose de concret. Il me propose un club en D2 finlandaise, le FC KTP à Kotka. Je me pose beaucoup de questions, parce qu’honnêtement, je m’attendais à mieux. Mais je me suis dis que, si je n’allais pas gagner des millions, je pourrais au moins vivre de ma passion.

Ça a été difficile de s’adapter à la vie finlandaise ?Ça a été un choc. Quand il neigeait à Sochaux, c’était déjà le bout du monde pour moi. Quand je suis arrivé là-bas en janvier, il faisait -24°C lors de ma descente de l’avion. L’agent qui m’avait contacté m’a amené à Kotka, au sud-est du pays. On a roulé sur une autoroute gelée, avec la nuit en pleine journée. J’ai regardé sur Google Maps et j’ai vu que Kotka était sur une presqu’île, donc je m’attendais à voir la mer. Mais le mec me dit que la mer était glacée. Les gens faisaient du patin à glace dessus. Au début, c’était l’horreur, mais on s’y habitue, surtout au caractère des Finlandais. Ils ont la réputation de ne pas être très accueillants. Ils sont trop polis, trop disciplinés, mais ils ne parlent à personne.


Une chose que tu as pu vérifier avec tes coéquipiers également ?Quand je suis arrivé, ça m’a paru glacial, mais maintenant ça ne me surprend plus. Dans les vestiaires, ils ne se parlent pas. Ils ne s’intéressent pas à ta vie, mais ce n’est pas pour autant qu’ils ne t’aiment pas. C’est dur de créer un esprit de groupe dans ces conditions. Mais les Finlandais ne sont plus les mêmes quand ils se sont enfilé trois ou quatre bières. Quand j’étais à Kotka, on avait l’habitude de faire un sauna entre coéquipiers. On commence à boire quelques bières et à bouffer des pizzas et les mecs commencent à me parler et à demander des détails sur ma vie. Et le lendemain, ils retrouvent leur caractère timide avec un simple bonjour. Comme quoi, la frontière entre deux personnes est de trois bières !

Les Finlandais ne sont plus les mêmes quand ils se sont enfilé trois ou quatre bières.

Comment le foot arrive à s’imposer dans un pays de hockey ?Le foot est en train de prendre son envol. Il y a eu un engouement cet été pendant l’Euro, l’équipe a eu de bons résultats. Cela a donné une autre ampleur du foot. Maintenant, quand tu vas à Helsinki, tu vois des joueurs de foot en tête d’affiche, alors que cela n’arrivait pas avant. De plus en plus de joueurs quittent le pays pour aller à l’étranger. Ce qui coince, c’est encore une fois l’aspect financier. Les clubs ne veulent pas beaucoup investir pour faire progresser le sport alors que certains passent proches d’une qualification en Ligue Europa. La création de la Ligue Europa Conférence est une aubaine pour le pays, reste à savoir si les clubs vont en profiter.

Tu as commencé ta carrière au FC Sochaux et tout est allé très vite, puisque tu gagnes la Gambardella en 2007 face à Auxerre.Le centre de formation est un moment inoubliable. On est loin de la famille, on est jeunes, livrés à nous-mêmes. À Sochaux, la génération 1987 était présente, avec Maxime Josse, Romain Hamouma, Mevlüt Erding ou encore Jérémy Ménez. La génération 1989, dont je fais partie, passait au deuxième plan.

Une génération également sacrifiée dans les équipes de France jeunes, que tu as pu fréquenter…Effectivement, on n’a rien gagné et on n’a pas réussi à se qualifier pour un grand tournoi. Pourtant, il y avait de la qualité. À 17 ans, les trois quarts étaient déjà en pro, notamment Gabriel Obertan, Morgan Schneiderlin et Moussa Sissoko.

C’est à cause de ta taille que ton club formateur ne t’a pas conservé. Comment as-tu vécu ça ? J’ai passé toute ma formation en tant que défenseur central. Chaque année, on me disait : « Tu es rapide, tu as une bonne détente, mais ta taille reste un problème, cela peut bloquer au plus haut niveau. » Malgré cela, j’étais quand même surclassé en CFA. J’étais performant, mais il me manquait trois ou quatre centimètres (il mesure 1,80m, NDLR). C’est mère nature, on n’y peut rien. Lors de ma dernière année, ils m’ont replacé dans le couloir, mais ce n’est pas passé. Pourtant, je n’ai jamais été gêné par ma taille.
Qu’est ce que tu as fait après ?Malgré cette déception, j’ai été appelé en équipe de France pour disputer les Jeux méditerranéens en Italie avec les U20. Erick Mombaerts était venu nous superviser et il m’a dit : « Je suis au courant de ta situation et je suis surpris que Sochaux ne te conserve pas. Est-ce que ça t’embête si j’appelle quelques clubs pour toi pour te trouver une porte de sortie ? » J’ai trouvé ça vraiment super. C’était difficile de rebondir, et aucun club en France ne voulait de moi. Pendant ce tournoi, deux clubs m’ont remarqué : le Wisła Cracovie et Novara, en Italie. Ils voulaient conclure assez vite. Mon ancien agent avait vécu en Pologne, mais j’ai pensé à la barrière de la langue. En tant qu’étranger, j’avais peur de partir dans l’inconnu. Comme j’avais appris l’italien à l’école, j’ai donc tenté ma chance là-bas à Novara.

À Novara, dès que je sortais dans la rue, on me reconnaissait. On était les rois du pétrole.

Là-bas, tu signes pro et tu connais deux montées de Serie C en Serie A. Que t’a apporté l’Italie d’un point de vue footballistique et humain ?Ça a été un apprentissage incroyable. J’ai été bien accueilli, malgré mon jeune âge. Des mecs de 32-33 ans venaient me voir, il y avait une ambiance géniale. Quand tu arrives là-bas, tu es obligé de parler italien parce qu’ils ne parlent pas anglais. Ça a été payant, car on fait une saison exceptionnelle en Serie C et en Serie B. Dès que je sortais dans la rue, on me reconnaissait. On était les rois du pétrole. Mais tout a basculé quand on est monté en Serie A. Le club a changé de directeur sportif, et le groupe a explosé.

C’est au moment de connaître l’élite italienne que ça se complique…Quand on était en Serie B, je dois prolonger et partir en prêt derrière. En avril, je n’ai aucune nouvelle et je commence à m’inquiéter, car je suis à un an de la fin de mon contrat. Et puis, le directeur sportif m’informe qu’il va quitter le club. Je tombe de haut. Quand on revient pour la préparation estivale avant la reprise en Serie A, le nouveau directeur sportif vient me voir et me dit qu’il ne compte plus sur moi et qu’il faut que je résilie mon contrat. En quelques mois, je passe d’une prolongation à une résiliation. Malgré les tensions avec les dirigeants, je suis quand même resté dans le groupe toute l’année. J’ai joué 30 minutes et j’ai fait quelques bancs en Serie A.

Après ces embrouilles, tu te retrouves libre pendant un an. Comment fais-tu pour gérer la situation ?Dans ces moments-là, on se sent impuissant, car tous tes espoirs se tournent vers ton agent. Il essaie de me rassurer en me répétant : « Tu es jeune, tu as 20 ans, tu as fait quelques bancs en Serie A. Pars en vacances tranquille et on va veiller sur le mercato. » Lorsque la fin du mercato approche, le stress monte. Les offres arrivent, mais rien ne me correspond. J’ai décidé de rentrer en France pour m’entraîner avec la réserve d’Arles-Avignon. Je fais une saison blanche avant de retrouver un club au Olhanense. Mais une saison blanche est difficile. Dans ces conditions, tu doutes de toi, de tes agents. Ce n’est jamais un moment agréable.

Au Portugal, là encore, il y a du bon et du moins bon, entre Liga Nos et D2. Tu peux nous en dire plus ?Au Portugal, ça a été compliqué. Avant de signer là-bas, j’avais fait un essai concluant au Servette de Genève. Ils voulaient me signer, mais mon agent l’a fait patienter. Il voulait que j’aille au Portugal à tout prix, car il était ami avec le président d’Olhanense. Je signe finalement là-bas, mais l’entraîneur ne pouvait pas me voir et il ne m’a jamais dit pourquoi. C’est la première fois que ça m’arrive. Même quand tous les latéraux étaient blessés, il trouvait une solution pour faire jouer quelqu’un d’autre. Heureusement, un nouvel entraîneur arrive et lui compte sur moi. Et pendant les vacances de Noël, le directeur sportif m’appelle pour m’informer que je dois partir en prêt, car un joueur important va arriver à mon poste. Ça m’a énervé et j’ai découvert les mauvais côtés du foot business. On ouvre les yeux et ça fait mal, car le mérite n’existe pas.

C’est décourageant parce que certaines pépites arrivent à percer, comme Ménez, Ben Arfa ou Benzema. Et puis, il y a toi et ton destin.

Au point de te dégoûter de ce milieu ?C’est décourageant parce que certaines pépites arrivent à percer, comme Ménez, Ben Arfa ou Benzema. Et puis, il y a toi et ton destin, où tu te répètes sans cesse : « Pourquoi il te préfère un autre joueur ? » En plus, au Portugal, il y a une mauvaise gestion des clubs, même si le niveau sportif était bon. En D2, j’ai pu affronter Renato Sánchez, Adrien Silva, Gelson Martins ou Nelson Semedo. Lors de ma dernière année au Portugal, notre entraîneur italien avait une proposition pour partir à Belenenses, en D1. Il voulait terminer la saison à Olhanense, mais il se fait virer en novembre, et Belenenses ne pouvait pas signer un mec qui s’est fait virer d’un club de D2. Je décide de rentrer en France. À ce moment-là, je t’avoue que j’ai pensé à arrêter.
Avant de signer au FC Lahti, on pouvait résumer ta carrière à beaucoup de propositions, mais beaucoup de contretemps. Je parle de malchance, car j’ai eu beaucoup de moments clés dans ma carrière où je n’ai pas réussi à passer un cap, de signer un contrat ou de prolonger, ce qui m’aurait offert une certaine sérénité. Mais j’ai aussi eu de la chance, notamment quand j’étais jeune : je suis allé voir un match d’Auxerre en Coupe de France, j’ai discuté avec un gars qui s’avérait être un agent, il m’a proposé de passer une détection à Sochaux, et ça a réussi. Quand tu prends la balance, c’est évident que j’ai eu plus de côtés négatifs que de positifs, mais je ne regrette rien.

Tu as 32 ans. Finir ta carrière en Finlande, ça te plairait ?Avant d’arrêter, je voudrais connaître des matchs européens, au moins les tours préliminaires. Peu importe où je joue, je voudrais vraiment goûter à une Coupe d’Europe. Pour la suite, je ne sais pas. J’ai tellement vu de trucs dans ma carrière que plus rien ne m’étonnerait. On va d’abord terminer cette saison, même si on est en roue libre après avoir loupé les play-offs d’un rien. Le rêve serait de finir dans le sud de la France, même si je commence à être pété de partout !

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