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Bielsa oublie-t-il de défendre ?

Par Léo Ruiz
Bielsa oublie-t-il de défendre ?

Les semaines passent, et les adjectifs pour qualifier Marcelo Bielsa se succèdent. Est-il révolutionnaire ? Est-il fou ? Est-il génial ? Est-il borné ? Est-ce un toquard ? L'instabilité de l'OM en 2015 semble prouver qu'il existe en fait deux Bielsa : celui de l'attaque, qui séduit et secoue la Ligue 1, et celui de la défense, moins inspiré. Rien de surprenant, l'Argentin n'a jamais aimé défendre.

« Défendre est la tâche désagréable du football. » Ce n’est pas Jérémy Ménez qui le dit, mais Marcelo Bielsa. Petit, quand il cassait les carreaux des voisins de la rue Mitre, dans les environs du centre ville de Rosario, El Cabezon ne rêvait pas seulement de devenir joueur de foot professionnel. Il rêvait aussi de devenir talentueux. Trop lent, trop peu habile, il devra finalement se contenter de quelques années en défense centrale, avant d’abandonner la pratique du sport dont il est fou amoureux, à seulement 25 piges. Une frustration qui conditionnera la suite de sa relation avec le football. Incapable de construire une attaque sur le terrain, Bielsa consacrera sa vie à le faire depuis le banc de touche. Champion dès sa première expérience d’entraîneur, à Newell’s, en 1990, avec un jeu entièrement tourné vers le but adverse, le Loco prend sa revanche. Et se persuade que le football offensif est le seul qui vaille. Un quart de siècle plus tard, son bilan peut se lire sous deux angles différents : Bielsa a su faire jouer toutes ses équipes à merveille, mais n’a presque rien gagné (un championnat avec Vélez et les JO d’Athènes avec l’Argentine). Par négligence du travail défensif ?

« Je regarde des vidéos pour attaquer, pas pour défendre »

« Je suis un obsédé de l’attaque. Je regarde des vidéos pour attaquer, pas pour défendre. Vous savez en quoi consiste mon travail défensif ? On court tous. Le travail de récupération a 5 ou 6 règles, pas plus. Le football offensif est lui infini. C’est pour ça que c’est plus facile de défendre que de créer. Courir dépend de la volonté, créer dépend du talent. » Marcelo Bielsa est moins fou qu’utopiste. C’est ce qui le rend si mythique et apprécié du public. Dans le milieu, l’Argentin navigue à contre-courant. Comme s’il était chargé d’une mission : rendre le foot aux puristes, à ceux qui l’ont inventé. « Si gagnait toujours l’équipe qui développe le mieux ses capacités créatives, on ne verrait que du beau football. Mais désormais, on joue davantage à neutraliser la créativité de l’adversaire. Alors qu’à l’origine, le mérite revenait à celui qui élaborait le mieux, aujourd’hui c’est à celui qui neutralise le mieux. L’essence du jeu a été dénaturalisée, parce que c’est beaucoup plus dangereux de perdre que réconfortant de gagner. Les entraîneurs ont décidé de laisser le processus créatif au second plan, et c’est négatif pour le football. Le foot destructif s’est développé. » Au fond de lui, l’Argentin est profondément triste. Ses idéaux sont magnifiques, son travail fantastique. Mais trop rarement, les résultats lui ont donné raison. Et trop souvent, la réalité le rattrape : savoir attaquer c’est bien, savoir aussi se défendre c’est mieux. Et la défaite concédée face à Caen ce vendredi n’en est que l’illustration.

Mécaniser les offensives

Depuis une trentaine d’années, Bielsa ne pense qu’à ça : comment attaquer l’adversaire, quel qu’il soit. À coups de vidéos, l’Argentin a emmagasiné des séries de concepts. L’obsession pour les couloirs ( « il faut deux joueurs minimum à droite et à gauche, les statistiques disent que c’est de là que viennent 50% des buts marqués » ), la présence obligatoire d’un meneur de jeu et d’un seul attaquant de pointe ( « avec deux attaquants, on perd un homme indispensable à la création » , un argument qui lui a valu de nombreuses critiques à l’époque de l’Albiceleste, quand il choisissait entre Crespo et Batistuta). C’est dans le football européen que Bielsa a puisé tant de ressources, tant d’idées pour élaborer et mécaniser les offensives des siens. « Pour eux(les Européens), les une-deux, les triangles, les combinaisons infinies qui peuvent être mises en place pour progresser sur le terrain sont travaillées depuis toujours, parce qu’ils ne trouvent pas aussi facilement que nous des Bochini, des Alonso ou des Maradona. Ma fonction est d’unir la capacité créative individuelle et la capacité de mécanisation et de mouvement. Les équipes trop mécanisées ne sont pas efficaces, parce que si tu leur enlèves le manuel d’utilisation, elles se perdent, mais je n’aime pas non plus dépendre uniquement des solistes. » D’où les répétitions infinies de situations d’attaque, de centres et de tirs aux entraînements. Une stratégie payante : seul l’OL de Lacazette a marqué plus que l’OM cette saison (51 contre 50).

Précipitation et confusion derrière

Désormais habitué à affronter des équipes regroupées derrière, Bielsa ne manque pas d’inspiration et d’idées de génie pour faire sauter les verrous adverses. On ne peut pas en dire autant quand il s’agit de tenir un résultat, comme ce fût le cas lors des trois dernières journées de Ligue 1, quand Reims et Saint-Étienne ont réussi à aller arracher l’égalisation dans les arrêts de jeu, tandis que Caen est carrément parvenu à l’emporter 3-2 après avoir été mené 2-0. Grenoble, revenu trois fois au score, avait déjà fait le coup en tout début d’année. Tout comme Bastia lors de l’ouverture du championnat. L’OM a la plus mauvaise défense du top 5 français (30 buts encaissés, quasiment 10 de plus que l’OL, le PSG, Sainté ou Monaco), parce que c’est l’équipe qui s’expose le plus, mais peut-être aussi parce que c’est celle qui travaille le moins cette « tâche désagréable » . « Je ne prépare jamais l’équipe pour attendre le rival. Pour moi, il faut toujours prendre l’initiative du jeu » , dit Bielsa. Oui, mais une fois devant au score ? C’est paradoxalement quand la différence est faite que l’OM se retrouve le plus en difficulté. Convaincant lorsqu’il s’agit d’envoyer du neuf devant, le Loco donne au contraire un sentiment de précipitation et de confusion à l’heure de renforcer sa défense. Baptiste Aloé est en la première victime. Spécialiste des entrées en fin de match (à la place d’un milieu ou d’un attaquant) « pour mettre un défenseur de plus que l’attaque adverse » – concept défensif numéro un de Bielsa – le minot désorganise malgré lui l’équipe, soudainement fragilisée et en manque de repères. Centre d’attention depuis son arrivée, Dória a détourné le vrai problème défensif marseillais. Ce n’est pas une question d’hommes, mais d’organisation. Ou plutôt d’absence d’organisation.

David Pereira da Costa, le dix de cœur du RC Lens

Par Léo Ruiz

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