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Zahir Belounis : « J’apprends un nouveau métier, au jour le jour »

Propos recueillis par Éric Carpentier
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Zahir Belounis, c'est ce joueur français retenu plus d'un an au Qatar par son club qui refusait de lui rendre ses papiers. En 2015, il se reconstruit essentiellement grâce à un livre sorti en mai, Dans les griffes du Qatar. Entretien.

Zahir Belounis est passé par quelques divisions inférieures (Olympique Noisy-le-Sec, Saint-Lô Manche) et/ou exotiques (Tour/Le-Pâquier en D3 Suisse, Telekom Malysia FC). En 2007, il rejoint Al Jaish FC alors en 2e division qatarie, dont il devient capitaine et avec lequel il monte en 1re division. Le club arrête alors de le payer, puis bloque sa sortie du pays à partir de 2012 grâce au système de la kafala en vigueur dans l’émirat, qui permet à un employeur de refuser de délivrer le visa de sortie nécessaire à un travailleur étranger pour quitter le pays. Sa faute ? Avoir déposé une plainte devant la justice qatarie pour récupérer son dû. Il obtient finalement le permis de quitter le territoire le 28 novembre 2013, non sans avoir été obligé de signer un renoncement aux impayés.

Comment décrirais-tu ton expérience en quelques mots ?

C’était une expérience qui a très bien commencée et qui s’est très mal terminée, qui a été terrible pour moi, j’en garde de très mauvais souvenirs. On m’interdisait de quitter le territoire, de m’entraîner, tant que je ne retirais pas la plainte déposée contre le club pour récupérer mes salaires impayés.

Que fais-tu depuis ?

Je suis rentré en novembre 2013. J’avais besoin de prendre du recul, et grâce à un ami, j’ai pu partir à l’étranger et me lancer dans la restauration. J’apprends un nouveau métier, au jour le jour. Je suis vraiment focus sur ma nouvelle vie, quelque part je ne peux penser qu’à ça, j’ai besoin de tout reconstruire.

Tu as aussi sorti un livre, Dans les griffes du Qatar – chantage, mensonges et trahisons…

Oui, j’y raconte mon histoire. Le livre est apparemment très bien, donc c’est cool. C’était important pour moi de le sortir, de dire l’histoire dans son intégralité, parce qu’il y a eu beaucoup de « oui mais… » Au moins les choses sont au clair. Cette histoire, c’est à peine croyable. Faire ça à un footballeur, l’empêcher de quitter un pays, alors que je n’avais rien à me reprocher à part avoir osé porter plainte. La sanction était terrible pour moi et pour ma famille. C’est un peu une thérapie, mais c’est pas ça qui va m’aider à retrouver la pêche. Je n’ai pas le choix d’avancer de toute façon. On m’a fait du mal, on m’a ruiné… Personnellement, pour rebondir, c’est difficile. Il a fallu se battre et ce n’est pas le livre qui m’a rendu cette paix. Je voulais juste que tout le monde sache ce que j’ai vécu, parce que visiblement ni les Qataris ni la diplomatie française n’ont jugé bon de régler cette affaire. Pour eux, j’étais rien du tout, sauf que moi je compte autant que n’importe qui dans le monde, je ne suis ni plus, ni moins.
Ils ont dit qu’ils étaient en place en France, que si jamais je portais plainte en France…

Tu en veux toujours au Quai d’Orsay ?

J’en veux à la diplomatie française. Ils ont des intérêts très spéciaux, plutôt les intérêts économiques que les ressortissants. Il y a certaines personnes qui ont bien bossé, le consul par exemple, mais l’ambassadeur n’a rien fait, tout le monde l’a vu. C’est comme au Qatar. Je n’en veux pas tant que ça au pays, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier, mais au gouvernement, oui, il savait ce que faisait le club et n’a rien fait pour empêcher tout ça. J’aimerais au moins qu’ils reconnaissent qu’ils m’ont fait du mal.

Tu as reçu des pressions ?

À mon retour, ils ont appelé ma femme, ils ont dit qu’ils étaient en place en France, que si jamais je portais plainte en France… Mais malgré la sortie du livre, je n’ai pas eu de nouvelles. Sans doute que s’il y a un procès, ils mettront une armée d’avocats. Moi, je n’ai rien à me reprocher, et dans ce cas, on est sûr de soi. Après, ça veut pas dire que je vais gagner cette bataille, parce que je ne suis rien, absolument rien. Le livre, ce n’est que la vérité. Qui va me reprocher quoi ? Il y a des témoins, ce n’est que la réalité.

Judiciairement justement, c’en est où ?

J’ai eu la bonne nouvelle que la FIFpro allait s’occuper de mon dossier auprès de la FIFA. Normalement, tu ne peux pas avoir deux plaintes en cours, or moi, j’en ai une devant les tribunaux qataris. Ça fait deux ans, visiblement, à la dernière audience ils ont dit que je gagnerais, mais ce n’est trois fois rien, j’attends le jugement final dans quelques mois, mais… pff… La FIFA est capable de faire en sorte que je récupère mes salaires. La FIFA m’avait débouté une première fois, mais j’ai rencontré Sepp Blatter il y a quelques mois, il m’a dit que je pouvais déposer une requête. C’est lui-même qui me l’a dit. On l’a préparée, et maintenant je suis prêt à le faire. En parallèle, j’ai une plainte contre X en France, elle a été déclarée recevable, maintenant il y a une enquête en cours par le juge d’instruction. J’espère qu’il y aura un jugement. Il y a eu des témoins côté français, après c’est à la juge de décider.
J’ai agi, je ne me suis pas laissé faire

Au-delà de ton cas, tu suis l’évolution de la situation sur place ?

Je suis toujours en contact avec Abdeslam Ouaddou qui avait vécu la même mésaventure. Après, je ne peux pas faire beaucoup plus que ce que j’ai fait. J’ai été un des premiers à dénoncer la chose, mais je ne peux pas non plus consacrer ma vie qu’à ça, j’ai aussi une famille, faut que je m’occupe d’elle. Il y a des ONG qui s’occupent de ça, qui font au mieux pour faire avancer les droits de l’Homme. Moi, je crois qu’à mon niveau, j’ai rempli ma mission, j’ai agi, je ne me suis pas laissé faire, j’ai mis la lumière sur le système. Après, il y a des gens dont c’est le métier.. Aujourd’hui, c’est compliqué de comprendre comment fonctionne le Qatar, c’est ambigu. Moi, ce que je sais, c’est qu’ils m’ont fait du mal, et personne là-bas ne m’a appelé, ne serait-ce que pour s’excuser, c’est assez incroyable. Après, c’est clair que j’espère l’abolition de ce système, ce n’est pas possible, c’est trop dur.

Tu en es où niveau football ?

J’ai arrêté ma carrière. Même si j’aurais pu faire trois ans en plus, psychologiquement je n’avais plus du tout envie de jouer, je n’avais plus envie de tout ce milieu du football. J’ai 35 ans, j’ai été interdit de m’entraîner pendant un an. J’ai eu des propositions pour aller jouer en D3 un peu partout en Europe, en CFA… J’ai quand même joué deux fois en très peu de temps récemment, je me suis senti bien, c’était cool de jouer, vraiment cool. Mais je pense à autre chose maintenant. Je dois bosser, j’ai pas d’autre choix que de bosser, les conséquences ont été trop graves. Je suis obligé de passer à autre chose.

Tu ne suis même plus le foot, ni une équipe en particulier… ?

J’adore Barcelone. Mais je parle du jeu hein, de l’équipe. Je ne suis pas fan absolu, simplement c’est l’équipe que je regarde le plus, quand ils jouent, je regarde. Et lorsque je vois leur maillot, pff… J’essaie de ne pas m’y attarder, sinon ça me rappelle ce que j’ai vécu là-bas.

Propos recueillis par Éric Carpentier

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