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  • 16 février 1994

Italie-France (0-1) : la première de Jacquet, intérimaire…

Par Chérif Ghemmour
Italie-France (0-1) : la première de Jacquet, intérimaire…

Le 16 février 1994, la France du foot était toujours atteinte du syndrome Kostadinov. Elle n'en guérira vraiment que le 12 juillet 1998. Un peu grâce à cet Italie-France, match presque passé inaperçu, mais pourtant fondateur. Magnéto Serge !

À titre provisoire…

À la base, ce match en Italie avait été programmé depuis longtemps, sûrement en vue de la préparation du Mondial US 1994 auquel les Bleus devaient participer. Sauf qu’entre-temps, un certain 17 novembre 93, Kostadinov avait débranché le Parc (1-2) et assigné les hommes de Houllier à mater la Coupe du monde devant leur télé. Le sélectionneur déchu avait été poussé à la démission et la FFF, prise de court et embarrassée par cette élimination cruelle, ramait pour lui désigner un successeur. Des noms circulent : Arsène Wenger, Guy Roux, Jean-Michel Larqué… Finalement, le 17 décembre, on opte pour l’assistant de Gérard Houllier, Aimé Jacquet, mais « à titre provisoire » . À ce moment-là, Jacquet, c’est la pure insignifiance : malgré son très bon boulot et ses nombreux titres avec Bordeaux dans les années 80, il n’est plus que ce grand échalas en survêt qui portait les ballons à Clairefontaine. On se rappelle aussi de sa consternation apitoyée saisie par la caméra de TF1 au moment du but de Kostadinov : l’image même de la lose éternelle. Parce qu’à cet instant précis, il était acquis que les Bleus rôtiraient en enfer jusqu’à la fin des temps. Et au-delà… Pour ne rien arranger, la première conf de presse de Jacquet en tant que nouveau sélectionneur est calamiteuse, sans souffle charismatique. Mais à la vérité, tout le monde s’en fout : la FFF est nulle, les Bleus sont nuls, Jacquet est nul ! Et comme le provisoire de la situation est appelé à durer jusqu’à la fin des temps, on préfère zapper l’équipe de France nationale de football maudite-haïe-honnie-crachée.
Mais, bon, c’est pas tout : y a un match amical à aller jouer en Italie… Le fameux match « d’après » . Le mercredi 16 février au San Paolo de Naples contre la Squadra qui, elle, sera bien à la Coupe du monde. Naples ? Le 8 février 1978, les Bleus de Platoche s’y étaient brillamment illustrés avec un nul héroïque (2-2) qui avait consolidé la renaissance de l’équipe de France. Mais on s’en fout aussi… C’est du passé. En 1994, la France est nulle, point barre. Mais Aimé s’y colle quand même. Il doit choisir parmi les zombis encore valides du Parc bulgare et les nouveaux joueurs pour la virée napolitaine. Basile Boli est forfait. Manu Petit aussi. Et bing ! Mais le pire, ce sont les autres Bleus traumatisés, dégoûtés, meurtris qui avaient décliné leur sélection par avance. Et pas des moindres : Sauzée, Papin et Blanc. Pour Lolo Blanc, l’équipe de France, c’est fini à tout jamais. Il l’a fait savoir. La France du foot est un peu peinée. Mais quelque part, on s’en fout : lui ou un autre… Aimé Jacquet rassemble donc un groupe où dominent encore les gars de l’OM et du PSG, mâtiné d’AS Monaco. À Naples, Jacquet alignera Lama, Karembeu, Roche, Desailly (Milan AC), Di Meco (de retour en Bleu depuis 1990), Gnako, Deschamps, Djorkaeff, Cantona (MU) et Ginola. « Canto » est désigné capitaine. On repense aux bisbilles mortelles entre Parisiens et Marseillais qui ont plombé la qualif au Parc contre Israël, puis la Bulgarie. Au sommet de l’État, même spectacle désolant d’une cohabitation tendue entre le président Mitterrand et son Premier ministre RPR, Édouard Balladur…

Youri for ever !

À la vérité, il n’y a pas grand-chose à raconter de cet Italie-France, disputé devant seulement 17 000 spectateurs. Dans l’Hexagone, les audiences TV n’ont pas dû être bien fameuses non plus. En fait, les Bleus en blanc servent surtout de sparring-partners à des Italiens drivés par le grand Arrigho Sacchi. Du beau monde en face, à dominante Milan AC (qui trucidera le Barça 4-0 en finale de C1 en mai) : Pagliuca, Costacurta, Baresi, Albertini, Paolo Maldini, Roberto Baggio… Le milieu milanais des Bleus, Marcel Desailly, est passé en défense axiale à la place de Lolo Blanc, absent. La partie se décantera à la 45e, juste avant la mi-temps. Vers le rond central, côté droit italien, Ginola récupère une mauvaise relance de Baresi (si, si : l’immense Franco !) et fonce plein axe vers la surface transalpine. Djorkaeff l’a suivi et se barre à gauche dans son dos pour solliciter un appel croisé : Gino l’a vu et lui délivre une passe aux 18 mètres que Youri capte du droit avant de piquer d’un petit exter droit à huit mètres des buts de Pagliuca un ballon qui va mourir dans le filet opposé. Surprise : la France mène 1-0… Djorkaeff est extatique : il libère un trop-plein de frustration accumulée lors de France-Israël (2-3, entré à la 85e à 2-2) et lors de France-Bulgarie (remplaçant non entré en jeu). Les Bleus sont appliqués, et Aimé fera entrer Cyprien, Martins et Guérin. Lizarazu et Vahirua resteront, eux, sur le banc. La France tiendra le score jusqu’au bout, et le résultat final (1-0) dépoussière une très vieille stat : c’est la première victoire en terre italienne depuis… 1912 (série de dix matchs sans victoire avec 1 nul et 9 défaites entre 1914 et 1978) !
Ce succès interpelle, face à un ténor planétaire (la Squadra sera finaliste au Mondial US en juillet) : et si les Bleus n’étaient pas condamnés à rôtir en Enfer jusqu’à la fin des temps ? On ne le sait pas encore, mais dans sa tête, Jacquet est bien là pour « durer » . Au-delà de sa vague mission (toujours « provisoire » en février 94) de qualifier l’équipe de France pour l’Euro anglais de 1996, Jacquet est bel et bien décidé à remettre les Bleus sur les rails. Fini les clans : « Celui qui jouera contre l’équipe, je le briserai » , apprendra-t-on plus tard… Il y a déjà chez lui l’exigence absolue de gagner tous les matchs, mêmes les rencontres amicales. Comme avec son Bordeaux des années 80, il blindera la défense, à la base de toutes ses compos. Desailly a été très bon en défenseur axial : Aimé saura s’en souvenir en associant plus tard Marcel à Blanc. Une trouvaille géniale, mais qui passera dès le mois de mars 94 par un forcing lamineur sur un Lolo Blanc, toujours en retraite internationale. Celui qu’on n’appelle pas encore le Président finira par céder et il rejoindra la sélection en mai, à la Coupe Kirin (Japon). Contre l’Italie, Aimé s’est aussi découvert un talisman : Youri Djorkaeff. Le Monégasque qu’on n’appelle pas encore le « Snake » n’est plus tout jeune (26 ans). Mais le buteur de Naples sauvera Jacquet en marquant d’autres buts cruciaux contre la Pologne, en Roumanie et contre Israël en qualif réussies de l’Euro 96. En août 94, Aimé lancera pour de bon un jeune Bordelais dont on parle beaucoup depuis dix-huit mois, Zinedine Zidane…

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