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Bordeaux, braqueur de choc
Les Girondins, après huit journées de championnat, réalisent un parcours moins sexy qu'encourageant. Ayant d'ores et déjà quasiment atteint leurs objectifs de bonimenteurs sympas, ils ne se la racontent pas. Au contraire, ils restent en embuscade, même si devant le but, ils ont les pieds carrés.
Chez les Girondins, ça se passe comme ça : on procède étape par étape. Et à l’occasion de cette trêve internationale, il est temps de faire un premier bilan de début de saison. Normal, à presque dix journées disputées. Et c’est à une 6e place au classement, assez trompeuse, que les Bordelais sont confinés. Un pedigree en trompe-l’œil donc, puisqu’ils ne doivent leur éviction du podium qu’à une unité, et du « big five » à une différence de buts légèrement en deçà de celle de leurs devanciers (+4 au lieu de +5). Voilà, ça c’est pour la photographie chiffrée. Car, avec 14 points au compteur en huit matchs, c’est pas si mal. Surtout si l’on a un peu de mémoire ; celle qui permet de revenir un an en arrière… Avec un effectif quasi inchangé (des prêts et le transfert de Ciani à la Lazio), aucune recrue, exceptée Fahid Ben Khalfallah (!), une préparation d’avant-saison des plus prometteuses, les Marine et Blanc sont, avec le PSG et Lorient, la seule formation de l’élite à ne s’être pas encore inclinée. Zéro défaite, on vous dit. Et ça, pour la confiance, c’est bien. Deuxième meilleure défense (ex aequo) après le PSG, aussi, avec seulement 6 buts encaissés. C’est bien, surtout lorsque l’on sait à quel point les systèmes de jeu mis en place par Francis Gillot agacent les observateurs. Et l’on parle le plus souvent ici de « 3-5-2 » . N’en déplaise au PSG (encore) ou à Lyon.
Problème majeur : trois victoires au total. Là, ça craint vraiment. Mais ce Bordeaux, parfois séduisant, et parfois casse-couilles, a-t-il les moyens de faire différemment ? Ou est-il finalement un opportuniste malin, un habile imposteur, voire un braqueur de choc ? Carlos Henrique, lui, a une idée précise de la chose. « Je pense que l’on pouvait faire mieux, notamment au cours des deux matchs face à Nice et Ajaccio (1-1 et 2-2, à domicile, ndlr), qui nous restent en travers de la gorge. Si l’on en avait au moins gagné un, on serait bien mieux en haut du classement, indique le rugueux défenseur. Mais bon, dans l’ensemble, je pense aussi qu’on est à notre place, ajoute-t-il, honnête, surtout si l’on fait la comparaison avec la saison dernière. Il faut donc continuer pour maintenir le cap… Le plus important, ce n’est pas de bien la commencer, mais de maintenir un bon rythme pour bien la finir. »
Modeste meilleur buteur mais prêté
L’objectif avoué par les dirigeants, en début d’exercice, était… le maintien ! Sans déconner, à la Guy Roux, quoi ! Ok, mais personne n’est dupe. Ceci étant, quand on repense au « boring Bordeaux » de 2011-2012, et à son rang de relégable potentiel atteint par trois fois, c’est sûr, on comprend mieux. L’autre objectif (parce qu’il y en avait deux, si, si), c’était de franchir l’écueil d’un préliminaire en Europa Ligue. C’est fait. Et bien fait, même, puisque l’escouade girondine a épinglé la phase de poules à son scapulaire, en explosant in extremis une accrocheuse formation de l’Étoile rouge Belgrade. Puis, après avoir atomisé le F.C. Bruges et s’être fait latter à Newcastle, elle occupe désormais la deuxième place du groupe D. Quoi qu’il en soit, si l’on se réfère aux prévisions, l’objectif est dans la poche. Mouais. Mais qu’attendre donc, au final, après cette entame d’automne ? « Si l’on reste dans les cinq premiers jusqu’au bout, on pourra lutter pour espérer terminer en Ligue des champions » , répond Henrique.
C’est ça : l’appétit vient en mangeant. Logique pour un club de ce standing. Mais pour y parvenir, il va vite falloir sortir la boîte à buts, parce qu’avec 10 réalisations en L1 – et la 12e attaque ex-æquo du plateau –, ce n’est pas gagné ! Car il faut le rappeler, ce sont Diabaté, Gouffran, Obraniak et Saivet les meilleurs buteurs du club, avec… 2 buts chacun ! Sinon, en réalité, tout le monde sait que c’est Anthony Modeste le plus prolifique (4 buts)… Mais il joue pour Bastia (prêté) ! Alors, d’où vient le mal ? « Je pense que nos attaquants font beaucoup d’efforts pour aider la défense. Donc, il est possible que, quand ils arrivent dans la surface adverse, ils n’aient plus assez de fraîcheur pour être décisifs, même si on a vu certains matchs dans lesquels on a eu beaucoup d’occasions, explique le Brésilien, qui a la particularité d’avoir marqué en championnat et mis un autogoal en C3. À Brest (1-1), on n’a pas réussi à marquer (sic). Par conséquent, je crois que l’on peut progresser dans ce domaine-là, ainsi que dans d’autres, afin de pouvoir réaliser un bon championnat. » CQFD. Les Girondins savent donc ce qu’il leur reste à faire…
Par Laurent Brun, à Bordeaux