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Du bon usage de Guardiola
2010 sonne la cloche de fin des années Laporta. Comme aux Etats-Unis, le JFK made in Catalunya ne peut pas se présenter une troisième fois successive. En coulisses, on sort du bois et on aiguise ses meilleurs lames. L'air risque d'être de plus en plus irrespirable en Catalogne. Et si c'était ça la vraie menace contre la suprématie de l'équipe de Guardiola ?
« T’es qu’une merde ! Voilà ce que tu es ! Ce que tu mérites c’est un bon coup de pied dans les couilles ! » . Ces douceurs ont été délivrées par Joan Laporta le 28 décembre dernier au super-comptable du Barça, Jaume Ferrer. Ses crimes : 1, avoir remis en cause les sorties médiaco-politiques du chef et 2, s’être déclaré candidat à sa succession. Le comptable se rebiffe mais le Dauphin, c’est Alfons Godall (fidèle et dévoué vice-président) et pis c’est tout. À la guerre comme à la guerre, et pour se garantir une postérité sans encombre, tous les coups sont permis, même les micros dans les faux plafonds des salles de réunions et les bureaux de ses vice-présidents.
C’est que l’ennemi officiel (et le grand favori) c’est Sandro Rosell, ancien bras droit de Laporta au début de son règne. Sa stratégie : virgule, savon et noyautage. On s’explique. En 2005, c’est dans une odeur de poudre que l’ami de trente ans démissionne. Motif : l’omniprésence de Yoyo Cruyff alors même que ce dernier n’exerce aucune responsabilité officielle au sein du club. Celui qui fut président de Nike en Espagne puis au Brésil, et toujours proche de nombreux joueurs à virgule (dont Cesc Fabregas…) claque la porte du club dans un bruit de tempête.
Entourloupes et jacqueries
En coulisse, le jeune loup aiguise alors ses crocs et fomente entourloupes et jacqueries anti-Laporta. En 2008, il soutient publiquement la motion de censure contre le président culé et se présente comme l’alternative. Laporta s’en sort de justesse, mais la moitié du conseil d’administration fera les frais du grand nettoyage. En guise de gage de bonne conduite Laporta se résout à nommer Guardiola plutôt que Laudrup pour remplacer un Rijkaard en perdition. Jackpott. Un an plus tard, la Pep-Team atteint le Graal footballistique et son Président se sent pousser des ailes.
Sauf qu’à Barcelone, personne ne s’y trompe. L’homme du sextuplé c’est Pep et ses mots sont parole(s) d’Evangile. La seule fois où le coach catalan a pris publiquement parti dans les affaires internes du club c’était le 20 décembre dernier, juste après ses larmes et son sixième titre de l’année: « je veux dédier cette victoire à Evarist Murtra. Il comprendra » . Murtra c’était l’idéologue du Barça. À son actif : le retour de Pep et le logo UNICEF sur le maillot. En 2008, il est de la charrette poussée à la démission par un Laporta qui vient de sauver sa tête. Guardiola ne lui pardonnera pas.
Le Christ est catalan
En quelques mois, l’homme se Santpedor se change en totem footballistique et est même sur le point de remplacer l’autre Christ, celui d’Amsterdam. Pep Guardiola est devenu le véritable patron du club et, aux yeux des socios, le seul garant de sa stabilité. Aucun des candidats n’envisage donc de ne pas lui renouveler son contrat (qui s’achève en juin). Pas question d’égratigner le nouveau Dieu blaugrana. La campagne se centre donc sur Laporta et sa gestion.
Le président n’a pas encore fixé les dates de l’élection (au plus tard le 15 juin). Mais tout porte à croire que si le Barça brille encore une fois en Ligue des Champions, il repoussera le scrutin le plus tard possible, au risque de mettre les bureaux du Barça à feu et à sang. En effet, celui qui se présente comme le héraut d’une « révolution pacifique, démocratique et responsable qui (les) mènera jusqu’à un Etat libre et indépendant » ne résistera pas à un dernier coup de pied dans les couilles de « l’oppresseur » madrilène. La finale de la C1 c’est au Stade Santiago Bernabeu. C’est vraiment trop tentant.
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