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Ce qui se passe à Budapest, reste à Budapest
Dans l’habituelle Mecque des enterrements de vie de garçon, les supporters français ne sont pas passés inaperçus pendant la semaine où leur équipe de cœur y a élu domicile. Et s’ils ont apporté toute leur ferveur et leur bonne humeur, donnant à la ville ce parfum de grande compétition internationale, ceux-là ne se sont pas toujours distingués par leur savoir-vivre.
Boglárka se sent bien mieux à l’intérieur. Bien qu’elle n’ait ôté ni son bob ni ses lunettes de soleil, cette septuagénaire a préféré se réfugier dans un bain à 34°C, à l’ombre des murs des célèbres thermes Széchenyi, pour pouvoir barboter et discuter avec son amie. Elle a beau ne parler rien d’autre que cette drôle de langue hongroise, elle n’a pas de mal à se faire comprendre. Dehors : la chaleur est harassante, mais surtout, une horde de Français semble lui avoir gâché son après-midi. Car dans ce temple du prélassement et de la quiétude, élevé au rang de tradition culturelle par les Budapestois, ce sont des dizaines de supporters qui ont décidé de faire un plouf avant de rejoindre le stade en soirée pour le match Portugal-France. Dans les bassins extérieurs, c’est une vraie fan zone qui s’improvise, en faisant fi du règlement intérieur.
Et pendant que certains se baquent avec leur maillot bleu plein de sueur et un gobelet de bière tiède à la main, d’autres font flotter un drapeau tricolore au-dessus du bain à remous. Le moment choisi pour lancer l’immuable répertoire des virages français : un « On a Benjamin Pavard », « Il est petit, il est gentil, il a bouffé Léo Messi », un « On est chez nous » du meilleur goût, évidemment une Marseille et même un « Les Portugais, c’est des pédés » très raccord avec les débats sociétaux actuels dans la Hongrie d’Orbán. Les rares locaux trempant dans les mêmes eaux ne tarderont pas à se réfugier sur leurs transats. Pour les autres, il n’y avait plus qu’à se pincer le nez et mettre la tête sous l’eau en attendant que ça passe.
Cette faculté à toujours respecter l’endroit où ils posent leurs valises, les Français l’ont encore démontré tout au long de leur semaine. 5700 étaient recensés au stade face à la Hongrie, 7554 face au Portugal. On a pu les voir porter haut leurs couleurs dans les cortèges (très bien) organisés par les Irrésistibles Français sur les grands boulevards. Ils ont tenté d’avoir du répondant lorsque 50 000 Hongrois ont élevé la voix à la Puskás Aréna. Trois d’entre eux se sont même payé un petit sprint sur la pelouse au coup de sifflet final. Bref : les fans tricolores ont fait leur part du job.
Les irascibles gaulois
Mais c’est à la tombée de la nuit que démarrait le petit festival de gauloiseries dans le quartier juif et festif de Budapest. Les alcools peu chers et les températures élevées n’aidant en rien, c’est un défilé de jeunes gens aux yeux vitreux et aux gorges déployées que l’on pouvait croiser à chaque coin de rue. Ça braille, ça cherche son chemin, ça drague lourdement, ça charrie sans complexe, et ça peut aussi finir minable avec la tête entre les genoux une fois les rideaux baissés… Budapest a certainement l’habitude de ces ambiances. Ce n’est pas pour rien qu’elle est réputée pour accueillir les enterrements de vie de jeune fille et surtout de vie de garçon. Sauf qu’en ce mois de juin, certains ont laissé leur conjointe à la maison pour se payer une jolie semaine entre collègues.
Et pour rappeler au monde que Paris est la capitale de la grivoiserie, quoi de mieux que de dénigrer ce qu’on trouve sur place. « Budapest, capitale du porno, ce n’est plus ce que c’était, désespère l’un d’eux. Même déception pour ses deux potes qui ont suivi tout un itinéraire sur Google Maps jusqu’à un salon de massage thaï pour tomber sur une porte close. Pourtant, le rapport entre buts marqués et xG ne sera pas très élevé, à en croire Axel, expatrié français depuis deux ans à Budapest : « Ici, les filles sont jolies, c’est vrai, mais beaucoup de gars vont se rendre compte rapidement qu’elles ne se laissent pas faire. Surtout vu leur état… » Pedro, mèche bien peignée et tout de blanc vêtu, en a fait l’amère expérience au Szimpla Kert, le ruin bar le plus célèbre du coin. « C’est terrible, avec tous les Français là-dedans, il doit y avoir une fille pour cinq ou six mecs », grommelle ce Portugais avant de se ruer sur une nouvelle proie. Dimanche, ce sera au tour des Néerlandais et des Tchèques de profiter de Budapest. Reste à voir si ce seront cette fois des gugusses habillés en orange qui troubleront la sortie thermale de Boglárka et son amie.
Profitez de 160€ de bonus EXCLU chez Netbet en cliquant ICI pour parier sur l’Euro !Par Mathieu Rollinger, à Budapest
Photos : Manon Cruz.