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Coupe du monde 2018 : La fiche de l’Uruguay
Par Mathieu Faure
6 minutes
Comme d'habitude, l'Uruguay va avoir les crocs. Et comme d'habitude, l'Uruguay va mordre. Avec ses pitbulls défensifs et ses loups aux canines édentées devant. Petite analyse anatomique de l'animal.
La liste des 23
Gardiens de but : Fernando Muslera (Galatasaray), Martin Silva (Vasco da Gama), Martín Campaña (Independiente)Défenseurs : Diego Godín (Atlético de Madrid), José María Giménez (Atlético de Madrid), Maximiliano Pereira (FC Oporto), Gastón Silva (Independiente), Sebastián Coates (Sporting de Lisboa), Guillermo Varela (Peñarol), Martín Cáceres (Lazio)Milieux de terrain : Carlos Sánchez (Monterrey), Matias Vecino (Inter), Nahitan Nandez (Boca Juniors), Giorgian de Arrascaeta (Cruzeiro), Rodrigo Bentancur (Juventus), Lucas Torreira (Sampdoria), Diego Laxalt (Genoa), Cristian Rodríguez (Peñarol)Attaquants : Luis Suárez (Barcelona), Cristhian Stuani (Girona), Edinson Cavani (Paris Saint-Germain), Jonathan Urretaviscaya (Monterrey), Maximilano Gómez (Celta)
Le onze type
Muslera – Varela, Giménez, Godín, G. Silva – Nandez, Bentancur, Vecino, de Arrascaeta – Suárez, Cavani
L’analyse tactique
Óscar Tabárez connaît son groupe comme sa poche. Sur le banc depuis douze piges alors que la Celeste avait usé sept sélectionneurs en huit ans avant son arrivée, l’homme aux cheveux gris a déjà tout prévu. Il a son onze de départ, organisé en 4-3-1-2 et quasiment inamovible depuis un moment avec une charnière de patrons, des vicieux techniques dans l’entrejeu et un duo Cavani – Suárez pour tout casser en attaque. Au tournoi de Chine, en mars dernier, le groupe des titulaires était déjà rodé. Il y a bien entendu des adaptations possibles en cours de match avec un milieu qui devient « plat » avec l’entrée de Rodríguez à gauche. Milieu de formation, Laxalt peut, par exemple, dépanner au poste d’arrière gauche. On connaît même les changements à l’avance, comme en NBA. Coates est le défenseur central numéro trois, Cacéres jouera si son corps suit, Stuani est l’option offensive numéro trois, Gómez la quatrième. Tout est huilé. Tout fonctionne en groupe. Depuis les U20 aux A, tout le monde baigne dans le même jus. Moralité, cette équipe fonctionne ensemble. Comme dans le film Bad Boys : « On roule ensemble, on meurt ensemble » .
La stat à la con : 1414
Entre 2000 et 2010, l’Uruguay a exporté 1414 footballeurs – soit l’équivalent de 128 équipes – aux quatre coins du monde. Que ce soit en Europe, mais aussi en Argentine ou en Irak. 2007 fut d’ailleurs le meilleur cru avec 163 départs loin de la mère patrie dont Diego Godín, Edinson Cavani, Fernando Muslera et Martín Cáceres.
Ce que Poutine dirait de cette équipe
Avant le match Russie–Uruguay, lors de sa causerie : « Nous poursuivrons les Uruguayens partout… Si on les prend dans les toilettes, eh bien, excusez-moi, on les butera dans les chiottes. »
Il aurait pu être russe, mais il est né à Canelones
José María Giménez. Jean-Marie, quoi. Un patronyme qui sent bon l’église catholique, mais posté sur un corps tatoué façon Vory v zakone. Un mec tellement fou qu’à 19 ans, dans un match contre Radamel Falcao en équipe nationale, il pourrit le Tigre pendant 90 minutes. « Tu sais pourquoi les drapeaux de la Colombie, du Venezuela et de l’Équateur ont les mêmes couleurs ? » – « T’as une caisse à Madrid ? » De quoi rendre dingue le Monégasque. Arrivé pour prendre la relève de Diego Lugano au sein de la défense nationale, il s’est glissé dans les chaussons de l’ancien en y ajoutant sa touche personnelle : des muscles et une grosse envie. Partenaire en équipe nationale, mais aussi en club de Diego Godín, les deux lascars forment une drôle de charnière. En Russie, le défenseur central n’aura peur de rien ni de personne. Et surtout pas de Vladimir Poutine sur un ours.
Le joueur frisson : Rodrigo Bentancur
On peut être uruguayen et avoir été formé à Boca Juniors. C’est le cas de Rodrigo Bentancur, vingt piges et milieu de la Juventus depuis le départ de Carlos Tévez à Buenos Aires. Dans le deal, Bentancur a fait le chemin inverse, au plus grand bonheur de la Vieille dame. Débarqué en Argentine à quinze ans, Rodrigo est inconnu dans son propre pays. Enfin presque. « El Uru » , comme il était désigné en Argentine, va vite mettre son pays d’adoption au parfum en disputant son premier match professionnel à 17 ans, ce qui est extrêmement rare à Boca. Dans l’entrejeu, le petit gaillard peut jouer partout. Une sorte de joueur universel. Vite comparé à Riquelme, sa réputation traverse les océans, et le Real Madrid vient frapper à sa porte, mais c’est finalement Turin qui empoche la mise. En Italie, là où le moindre faux pas se paie cash, il fait sa petite trentaine de matchs et se retrouve même dans le onze de départ en Ligue des champions contre Tottenham ou le Real Madrid. Avec Vicino, Torreira ou encore De Arrascaeta, la Celeste est en train de dépoussiérer ce mythe du milieu de terrain agressif. Tout n’est que caresse, prise de balle et passes entre les lignes. Sortez le Sopalin.
Le joueur qu’on n’a pas du tout envie de voir : Luis Suárez
Que va nous réserver le Barcelonais pour sa troisième Coupe du monde ? En 2010, il était reparti d’Afrique du Sud avec une pancarte de « Fils de pute » sur le dos après son sauvetage de la main sur sa ligne en quarts de finale contre le Ghana. Quatre ans plus tard, il avait retrouvé son pays avec une partie de l’épaule de Giorgio Chiellini entre les dents, le temps d’une morsure. Auteur d’une immense saison en Catalogne (51 matchs, 31 buts, 18 passes), l’homme au sourire de lapin ne fait plus rire personne quand il pète une durite sur un terrain de football. Le leader technique du pays est ce qu’on appelle un « salopard » . Mais un salaud qui pèse cinquante buts en équipe nationale.
Le grand absent : Mauricio Lemos
Patron des équipes de jeune, le stoppeur de 22 ans est le grand oublié de la sélection. Il faut dire que son CV de grand voyageur ne l’aide pas beaucoup. En trois ans, le défenseur central a déjà porté les couleurs du Rubin Kazan, de Las Palmas et de Sassuolo. Partenaire d’entraînement de Jesé l’an dernier, le chevelu était accompagné d’une flatteuse réputation et son avenir semblait le guider vers les 23 Uruguayens. Débarqué en Serie A en janvier, il n’a pas été mis en valeur (huit matchs) et a perdu sa place dans le groupe de la Céleste. Dommage pour un joueur dont le nom circulait au Barça l’été dernier…
S’ils étaient un tube de l’été…
Jessy Matador pour le formidable Allez ola olé.
Pourquoi ils vont… faire chier tout le monde
C’est l’histoire d’un pays de trois millions d’habitants, coincé entre l’Argentine et le Brésil, et qui compte pourtant deux Coupes du monde au CV. En 2014, peu de temps avant le Mondial brésilien, l’éphémère joueur du PSG Diego Lugano s’était exprimé sur le site de la FIFA : « Pour nous, un match du Mondial est bien plus qu’un match de football. C’est une part de l’identité de notre société, de notre pays. » Car le football uruguayen obéit à un credo simple : la garra charrúa. Comprendre cette volonté de jouer chaque ballon comme s’il s’agissait du dernier. Un football qui prend racine dans la géographie du pays selon Fernando Morena, buteur de Peñarol, et qui, en 2014, s’était confié à Slatesur la manière dont les Uruguayens survivaient sur un terrain de football : « La garra est liée au fait qu’on est un tout petit pays, pour survivre, il nous fallait un plus. Si on la perd, on meurt. » Autrement dit, on peut aller à la guerre avec la Celeste. Partout. Toujours. Une sorte de Pascal le grand frère avec le teint halé.
Le calendrier
Vendredi 15 juin : Égypte-UruguayMercredi 20 juin : Uruguay-Arabie saouditeLundi 25 juin : Uruguay-Russie
Le Brésil encore tenu en échec par l’Uruguay, l’Argentine assure l’essentiel face au Pérou
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Par Mathieu Faure