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Vedad Ibišević, vétéran vénéré

Par Adrien Candau
Vedad Ibišević, vétéran vénéré

À 35 piges, le vétéran du Hertha a relégué Krzysztof Piątek sur le banc depuis la reprise allemande. Celui qui pourrait prochainement intégrer le top 3 des meilleurs buteurs étrangers de l'histoire de la Bundesliga est à la fois une référence statistique et une énigme, alors que le mystère qui entoure son passé tragique reste un secret pudiquement gardé.

La plupart du temps, Vedad Ibišević « ne veut pas en parler ». Tout le monde veut savoir, mais il faut croire que certaines blessures ne se racontent pas. Il faut voir pour comprendre, point. Alors il se contente de lâcher un laconique : « Ma famille est musulmane, ça fait partie de l’histoire », avant de remettre l’interview sur les rails de l’actualité sportive. Vedad Ibišević est musulman bosniaque, et son histoire, justement, raconte celle de l’éclatement de la Yougoslavie : un jour de mai 1992, des hommes d’armes serbes ont envahi le village de sa mère, Pijuke. Ils ont crié des noms dans un mégaphone, promettant que personne ne serait blessé. Puis, ils ont assassiné tous ceux qui ont répondu à l’appel. À quelques kilomètres de là, des soldats incendiaient Gerovi, le village du père de Vedad, où Ibišević avait signé ses premiers buts et dribbles, sur un terrain près de la rivière du coin.

Pour survivre, la famile Ibišević doit fuir, d’abord en Suisse, puis aux États-Unis, avant que le talent balle au pied de Vedad ne le fasse revenir en Europe. Après des expériences contrastées au PSG et à Dijon, le joueur finissait donc par trouver chaussure à son pied en 2007, en faisant successivement les beaux jours d’Hoffenheim, du VfB Stuttgart, puis du Hertha Berlin, où il évolue depuis 2015.

L’homme sans âge

Après plus d’une décennie de bons et loyaux services dans l’élite allemande, il se murmurait donc que l’histoire sportive de l’ami Vedad en était à son ultime chapitre cette saison. Le Hertha Berlin avait même mis 27 briques sur Krzysztof Piątek lors du mercato hivernal, l’ex-Milanais devant assurer la digne succession du Bosnien à la pointe de l’attaque de la Vieille Dame. Ibišević, en difficulté cette saison, devait s’incliner. Ou pas. Le 9 avril, Bruno Labbadia remplaçait l’intérimaire Alexander Nouri sur le banc berlinois, et Vedad semblait alors ranger ses plans de pré-retraite au placard. Le Bosnien avait réalisé l’un des meilleurs exercices de sa carrière sous les ordres du néo coach berlinois quand ce dernier officiait sur le banc de Stuttgart, lors de la saison 2012-2013 (30 matchs, 15 buts) et le duo n’allait pas tarder à retrouver ses sensations d’antan.

Depuis la reprise de la Bundesliga mi-mai, le Bosnien a été systématiquement titularisé à la pointe de l’attaque berlinoise. Bilan : deux buts, deux passes décisives et 10 points sur 12 possibles engrangés par son équipe. Le tout dans son style, si caractéristique : anti-spectaculaire, mais d’une régularité métronomique, Ibišević impressionne rarement, mais ne déçoit jamais. Puissant, aérien, adroit dans le jeu en pivot et excellent joueur de tête, celui qui facture 125 réalisations pour 334 matchs de Bundesliga offre des garanties statistiques qui sont l’illustration de son exemplaire longévité.

Sur la piste d’Élber

La marque Ibišević assure et rassure, et le Hertha, pas fou, songerait à prolonger son joueur une saison supplémentaire, alors que ce dernier doit voir son contrat avec Die Alte Dame théoriquement prendre fin dans un mois. S’il prolonge son épopée allemande, Ibišević pourrait rentrer dans le cercle très fermé des trois meilleurs buteurs étrangers de la Bundesliga, lui qui ne figure qu’à huit unités de Giovane Élber (133 pions), actuellement dernier larron d’un podium dominé par Claudio Pizarro (197 buts) et Robert Lewandowski (231 buts). Voilà qui achèverait avec la manière la carrière d’un type qui aura, sans fioriture, laissé son nom sur le grand parchemin de l’histoire de la Bundesliga.

Et ensuite ? Après l’Allemagne, personne ne peut affirmer où il filera. Ce que l’on sait, en revanche, c’est qu’il a fait rebâtir la maison de son père, à Gerovi, et qu’il n’avait fait qu’une seule demande spécifique lors de l’édification du bâtiment : la construction d’une terrasse. La suite est joliment racontée par le journaliste d’ESPN Wright Thompson, qui avait pu rencontrer Ibišević et sa famille en 2014 : « De son perchoir, il peut voir la montagne et la rivière. À côté du cours d’eau se trouve le terrain de football où Vedad a joué pour la première fois gamin, avant que la guerre ne lui enlève son enfance. Lui et le terrain demeurent. »

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